Maria Samson a joué au plus haut niveau, représentant le Canada lors de 21 tests, et malgré cela, son amour du rugby reste ancré dans le jeu amateur.

C'est l'entraîneur de football américain de son école – qui tenait un livre intitulé « Le rugby pour les nuls » - qui l'a initiée au rugby au Québec. Ce sport est resté pour elle « un sport convivial et amusant » jusqu'à ce qu'elle développe des ambitions internationales au milieu de la vingtaine.

Même après avoir atteint ces objectifs et participé à une Coupe du Monde de Rugby Féminin, c'est une passion qui a été au cœur du parcours de Samson vers le leadership.

Ce parcours a englobé l'entraînement, l'arbitrage, les commentaires, six années au conseil d'administration de Rugby Canada et, depuis mars 2023, une place dans le Capgemini Women in Rugby Leadership Programme, un programme de bourses destinées aux dirigeantes.

« Pour moi, la partie la plus importante du triangle est la base », explique Maria Samson à World Rugby.

« J'ai une mentalité rugby amateur par rapport à une mentalité d'élite, parce que sans la base, je n'aurais jamais joué.

« Sans le rugby amateur, je n'aurais jamais pu jouer. Si quelqu'un m'avait dit, à 18 ans, que je devais m'engager dans l'équipe nationale et que je devais déménager quelque part, je ne l'aurais jamais fait.

« C'est pourquoi j'ai un faible pour les personnes qui veulent rester dans leur communauté et y exceller. »

Maria Samson décrit son propre parcours dans l'administration du rugby comme « organique ».

Entre 2017 et 2023, elle a siégé au conseil d'administration de Rugby Canada, d'abord en tant que représentante des joueurs, puis en tant que vice-présidente. Elle a également entraîné l'Université Mount Royal (MRU) dans le Championnat universitaire canadien de rugby masculin jusqu'à ce qu'elle soit désignée présidente du conseil d'administration du championnat au début de cette année.

À propos de ses six années, Maria explique : « Ces jeunes hommes, âgés de 18 à 23 ans, ont tout à coup une femme forte et puissante qui est une entraîneure hors pair.

« Peut-être n'avaient-ils jamais eu à faire à une femme possédant ce niveau de compétences techniques en matière d'entraînement. Je pense donc que cela peut peut-être changer l’état d’esprit des gens ou leur donner une perception différente des femmes occupant des postes de direction en général. »

Elle-même ne s'attendait pas à occuper des postes de direction lorsqu’elle jouait, et c'est en grande partie grâce à son travail et à sa détermination que Maria Samson a pu saisir les occasions qui se présentaient à elle à titre bénévole. « Je ne demande pas d'aide », assure-t-elle.

La perspective de bénéficier d’un accompagnement est un élément qui l'a attirée vers le Capgemini Women in Rugby Leadership Programme (programme de bourses d'études destinées aux dirigeantes dans le rugby).

« Comme le fait d'être sélectionnée pour quoi que ce soit, l'équipe nationale ou autre, c'est comme « Wow ! » C'est un très grand honneur », raconte Samson.

« Mon parcours dans le leadership du rugby a été très organique et autogéré en termes de pression pour être là où je peux être utile : utiliser mon nom, être dans les comités, faire le travail de base ou autre.

« Je me suis dit que ce serait une bonne occasion de bénéficier d'un accompagnement, d'un mentorat, d'une formation spécifique, car j'ai bien réussi à me débrouiller toute seule.

« J'ai eu de très bons mentors, mais je me suis dit : imaginez si j'avais du soutien, le soutien de World Rugby, le soutien de Capgemini... il n'y a pas de limite. »

Le fait d'être inscrite au programme Capgemini Women in Rugby Leadership n'a pas été sans difficultés, notamment parce que Maria Samson était enceinte de son troisième enfant lorsqu'elle a été acceptée dans ce programme.

Son fils Mateo est né en juin, mais elle était déterminée à ce que son arrivée ne freine pas ce qu'elle pouvait accomplir dans le cadre du programme.

Et grâce à la coopération de Capgemini et de World Rugby, Maria et Mateo ont assisté au Capgemini Women in Rugby Leadership Summit 2023 à Paris en octobre dernier.

Ainsi, Maria a pu échanger en personne avec d'autres participantes du Capgemini Women in Rugby Leadership Programme, tandis que la mère et le fils étaient présents lors de la victoire de l'Irlande à la Coupe du Monde de Rugby 2023 contre l'Écosse au Stade de France.

« C'était merveilleux. Nous avons toujours encouragé nos enfants à saisir toutes les opportunités qui se présentent à eux, tout comme nous », insiste-t-elle.

« Nous avons fait de même avec les deux premiers, nous avons simplement continué à vivre et ils sont arrivés.

« Lorsque l'occasion s'est présentée, j'ai discuté avec mon mari de la possibilité d'aller à Paris. La seule solution à ce moment-là aurait été d'emmener Mateo avec moi.

« Nous avons donc travaillé avec World Rugby, Capgemini et les organisateurs sur ce que cela pourrait donner, car personne n'avait jamais fait cela auparavant.

« J’ai tellement voyagé avec nos enfants qu'il est venu avec moi. Je n’ai pas souvenir qu’il ait perturbé la moindre réunion, et nous avons pu être inclus dans toutes les activités, c'était donc merveilleux. »

Mateo a même fait une apparition dans une vidéo virale de supporters irlandais triomphants chantant « Zombie » après leur victoire.

Le petit dernier ne se souviendra peut-être pas de son voyage au Stade de France, mais il est certain qu'il s'agit d'une histoire qui sera racontée dans la famille Samson pendant des années.

La famille est également au cœur du souvenir le plus mémorable de la carrière de sa mère.

En février 2015, Samson a été opérée du genou après avoir subi une blessure au ligament croisé antérieur.

Le Canada devant affronter les Black Ferns dans sa ville natale de Calgary quatre mois plus tard, Samson s’était fixée comme objectif ambitieux de revenir sur le terrain à temps pour ce match.

L'objectif était tellement ambitieux qu'elle ne l'a pas dit à ses coéquipières. Mais après un arrêt de travail de six semaines, elle a « essayé tout ce que vous pouvez imaginer » pour se remettre en forme.

Les séances d'acupuncture, de rééducation et de kinésithérapie ont manifestement porté leurs fruits, puisqu'elle a été intégrée dans l'équipe du Canada pour le match.

Cependant, quatre jours après que le courriel de sélection soit arrivé dans sa boîte de réception en mai 2015, Samson a reçu la triste nouvelle que son père était décédé. Sa détermination à jouer au Rugby Park n'a fait que se renforcer.

« J'ai eu l'occasion de jouer pour lui », explique Samson. « Ma famille est venue [pour regarder] et c'est une opportunité que je n'aurais pas eue si je m'étais contentée de me dire : “Oh, eh bien, je ne vais pas pouvoir jouer ce match”. »

Le Canada a perdu 40-22, mais ce souvenir reste celui qu'elle garde avec tendresse compte tenu de l'émotion et de l'énergie qu'elle y a déversées.

« Je dirais que le monde s'est uni à moi à ce moment-là », ajoute-t-elle. « Mon surnom est MJ et deux de mes amies avaient enlevé leur maillot, l'un avec un grand « M » et l'autre avec un grand « J » sur la poitrine. C'était très drôle.

« Quand je pense aux moments que j'ai vécus, c'est absolument celui-là que je retiens le mieux. »