Qu'est-ce que le daltonisme et qui cela affecte-t-il ?
Qu'est-ce que le daltonisme ?
Le daltonisme, ou déficience de la vision des couleurs, est l'incapacité de percevoir les couleurs normalement. Bien qu'il s'agisse de l'une des maladies génétiques les plus fréquentes au monde, qui touche des millions de personnes, elle est généralement peu reconnue et ne bénéficie d'aucun soutien.
Dans la rétine, à l'arrière de nos yeux, se trouvent des cellules nerveuses spécialisées, appelées cônes, qui nous aident à percevoir les couleurs. Il existe trois types différents de cônes, qui absorbent la lumière rouge, bleue ou verte. L’action combinée de ces trois types de cônes nous permet de percevoir des millions de couleurs, mais dans le cas du daltonisme, l'un de ces types de cellules ne fonctionne pas correctement. Environ 25 % des personnes daltoniennes ont un type de cône qui ne fonctionne pas du tout.
Les sujets percevant normalement les couleurs peuvent voir l'intégralité du spectre visible, mais les personnes atteintes de daltonisme ne peuvent pas voir de nombreuses couleurs et confondent souvent différentes couleurs car, pour elles, de nombreuses couleurs distinctes semblent être les mêmes, par exemple le bleu et le violet.
Quelles sont les personnes touchées ?
Dans le monde entier, plus de 300 millions de personnes souffrent d'une forme ou une autre de daltonisme - c'est l'équivalent de la population des États-Unis.
Sur les 250 millions de téléspectateurs qui ont regardé la Coupe du Monde de Rugby 2019, on estime qu'environ 12,9 millions auraient eu un certain type de daltonisme (sur la base d'un profil de spectateur de 62 hommes pour 38 femmes).
Dit autrement, et en utilisant le même ratio hommes/femmes, dans un stade de rugby national moyen tel que le stade international Yokohama au Japon, de 72 000 places, lieu de la finale de la Coupe du Monde de Rugby 2019, environ 3 700 spectateurs seront daltoniens.
Quelle est la cause du daltonisme ?
Le terme technique pour désigner le daltonisme est la dyschromatopsie (déficience de la vision des couleurs ou CVD). Cette anomalie généralement héréditaire est causée par un « mauvais » séquençage des gènes sur l'ADN du chromosome X. Le daltonisme peut également survenir suite à certaines maladies, comme le diabète, la sclérose en plaques et la drépanocytose, ainsi qu'à la prise de certaines drogues (y compris la consommation excessive d'alcool) et certains traitements médicaux. La vision des couleurs diminue également avec l'âge à partir de 65 ans environ.
Les trois types de cônes de la rétine absorbent respectivement la lumière rouge, bleue et verte et envoient des signaux électriques au cerveau. Le cerveau combine les informations fournies par le signal électrique provenant des cônes, permettant aux personnes ayant une vision des couleurs « normale » de percevoir l'intégralité des couleurs. La vision normale des couleurs est également connue sous le nom de trichromie.
Dans le cas du daltonisme, l'un des types de cônes ne fonctionne pas normalement et le cerveau confond les signaux électriques. Il existe trois principaux types de déficience génétique de la vision des couleurs (CVD), dont la gravité peut varier.
Types de daltonisme
Dans les formes moins sévères de daltonisme (connues sous le nom de trichromie anormale), tous les types de cônes existent mais l'un d'entre eux ne fonctionne pas normalement. Un trouble sévère de la vision des couleurs est appelé dichromie. Chez les personnes atteintes de dichromie, l'un des types de cônes ne fonctionne pas du tout.
- Les protanopies et protanomalies désignent l'incapacité à percevoir les rouges normalement.
- Les deutéranopies et deutéranomalies désignent l'incapacité à percevoir les verts normalement.
- Les tritanopies et tritanomalies désignent l'incapacité à percevoir les bleus/jaunes normalement.
Le monochromatisme est une perte totale de la vision des couleurs, où les personnes ne voient qu'en niveaux de gris. Cette affection est extrêmement rare et généralement liée à d'autres troubles de la vision.
Toutes les sévérités des types de CVD héréditaires rouge-vert sont très fréquentes. Toutefois, les déficiences liées au bleu/jaune et le monochromatisme sont extrêmement rares.
Le daltonisme acquis est plus susceptible d'affecter la vision bleue/jaune et peut, dans certains cas, être guéri. Il n'existe pas de traitement pour le daltonisme héréditaire.
