Directives Pour Les Joueurs et Joueuses Transgenres
Les présentes Directives de World Rugby pour les joueurs et joueuses transgenres ont été rédigées pour orienter et informer sur la participation au rugby des joueurs et joueuses transgenres. La terminologie utilisée pour aborder des questions relatives aux joueurs et joueuses transgenres peut être sujette à controverse. Un glossaire expliquant de manière plus détaillée les termes fréquemment utilisés est disponible ici. Son objectif est de s'assurer que les Directives sont claires pour toutes les personnes qui les lisent, mais il est reconnu que l'ensemble des termes qu'il contient ne sont pas utilisés ou approuvés par tous. Aux fins des présentes Directives, les termes « rugby féminin » et « rugby masculin » seront utilisés pour se référer aux catégories de participants existantes au rugby.
L'objectif des présentes Directives pour les joueurs et joueuses transgenres est de faciliter la participation au rugby des joueurs et joueuses transgenres lorsqu'il est possible de le faire de manière sûre et équitable. Le rugby est un sport dans lequel les confrontations physiques et les collisions sont fréquentes. Les attributs physiologiques tels que la taille, la carrure, la force, la vitesse et la puissance contribuent donc de manière importante à la sécurité/la santé des joueurs/joueuses, et à leur performance. Les risques de blessure définis et documentés au rugby et la priorité donnée à la santé des joueurs confrontent ce sport à des défis uniques et spécifiques quant à la participation de joueurs et joueuses transgenres.
Les Directives ont été rédigées par un groupe de travail de World Rugby suite à des recherches dans la documentation scientifique disponible, à une consultation approfondie et étendue lors de laquelle le groupe de travail a entendu des experts indépendants dans les domaines de la performance, de la physiologie, de la médecine, du risque, du droit et socio-éthique, et à des recherches et consultations ultérieures sur les questions soulevées lors des réunions. Les présentations réalisées par chacun de ces experts lors des réunions sont disponibles sur le site Internet Santé du Joueur de World Rugby1.
Après avoir examiné soigneusement les informations actuellement disponibles, le groupe de travail a déterminé la politique actuelle de World Rugby. Un résumé de la position de World Rugby pour les femmes transgenres est disponible ci-dessous, et les directives complètes pour les femmes transgenres sont disponibles ici. Un résumé de la position de World Rugby pour les hommes transgenres est disponible ci-dessous, et les directives complètes pour les hommes transgenres sont disponibles ici. Les directives relatives aux personnes non- binaires sont présentées ici.
Résumé de la position de world rugby pour les femmes transgenres
Les femmes transgenres ne peuvent pas jouer actuellement au rugby féminin
Pourquoi? En raison des avantages de taille, force et puissance conférés par la testostérone pendant la puberté et l'adolescence, et des risques résultants pour la santé des joueuses que cela engendre
Avantages biologiques conférés par la testostérone |
Différences de performance résultantes |
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Risque de blessure trop élevé
Il a été avancé que la suppression de la testostérone pendant une durée de 12 mois était suffisante pour supprimer les différences biologiques à l'origine des écarts de performance résumés ci-dessus.
Les recherches prouvent le contraire en concluant systématiquement que la masse totale, la masse musculaire et/ou la force sont diminuées tout au plus de 5 % à 10 % lorsque la testostérone est réduite pendant 12 mois à des niveaux habituellement rencontrés chez les femmes. Avec le facteur additionnel de l'entraînement, que ce soit avant ou pendant la période de suppression de la testostérone, on suppose que les niveaux de référence/antérieurs de ces variables seraient plus élevés et que leur baisse
serait atténuée par l'entraînement lors de la réduction de la testostérone. De ce fait, les différences biologiques étant considérables avant la réduction de la testostérone, l'effet comparativement faible du traitement laisse subsister des différences importantes et significatives. Cette situation a des répercussions importantes sur le risque de blessure au rugby.
Les forces et l'inertie rencontrées par une joueuse plus petite et plus lente lors de collisions fréquentes sont considérablement plus élevées en cas de contact avec une joueuse beaucoup plus imposante et rapide. D'après la recherche, les disparités de masse et de vitesse sont des déterminants importants de divers facteurs de risque de blessure à la tête, notamment les forces et moments exercés sur le cou, ainsi que l'accélération linéaire et angulaire de la tête. Lorsque deux adversaires, au cours d'un plaquage, sont très différents au niveau de leur masse ou de leur vitesse, ces facteurs de risque augmentent de manière considérable. Tous ces facteurs sont 20 % à 30 % plus élevés lorsqu'une masse masculine type est modélisée lors d'un plaquage contre une masse féminine type. De plus, la capacité à exercer une force (force et puissance) est supérieure chez les hommes biologiques, et la capacité à recevoir ou tolérer cette force est réduite chez des joueurs relativement plus faibles. Cela signifie donc qu'une situation de plaquage dynamique créerait une forte augmentation du risque pour les joueurs ne possédant pas ces attributs physiologiques contrairement à leurs adversaires. De même, les forces en mêlées sont beaucoup plus importantes en rugby masculin (deux fois plus en rugby masculin de l'élite qu'en rugby féminin de l'élite, et 40 % de plus en rugby masculin de la base qu'en rugby féminin de l'élite). Cette observation implique que toutes les situations de contact dans lesquelles les accélérations de la tête, ainsi que les forces et moments exercés sur le cou, resteraient 20 % à 30 % sous le seuil de blessure, augmenteraient et atteindraient ce seuil au vu des disparités plus importantes, avec une incidence globale potentiellement supérieure sur les taux de blessure.
