Gastón Revol est intimement lié au rugby à sept. Prêt à disputer son 100e tournoi les 9 et 10 décembre au HSBC SVNS Cape Town, le leader historique des Pumas 7s se réjouit de la place qu'il a gagnée à force de travail, de persévérance, d'envie et de rêves.
D'un début de carrière inattendu en 2009 à ce présent qui le fait rêver de clore sa carrière aux Jeux olympiques de Paris, le parcours du natif de Córdoba est aussi celui d'une équipe argentine qui a modifié son ADN pour devenir, aujourd'hui, l'une des équipes les plus redoutables du HSBC SVNS.
« C'était difficile au début de ma carrière », raconte-t-il depuis Le Cap, en se préparant pour ce qui est son tournoi préféré dans les Series. « Mais à l'époque, nous avons toujours trouvé le moyen de nous amuser. »
Coéquipier de Santiago Gómez Cora
Ce début a commencé par un appel lui demandant s'il avait un passeport valide pour se rendre, 48 heures plus tard, à Londres et à Édimbourg. Ses débuts se font justement à Twickenham, en entrant en jeu en fin de match contre le Portugal. « En tant que talonneur », dit-il en riant.
Il est arrivé au rugby à sept après une belle performance dans l'ancien championnat provincial du pays, mais après cette tournée, il n'a pas été rappelé pour la saison 2009/10, qui fut la dernière saison de Santiago Gómez Cora, son coéquipier lors de ses deux premiers tournois, puis aujourd’hui le sélectionneur de l'équipe.
Après avoir montré qu'il était de nouveau prêt lors d'un tournoi au Kenya, il est revenu sur le circuit à Dubaï en 2010 et, depuis, il a disputé 97 autres manches du circuit mondial, devenant ainsi le recordman du nombre de tournois disputés. Depuis ses débuts en 2009, 115 tournois HSBC SVNS ont été disputés. Le fait qu'il n'en ait manqué que 16 est une réussite considérable.
Revol fait partie intégrante du parcours des Pumas jusqu'à aujourd'hui
« C'est une évolution que l'on doit principalement à Santi (Gómez Cora). Depuis qu'il a pris les rênes de l'équipe en 2013, il a mené de nombreux combats qui l'ont convaincu qu'un changement s'imposait. En commençant avec lui, il y a beaucoup de gens qui ne sont peut-être plus là mais qui ont accompagné et travaillé dur et qui ont laissé leur héritage pendant ce processus.
« J'ai beaucoup de chance de profiter de ce qui se passe aujourd'hui après ce que nous avons traversé.
Des années de sacrifice
« Tout a été une période d'apprentissage qui nous a permis d'arriver à ce que nous sommes aujourd'hui. Nous avons essayé des choses jusqu'à ce que nous trouvions ce qui nous convenait et nous permettait de grandir. Avec le soutien de la fédération argentine de rugby et d'autres institutions. La structure et l'expérience ont généré un équilibre parfait, qui se traduit par de bons résultats, même si le plus important est que les performances en sont le reflet. »
Les joueurs ont fait des sacrifices dont l'arrêt du rugby à XV est probablement le plus important. Revol a joué pour la dernière fois pour son club La Tablada, dans lequel les cinq frères Revol ont joué, en 2018.
« Arrêter de jouer était un sacrifice, mais c'était le seul moyen d'être compétitif dans les Series. Mais nous continuons toujours à aider dans nos clubs », assure-t-il néanmoins.
L’aspect mental, déterminant
Gastón Revol, avec 99 tournois sur le World Series à son actif, a joué un rôle déterminant dans la croissance de l'équipe.
« J'apprécie vraiment, je n'aurais jamais pu l'imaginer. Il y a quatre ou cinq ans, je pensais que je ne gagnerais jamais de médaille, et maintenant j'aime disputer des finales. »
Pour quelqu'un qui a une carrière aussi longue, l'aspect mental a été déterminant. D’où l’obligation de se fixer des objectifs.
« Il y avait toujours une carotte devant nous », explique-t-il. « Après la Coupe du Monde de Rugby à Moscou en 2013, je me suis fixé comme objectif d'aller aux Jeux panaméricains de Toronto en 2015. Puis aux Jeux olympiques de Rio l'année suivante. Puis à la Coupe du Monde de Rugby à San Francisco, et ainsi de suite. »
Le fait de ne pas avoir atteint les demi-finales à Rio de Janeiro a été un énorme choc émotionnel et, à l'approche de ses 30 ans, il y avait la possibilité que ce soit son dernier tournoi.
« Je parlais toujours de l'avenir avec Santi, nous avions des objectifs à atteindre. »
Il a failli arrêter plusieurs fois
Aujourd'hui, à 37 ans, son objectif est très clair : Paris 2024.
Pour y arriver, il reconnaît volontiers que le chemin passe par les Series, ce qui reviendrait à ajouter d'autres tournois aux 100 qui arriveront samedi 9 décembre.
« 100 est un chiffre qui me surprend quand même, mais c'est toujours un chiffre. Je suis toujours très reconnaissant de faire partie de l'équipe, après ce que nous avons vécu il y a de nombreuses années, après avoir été si souvent à deux doigts de prendre ma retraite ou de quitter l'équipe. Après avoir senti le soutien de Santi, et avoir pu continuer à apporter ma contribution, quelle qu'en soit son ampleur. Je lui en suis très reconnaissant. »
Gómez Cora, l'une des grandes personnalités du rugby à sept mondial, reconnaît en Revol un grand leader.
« Gastón est indissociable de l'équipe en raison de son jeu, mais sa caractéristique la plus remarquable est ce qu'il a dans la tête », dit-il.
« Il compense certains de ses manques physiques par son bon jeu, par son talent de botteur et par son dévouement constant.
« Il est l'âme de l'équipe, il construit le groupe, il en est l'esprit. Comme on a l'habitude de dire, une équipe sans âme et sans cœur n'ira pas loin. Du coup, Gastón est chargé de tout mettre en œuvre, cette mentalité de gagnant et d'être l'âme qui mobilise tout le monde. C'est pour ça que nous tenons tant à lui. »
L’année prochaine, c’est sûr, il arrête
Comme l'a déjà dit Revol, « Paris est l'objectif, on avance pas à pas, on pense au prochain tournoi. Mais aujourd'hui, l'objectif est le Cap.
« À plus long terme, le rêve est de faire partie de l'équipe et, si j'y vais, je ferai tout mon possible pour que le plus grand nombre possible de membres de ma famille soient présents. »
Sa femme Maqui, sa fille Francina, âgée de 14 mois, ses parents et la famille de sa femme l'ont récemment accompagné aux Jeux panaméricains au Chili. « La famille et les amis sont essentiels », assure-t-il.
En fait, ce sont eux qui bénéficient de toutes les dotations qu’il a reçu au fil des ans. « Ça me fait plaisir de le donner à ceux qui les apprécient et les reçoivent avec joie. »
À 37 ans, il ne lui reste que peu d'occasions de continuer à faire durer encore longtemps son aventure au plus haut niveau.
« Après Paris, il n'y a plus de rugby à sept. C'est fini. J'espère que le sport m'offrira ce dernier rêve, je ferai tout ce que je peux pour l'atteindre », commente-t-il.
« Après tant de temps, vous comprenez tellement de choses sur le rugby, que le coaching c'est quelque chose que je n'écarte pas pour la suite. »