Le daltonisme démystifié
- Le daltonisme rouge/vert n'est pas une affection unique
- Les personnes daltoniennes ne confondent pas uniquement les rouges avec les verts
- Les personnes daltoniennes ne voient pas le rouge comme du vert et le vert comme du rouge
- Les personnes daltoniennes peuvent voir clairement le bleu et le jaune
- Très peu de personnes daltoniennes ne voient que les niveaux de gris, la plupart des daltoniens peuvent voir de nombreuses couleurs
- Les personnes daltoniennes peuvent identifier de nombreuses couleurs mais ne les voient pas de la même manière que les personnes ayant une vision normale des couleurs
Les personnes daltoniennes ont en commun de nombreux symptômes et confusions de couleurs, car les cônes rouges et verts sont sensibles à des longueurs d'onde lumineuses proches les unes des autres dans le spectre de la lumière visible. Par conséquent, étant donné que de nombreuses combinaisons de couleurs sont source de confusion pour les personnes souffrant de troubles de la vision du rouge et du vert, le daltonisme rouge/vert est souvent considéré à tort comme une seule et même affection.
Comment les personnes daltoniennes perçoivent-elles les couleurs ?
La façon dont les personnes daltoniennes perçoivent les couleurs dépend de plusieurs facteurs, tels que le type et la gravité de leur dyschromatopsie et les conditions de luminosité dans lesquelles elles les observent.
Toutes les personnes daltoniennes ne voient pas les couleurs de la même manière. Certaines personnes atteintes de CVD n'estiment pas rencontrer trop de difficultés au quotidien, tandis que les personnes atteintes d'un forme plus sévère sont confrontées chaque jour à des frustrations et à des défis.
Les personnes daltoniennes connaissent les couleurs des objets du quotidien, même si elles ne les perçoivent pas de la même manière que les personnes ayant une vision normale des couleurs. Elles savent, par exemple, que le ciel est bleu et que l'herbe est verte, mais peuvent se tromper sur la couleur d'un objet ou ne pas voir de différence entre les couleurs dans certaines combinaisons. Ces mêmes couleurs sembleront très différentes aux personnes ayant une vision normale des couleurs. Par exemple, une personne ayant une vision normale des couleurs ne confondra pas les verts avec les rouges.
Pour compliquer les choses, l'éclairage peut également affecter la façon dont une personne daltonienne identifie les couleurs. Par exemple, un objet rouge peut apparaître comme brun dans des conditions de faible luminosité ou dans l'ombre, ou comme orange ou vert en plein soleil.
En termes simples, une personne atteinte de daltonisme rouge/vert peut avoir des difficultés à percevoir les éléments rouges ou verts dans de nombreuses couleurs différentes. Si l'on prend la couleur violette, elle est constituée d'une combinaison de bleu et de rouge. Si vous n'êtes pas en mesure de distinguer facilement le rouge, vous ne verrez que le bleu lorsque vous regarderez le violet. C'est pourquoi la plupart des personnes daltoniennes confondent les bleus et les violets.
Dans les images « Montrez votre maillot » ci-dessus, les rouges, les verts, les bruns et les oranges apparaissent en vert « sale », et les violets en bleu foncé, mais remarquez comment les bleus et les jaunes ressortent. En effet, les personnes souffrant d'un trouble de la vision du rouge et du vert peuvent voir le bleu et le jaune de la même manière que les personnes ayant une vision normale des couleurs.
De nombreuses combinaisons de couleurs différentes peuvent entraîner la confusion. Certaines nuances de rouge et de vert peuvent être confondues, tandis que d'autres peuvent être plus faciles à distinguer, mais cela est dû à des différences de contraste plutôt qu'à la capacité de distinguer les couleurs par leur teinte.
Les problèmes les plus fréquents pour les personnes atteintes de daltonisme rouge/vert consistent à distinguer entre :
- les rouges/verts/marrons et oranges
- les bleus/violets et roses foncés
- les couleurs pastels
- orange vif/vert vif et jaune
Mais bien d'autres combinaisons de couleurs peuvent se révéler problématiques. Par exemple, une personne avec un défaut de vision du rouge éprouvera des difficultés à lire un texte en noir sur un fond rouge.
Les confusions de couleurs les plus fréquentes chez les personnes atteintes de CVD bleu/jaune sont les bleus clairs avec les gris, les violets foncés avec les noirs, les verts moyens avec les bleus et les oranges avec les rouges.