La priorité numéro un déclarée de World Rugby est de rendre le rugby aussi sûr que possible. World Rugby ne peut donc pas permettre que les risques pour les joueurs soient augmentés dans de telles proportions en autorisant des personnes ayant des avantages de force et de puissance conférés par la testostérone à jouer avec et contre d'autres personnes n'en ayant pas.
Maintien d'avantages de performance significatifs
Étant donné que l'avantage type des hommes par rapport aux femmes pour les variables biologiques décrites ci-dessus, et par conséquent la performance, est 30 % à 100 % supérieur chez les hommes, un avantage considérable et significatif persiste même après la suppression de la testostérone. Cela a des répercussions sur la performance, au vu de l'importance au rugby du contact et des collisions, de la vitesse, de la production de force et de la puissance.
Une explication détaillée du fondement biologique, ainsi que des explications sur les effets de la testostérone et son influence potentielle sur les facteurs de sécurité et de performance, sont disponibles dans les directives pour les femmes transgenres ici.
Résumé pour les hommes transgenres
Il est permis aux hommes transgenres de jouer au rugby masculin après avoir fourni une confirmation de capacité physique. Il n'est pas permis aux hommes transgenres de jouer au rugby féminin une fois le processus de changement de sexe commencé, si ce changement comprend une supplémentation en testostérone.
Pourquoi ? Les hommes transgenres doivent fournir une confirmation de leur capacité physique, afin de s'assurer qu'ils ne s'exposent pas à un niveau de risque inacceptable en jouant contre des hommes.
Confirmation de capacité physique pour le rugby masculin |
Autorisation d’usage à des fins thérapeutiques |
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Une explication détaillée est disponible dans les directives pour les hommes transgenres ici.
Engagement en faveur d'une évaluation continue et directives basées sur des données probantes
World Rugby est fermement engagé à prendre des décisions sur la santé des joueurs basées sur des données probantes. De ce fait, les présentes directives ont été rédigées après avoir étudié les données scientifiques probantes actuellement disponibles sur les différences biologiques et physiologiques entre les hommes et les femmes, et les effets de la suppression de la testostérone sur ces différences. Les présentes Directives reposent sur les risques de blessure et les facteurs de risque connus en lien avec ces disparités.
Elles restent toutefois soumises à la présentation et à la publication de nouvelles données probantes. World Rugby s'est donc engagé à procéder à une revue formelle des Directives tous les trois ans, et restera informé de toutes les données probantes de haute qualité disponibles afin de faire évoluer ce document dans le futur. Pour étayer cet objectif, World Rugby s'est également engagé à intégrer la recherche sur les personnes transgenres dans ses priorités annuelles de recherche, et à inviter les institutions académiques du monde entier à soumettre des propositions d'étude qui pourraient être financées si elles sont jugées de qualité suffisante. Ces Directives sont de ce fait ouvertes au changement, sur la base de données probantes de haute qualité.
Inclusion
World Rugby est résolu à encourager les personnes transgenres à s'impliquer dans le rugby. World Rugby encourage activement les joueurs transgenres à s'impliquer dans le rugby, dans le secteur de l'entraînement, de l'arbitrage, de l'administration ou dans les versions sans contact du jeu. World Rugby proposera des formations à toutes les personnes dont l'implication dans le rugby doit changer en raison de ces Directives. Des informations supplémentaires sont disponibles dans les détails de la ligne directrice.
World Rugby finance actuellement des recherches sur la pratique du rugby en toute sécurité par tous les joueurs. Des détails sur les recherches actuellement en cours, ainsi que sur la manière de postuler au financement d'une recherche pour les personnes intéressées, sont disponibles ici.
Rugby de contact mixte
World Rugby étudie actuellement la possibilité d'une « catégorie ouverte » de rugby dans laquelle n'importe quel joueur pourrait jouer, quel que soit son genre. World Rugby s'est engagé à étudier cette option avec ses Fédérations, ses Associations, l'IRP (International Rugby Players) et des groupes de défense des droits des transgenres, tels que Gendered Intelligence and International Gay Rugby.
Rugby sans contact mixte
Tous les joueurs (y compris les joueurs transgenres et les joueurs souffrant de troubles du développement social) peuvent jouer au rugby à toucher ou au rugby tag mixte.
