Un rapport historique examine les impacts du changement climatique sur le rugby
Rapport capital examine les impacts du changement climatique sur le rugby
World Rugby a publié un rapport historique sur les impacts attendus du changement climatique sur le rugby afin de sensibiliser le public à ce problème qui affecte déjà le sport dans son ensemble.
Alors que le monde se réchauffe et se dirige probablement vers une augmentation de 1,5 degré des températures moyennes mondiales d'ici 2026, l'étude démontre que les conséquences sur la pratique et les écosystèmes du rugby sont significatives et continueront à s’aggraver dans les décennies à venir.
Les vagues de chaleur continueront d'affecter les performances des athlètes et la santé des spectateurs. Les sécheresses affecteront plus fréquemment les terrains engazonnés, tandis que les submersions dues aux inondations et/ou à l'élévation du niveau de la mer auront de plus en plus d'impact sur les infrastructures.
World Rugby a utilisé les projections climatiques du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), des entretiens avec des experts et des données provenant de 10 de ses fédérations membres pour rédiger le rapport « Le Rugby et le changement climatique ». Cette étude porte sur six risques climatiques principaux qui ont un impact direct et indirect sur le sport, ses athlètes, ses spectateurs, ses infrastructures et ses terrains, afin d'évaluer les implications probables pour le rugby.
Les conséquences attendues d'un monde à +2°C
Bien qu'elles varient d'une région climatique à l'autre, les conséquences attendues d'un monde à +2°C concernent l'ensemble de la planète :
- Augmentation du nombre de jours de chaleur extrême (températures supérieures à 35°C) par an dans toutes les nations étudiées, 60% d'entre elles ayant dix jours supplémentaires ou plus pendant lesquels le rugby ne peut pas être joué.
- Augmentation de la fréquence et de l'intensité des sécheresses pour la moitié des pays étudiés.
- Augmentation de l'occurrence et de la gravité des fortes précipitations et des crues soudaines pour 80 % des pays analysés.
- Un grand stade sur dix dans le monde, parmi ceux soumis à cette étude, sera exposé à un risque annuel de submersion.
- Un tiers des stades étudiés (111 sites) se trouvent dans des zones cycloniques et seront confrontés à une augmentation de l'activité des vents et des cyclones.
- La plupart des régions climatiques étudiées connaîtront des périodes d'humidité accrue, à des niveaux qui entraîneront des souffrances supplémentaires liées à la chaleur pour les athlètes, les officiels et les spectateurs.
Une analyse approfondie
Pour aller plus loin, les auteurs ont également entrepris une analyse approfondie des impacts pour 10 pays représentatifs des membres de World Rugby, à savoir l'Afrique du Sud, l'Angleterre (hôte de la Coupe du Monde de Rugby 2025), l'Argentine, l'Australie (hôte des Coupes du Monde de Rugby 2027 et 2029), les Fidji, la France, l'Inde, le Japon, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis (hôte des Coupes du Monde de Rugby 2031 et 2033). Pour chaque nation, les principales conséquences sont mises en évidence par région(s) climatique(s), avec les répercussions prévues dans un scénario à +2°C et +3°C.
Cet effort s'inscrit dans la Stratégie environnementale 2030 et son quatrième pilier s'engageant à promouvoir la durabilité dans le rugby par l'éducation, le plaidoyer et le partage des connaissances.
Une série de recommandations
L'étude se termine par une série de six recommandations visant à renforcer la résilience du rugby au changement climatique, ainsi que par des conseils et des études de cas destinés à inspirer des actions positives.
Parmi les six propositions, un appel à toutes les parties prenantes du rugby, des clubs aux organisateurs de compétitions, pour qu'elles élaborent et mettent en œuvre des plans visant à réduire l'impact du rugby sur l'environnement et qu'elles aident les autres à adopter une approche similaire est déjà en cours. Les fédérations et les clubs professionnels tels que Munster Rugby ou Northampton Saints ont déjà élaboré leur propre plan, tandis que la Stratégie environnementale 2030 de World Rugby, publiée en quatre langues, peut servir de modèle à d'autres organisations de rugby dans le monde. La fédération internationale a également lancé en 2024 une série d'ateliers sur la durabilité avec ses fédérations membres et ses associations régionales afin de fournir des conseils et des outils pour mettre en œuvre cette proposition.
Une autre recommandation propose d'entreprendre des recherches supplémentaires sur l'adaptation et la modification des pratiques, des lois, des règlements et des spécifications des événements de rugby afin de rendre le sport plus résilient au changement climatique. Si cela nécessitera du temps et des investissements, le changement est déjà en première ligne du plan d'action de l'instance dirigeante avec le lancement du nouveau format sans contact T1 Rugby pour rendre le sport plus accessible dans différentes conditions (par exemple sur des surfaces sèches et dures) et les études présentées lors du dernier Symposium sur la santé des joueurs cherchent actuellement à introduire de nouvelles directives sur la chaleur adaptées à des températures plus chaudes.
La dernière suggestion demande aux organisations du rugby de promouvoir et de soutenir les mesures d'adaptation et d'atténuation du changement climatique au niveau local, une étape nécessaire pour équiper toutes les personnes impliquées dans le jeu et renforcer leur résilience. Les experts mondiaux en gazon consultés pour le rapport sont unanimes sur la nécessité d'adapter les surfaces de jeu aux conditions changeantes, principalement pour les climats plus chauds et/ou plus humides, et les lignes directrices sur le gazon naturel de World Rugby fournissent déjà des conseils utiles sur les meilleures pratiques et les types de gazon recommandés en fonction des spécificités climatiques.
Des initiatives telles que Rugby for Nature, lancées auprès des communautés de rugby à travers le monde pour sauvegarder l'environnement naturel et la biodiversité à l'intérieur et autour des installations de rugby, montrent comment les instances dirigeantes et les fédérations membres peuvent soutenir les initiatives locales avec des ressources pratiques adaptées à la réalité du changement climatique et de la perte de biodiversité.
La fédération internationale s'appuiera sur les conclusions du rapport pour établir sa planification à long terme, y compris l'organisation des futures SVNS Series et Coupes du Monde de Rugby, tout en continuant à travailler avec ses parties prenantes pour rendre le sport plus résilient pour l'avenir.