Pourquoi les hommes sont-ils plus susceptibles d'être daltoniens que les femmes ?
Environ un homme sur 12 (8 %) hérite du daltonisme rouge/vert, mais cette transmission n’a lieu que chez une femme sur 200 (0,5 %).
Le daltonisme est très courant chez les hommes, car il est porté par le chromosome X . Les hommes n’ont qu’un seul chromosome X tandis que les femmes en ont deux. Si un homme hérite du daltonisme (sur son chromosome X, qu'il reçoit de sa mère), il sera daltonien.
Pour qu'une femme soit atteinte de daltonisme rouge/vert, elle doit hériter du daltonisme sur ses deux chromosomes X. Cela signifie que son père sera daltonien.
Le daltonisme bleu/jaune héréditaire peut toucher indifféremment les hommes et les femmes car il est porté par un chromosome différent.
Pourquoi les hommes blancs sont-ils plus susceptibles d'être daltoniens que les personnes d'autres races ?
La prévalence du daltonisme varie en fonction de l'origine ethnique et les types de daltonisme rouge/vert sont plus fréquents chez les personnes d'origine nord-américaine et européenne. Les raisons n'en sont pas encore bien comprises. Les hommes scandinaves ont le plus grand risque d'être daltoniens (plus d'un sur dix), tandis que les personnes originaires d'Afrique subsaharienne et les populations autochtones ont le plus faible risque.
Dans les pays asiatiques, l'incidence du daltonisme est légèrement inférieure à celle des pays dont la population est principalement d'origine européenne et nord-américaine, soit environ un homme sur 20 (cinq pour cent) et une femme sur 200+.
Pourquoi certaines personnes ignorent-elles qu'elles sont daltoniennes ?
Les personnes daltoniennes ont une vision nette et claire, et peuvent voir certaines couleurs clairement, par exemple le bleu et le jaune. À moins qu'elles ne souffrent de monochromatisme (vision en niveaux de gris), les personnes daltoniennes ne sont pas incapables de voir toutes les couleurs, mais elles n'ont jamais eu une vision normale des couleurs et ne se rendent donc pas compte de la quantité d'informations qu'elles peuvent manquer. Cela signifie qu'il est possible qu'elles ne se rendent pas compte qu'elles ne voient pas les couleurs de la même manière que les autres.
Imaginez que vous portez en permanence des lunettes de soleil teintées. Vous vous habituerez vite à voir le monde sous une teinte de couleur légèrement différente. Dans la plupart des cas, vous pourrez continuer à vivre comme vous le feriez sans porter de lunettes de soleil, mais certaines couleurs apparaîtront différemment de ce qu'elles étaient auparavant. Le daltonisme est une version plus extrême de cet effet, comme le montrent les images de simulation tout au long de ce document.
Les personnes ayant une forme plus sévère de daltonisme seront plus probablement conscientes de souffrir d'un CVD, mais il est possible que le diagnostic n’ait jamais été formellement posé, et elles pensent souvent être atteintes d’une forme légère.
Avec l’âge, les personnes daltoniennes mettent en place des techniques d’adaptation pour les aider à distinguer les couleurs. Plus la forme de daltonisme est légère, moins ce dernier posera de difficultés au quotidien. Parfois, les personnes daltoniennes en minimisent l’impact pour se protéger contre une discrimination potentielle.
Je suis daltonien, comment puis-je comprendre ce que les autres voient dans les « simulations de daltonisme » ?
Les personnes daltoniennes ignorent souvent qu'il existe différents types et degrés de CVD et que d'autres personnes atteintes de ce trouble ne voient pas de la même manière qu'elles. Si vous êtes daltonien, toutes les images simulées dans ce document ne vous sembleront pas identiques aux images de vision « normale », et ce, principalement parce que votre daltonisme est différent de celui qui est simulé. Les images simulées dans ce document sont principalement des types de CVD rouges ou verts, car ce sont les plus fréquents. Il se peut donc que vous ne voyiez pas facilement de différences entre les séries d'images, mais pour avoir une idée de ce que les simulations rouges/vertes montrent aux personnes ayant une vision normale des couleurs, regardez les simulations pour la « tritanopie » ci-dessous et comparez votre perception de la simulation de la tritanopie et des versions « normales » de la même image.