Responsabilités des Fédérations
Il est fortement recommandé à chaque Fédération de rédiger son propre règlement pour déterminer les conditions d'éligibilité des joueurs et joueuses transgenres souhaitant participer aux compétitions organisées dans leur propre juridiction. Les Fédérations doivent tenir compte des informations fournies dans les présentes Directives, mais également de tous les aspects pertinents de la loi locale en vigueur dans la juridiction de la Fédération et à laquelle la Fédération doit légalement se conformer. Pour plus d'informations, reportez- vous à la section applicable ici.
Informations sur les transgenres
Que signifie « transgenre » ?
Le terme « Transgenre » est utilisé dans les présentes Directives pour désigner des individus dont l'identité de genre (c'est-à-dire la manière dont ils s'identifient) est différente de celle de leur naissance (que ce soit avant ou après la puberté, et qu'ils aient ou non recouru à une intervention chirurgicale de quelque forme que ce soit).
Homme transgenre : terme utilisé pour désigner une personne née de sexe féminin mais s'identifiant à un homme et vivant comme un homme. Ce terme est parfois raccourci en « homme trans », ou FàH, l'abréviation de « femme à homme ».
Femme transgenre : terme utilisé pour désigner une personne née de sexe masculin mais s'identifiant à une femme et vivant comme une femme. Ce terme est parfois raccourci en « femme trans », ou HàF, l'abréviation de « homme à femme ».
Un glossaire expliquant de manière plus détaillée les termes fréquemment utilisés est disponible ici.
Qu'en est-il des joueurs ayant des variations du développement sexuel (vds) ?
Les personnes ayant une variation du développement sexuel (VDS) ne sont pas transgenres (bien qu'une personne ayant une VDS puisse bien sûr s'identifier comme étant transgenre). Les VDS sont un groupe de situations rares, liées aux chromosomes, aux hormones et aux organes de reproduction, qui entraîne généralement un développement sexuel atypique de la personne. De nombreuses VDS existent, avec différentes implications dans la performance sportive. Elles ne doivent donc pas être réunies dans un seul groupe.
Une directive distincte de World Rugby sera élaborée en 2023 pour les joueurs atteints de DSD. En attendant, ces joueurs doivent être traités individuellement par le Directeur médical de leur Fédération, en appliquant les principes de sécurité, d'équité et d'inclusion, tout en tenant compte des avantages potentiels de l'androgénisation dans ces cas.
Modalités de financement de recherches futures
Comme décrit précédemment, les données probantes actuelles laissent fortement à penser que la diminution des taux de testostérone chez les femmes trans est insuffisante pour supprimer les avantages biologiques créés au cours de la puberté et de l'adolescence, ce sur quoi se fonde la politique actuelle qui n'autorise pas les femmes transgenres à jouer au rugby féminin. Cette décision se base toutefois sur des données probantes actuelles, et n'écarte pas la possibilité que des données probantes futures, en particulier sur une population d'athlètes entraînés, puissent émerger pour contredire cette position, et permettre des politiques alternatives.
À cette fin, World Rugby s'est engagé à soutenir ces recherches dans le cadre de sa priorisation des recherches mondiales. World Rugby invite aujourd'hui tous les candidats éligibles à lui soumettre des propositions de recherche, et évaluera ensuite les candidatures par le biais d'un Comité scientifique composé d'experts et chercheurs indépendants internes et externes. Les études jugées comme faisant partie des domaines de recherche de haute priorité, et ayant un standard suffisant, seront ensuite financées par World Rugby.
Dans le cadre de son engagement à agir de manière ouverte et transparente avec la communauté des joueurs de rugby, les questions liées à la physiologie et à la performance des transgenres seront donc incluses dans les domaines de recherche de haute priorité de World Rugby. Cela signifie que les chercheurs qui étudient des questions en lien avec les différences biologiques entre les hommes et les femmes peuvent candidater auprès de World Rugby pour un financement. Il n'y a pas de garantie que le financement sera accordé, étant donné que les études sont évaluées par rapport à une liste de contrôle conformément aux principes de meilleures pratiques, mais le domaine de recherche deviendra une priorité. Les candidats peuvent donc postuler pour le financement d'études qui feront avancer les connaissances dans ce domaine et garantiront que les politiques qui régissent le sport sont sans cesse remises en question par les meilleures données probantes disponibles.
Pour en savoir plus sur le processus de recherche de World Rugby et les candidatures à un financement, rendez-vous ici.
Questions et coordonnées
- Pour toute question générale concernant les présentes Directives pour les joueurs et joueuses transgenres, veuillez contacter : Head of Technical Services, World Rugby, World Rugby House, 8-10 Pembroke Street Lower, Dublin 2
- En cas de questions confidentielles relatives à des cas concernés par les présentes Directives pour les joueurs et joueuses transgenres, veuillez contacter : Chief Medical Officer, World Rugby, World Rugby House, 8-10 Pembroke Street Lower, Dublin 2.