Cela devrait vous donner une meilleure idée de la différence entre les simulations de daltonisme rouge/vert et les images « normales » pour les personnes ayant une vision normale des couleurs. Les personnes ayant une vision normale des couleurs seront autant choquées de visualiser votre trouble de vision que vous le serez par la simulation de tritanopie, probablement même plus. Concentrez-vous surtout sur la chemise jaune au milieu.
L'image ci-dessous à gauche, montre une vision normale des couleurs (Australie en jaune), mais dans la simulation de tritanopie à droite, le kit jaune semble presque blanc, tant pour les personnes ayant une vision normale des couleurs que pour les personnes souffrant de types de daltonisme rouge et vert.
Qui est susceptible d'être touché par le daltonisme au rugby ?
Le daltonisme peut toucher toutes les personnes impliquées dans le rugby, ce qui inclut les spectateurs, les joueurs, les officiels de match, les entraîneurs, les soignants au bord du terrain, le personnel de support et les administrateurs, ainsi que les personnes qui travaillent dans des rôles de support tels que les services d'urgence, les médias, la restauration ou les sponsors.
Dans un groupe masculin type de 32 joueurs, il y aurait statistiquement deux ou trois joueurs daltoniens. De nombreux lecteurs de ce guide auront un trouble de la vision des couleurs.
Pourquoi les sujets sont-ils affectés différemment selon les situations ?
Les images choisies dans ce document pour illustrer la façon dont les personnes daltoniennes peuvent percevoir certaines situations de rugby correspondent généralement à la forme sévère d'un type de daltonisme. Par conséquent, selon le type exact et la gravité du daltonisme d'une personne, les images « normales » et simulées peuvent lui sembler exactement les mêmes ou très différentes. Les témoignages personnels présentés tout au long de ce document montrent que toutes les personnes daltoniennes ne vivent pas les mêmes expériences au rugby, en raison de leur type de daltonisme et de la manière dont elles sont affectées par des circonstances spécifiques, notamment les conditions d'éclairage.
"Pour moi, les choses sont pires sur l'écran de l'ordinateur et de télévision qu'en direct, le principal exemple étant le rouge et le vert lors des matchs Irlande contre Pays de Galles. Cela ne m'a jamais vraiment posé un problème majeur lorsque j'étais sur la ligne de touche pour ce match lors des Six Nations, mais, en le regardant à la télévision maintenant, c'est un gros problème pour moi. Ce match est un exemple, mais n'importe quelle rencontre rouge/vert au football ou au rugby, je sais qu'elle sera difficile à regarder à la télévision."
"Les gens perdent tout intérêt s'ils ne peuvent pas différencier les équipes. Je sais que le Pays de Galles contre l'Irlande est un gros problème pour de nombreuses personnes daltoniennes, mais ce n'est pas un problème pour moi. Cependant, j'ai remarqué dès le démarrage du match de Pro14 Glasgow - Cardiff [octobre 2021] que cela allait être un problème. Ce match a donné aux personnes ayant une vision normale des couleurs un avant-goût de ce que c'est que d'avoir du mal à distinguer les couleurs et les numéros sur les tenues."
Le match ... était un excellent exemple pour montrer aux personnes ayant une vision normale des couleurs ce que peuvent ressentir les personnes daltoniennes lorsqu'elles assistent à un match avec confusion « daltonienne » des couleurs des tenues, que ce soit en tant que joueur ou en tant que spectateur.
Comment puis-je aider ?
Comme il existe de nombreux types et degrés de daltonisme, essayer d'apporter des changements pour répondre à tous les types peut sembler une tâche insurmontable, mais heureusement, le daltonisme est généralement une condition facile à accompagner - il suffit de maximiser le contraste entre les couleurs, ou parfois d'ajouter un moyen supplémentaire de donner l'information, comme des vignettes ou des symboles, ce qui peut être une solution efficace pour toutes les personnes concernées.
Par exemple, dans la situation évoquée par Dave Pearson ci-dessus, la solution serait de veiller à un contraste suffisant entre les deux couleurs des tenues. Une façon simple d'évaluer si certaines combinaisons de couleurs offrent un contraste suffisant est de réfléchir à la façon dont les couleurs pourraient apparaître en niveaux de gris. Si elles apparaîtraient de manière similaire, il est peu probable que le contraste soit suffisant.
Veuillez consulter le menu en haut à gauche de chaque page de ce site pour trouver les sections de ce guide correspondant à votre rôle dans le rugby ou pour en savoir plus sur les façons d'apporter un soutien dans des situations spécifiques.