PARIS, le 22 octobre - La France termine la Coupe Internationale de Rugby Fauteuil à la 4e place après s’être inclinée 49-50 face au Japon à l’Accor Arena de Paris.
C’est la première fois que la France passe aussi près du podium mondial, après avoir terminé cinquième en 2018 et neuvième en 2014.
La finale de bronze s’annonçait extrêmement serrée puisque les deux équipes s’étaient séparées deux jours plus tôt sur la plus petite des marges, en faveur des Français (49-50), lors de leur dernier match de la poule B. Cette fois, le seul point d’écart a été en faveur des Japonais.
La France (6e mondiale) avait manqué d’un point sa place en finale face au Canada (51-50) la veille. Sa motivation était d’autant plus grande de bien finir son tournoi face au Japon (3e mondial), vaincu en demi-finales par l’Australie (48-52) après avoir battu la Nouvelle-Zélande (52-36) puis les États-Unis (50-55).
Médaillé de bronze aux Jeux Paralympiques de Rio 2016 et champion du monde en 2018, le Japon affrontait les actuels champions d’Europe, qui s’étaient auparavant inclinés face aux États-Unis (51-53) avant de rebondir face à la Nouvelle-Zélande (46-37).
Au cours de chacune des quatre périodes de huit minutes, France et Japon se sont rendus coup pour coup, l’avance changeant de tête constamment.
Très vite menée par le Japon, la France est repassée brièvement devant (5-6) pour la première fois après deux minutes de jeu avant de coller au score. Un essai de Sébastien Verdin sur le gong lui permettait de rallier la fin du premier quart temps sur un score de parité (13-13).
La suite a vu les Français se démarquer, prenant le lead sans plus le lâcher grâce à un pressing défensif constant. La mince avance de deux points maximum s’est maintenue jusque dans les ultimes secondes, où les Français ont une fois égalisé in extremis après une passe de Hivernat à Verdin (25-25).
Pendant le temps d’une possession de balle, les Français ont joué en supériorité numérique à quatre contre trois, mais le Japon a toujours su trouver la solution pour finir le troisième quart temps à 37-37. Ne restaient plus que huit minutes pour départager les équipes.
Avec détermination, les Français ont su trouver quelques brèches dans la défense japonaise qui campait en permanence sur sa ligne. Ils semblaient alors se diriger vers la victoire quand, pour la première fois depuis le début de la rencontre, un gap de trois points a séparé les deux équipes. Mais les Japonais ont réussi à renverser complètement la vapeur. Menée de deux points à moins de 20 secondes, la France n’a pu revenir qu’à une longueur (49-50).
Réactions d’après-match
Jonathan Hivernat, capitaine de l’équipe de France
À propos du match :
« C’est dur. La physionomie du match était en notre faveur. Dans les deux dernières minutes, ils n’ont rien lâché et nous, on n’a pas mis tout le sérieux et la dimension physique et tactique pour remonter nos ballons et aller marquer. »
À propos des axes d’amélioration en vue de Paris 2024 :
« C’est la première fois qu’on assiste à des matchs comme ça, qu’on évolue à un tel niveau. On écrit une petite page en disant que l’on a fait partie des quatre meilleures nations ce soir. Mais on ne peut pas s’en contenter. On va apprendre de nos erreurs, analyser. L’équipe de France aura plus qu’à cœur de bien figurer lors des prochaines années et de décrocher la meilleure médaille qui soit. »
À propos de l’ambiance :
« Quelle ambiance ! C’était incroyable de pouvoir évoluer dans une institution comme celle-ci. C’est très significatif pour nous d’avoir la même considération, de pouvoir promouvoir et créer des émotions. Ça nous galvanise à l’idée de travailler très dur pour aller chercher la meilleure performance possible.
« Quand on a ça, on n’a pas le droit de lâcher. On n’a pas lâché tout au long de la compétition. Je suis très fier de mes coéquipiers et de notre performance. »
À propos des deux défaites d’un point :
« On perd deux fois d’un point, que ce soit en demi-finale ou sur la petite finale. On doit ajuster certaines choses. On est sûrs de nos forces, de nos atouts. Il y a des choses qu’il faudra travailler très dur pour faire partie des meilleures équipes et être la meilleure équipe au monde »
À propos de l’organisation de la compétition pendant la Coupe du Monde de Rugby :
« Je l'ai vécue très intensément. On a reçu de nombreux messages d’encouragement de la part des joueurs et de la grande famille du rugby. C’est une grande joie de pouvoir promouvoir la dimension para-sportive pour le grand public français à travers la Coupe du Monde. Le jeu est très différent. Ça véhicule de très belles valeurs. Vous voyez des sportifs de haut niveau très exigeants, qui évoluent dans un jeu adapté. L’engagement, l’état d’esprit, tout y est. »
S’il y a eu des liens avec le XV de France :
« Pas directement. Peut-être que des coéquipiers en ont reçu [des messages]. Personnellement, je n’en ai pas reçu. Après, on se connaît aussi. »
À propos des Jeux Paralympiques :
« On a une ambition claire et nette. On veut arriver encore plus forts. L’objectif ici, c’était les demi-finales. On va emmagasiner de l’expérience. Les Jeux, on n’y va pas pour les demies. On y va pour l’or ! »
Adrien Chalmin, équipe de France
À propos des regrets quant à la physionomie du match :
« C’est hyper dur de perdre comme ça. On a tenu le match tout le temps. La consigne, c’était que ce soit serré tout le match. On était à +2 à quatre minutes de la fin du temps réglementaire. Ils ont super bien défendu. Ils nous ont agressés. On n’a pas su trouver de solution et ça nous servira pour pendant 10 mois. On va regarder ce qui s’est passé, se servir de l’expérience de ce genre de match et arriver meilleurs pour Paris. L’objectif final, c’est Paris 2024. C’est hyper dur de ne pas sortir avec cette médaille de bronze. On ira chercher la médaille à Paris. »
S’il y a eu un relâchement :
« Non. Tu n’as pas le droit de te relâcher dans ce sport, sinon tu prends une fessée. Les Japonais nous ont mis en difficulté. Ils se sont adaptés sur les quatre dernières minutes. Ils nous ont mis sur une défense inédite. Ça nous a mis en difficulté. On analysera ça à la vidéo. On sera plus fort dans 10 mois. »
Sébastien Verdin, équipe de France
À propos des dernières minutes :
« Il y a énormément de frustration et de déception. On avait le match à deux minutes de la fin. On manque d’expérience, de lucidité. On doit gérer le temps et marquer tranquillement, comme on l’a fait tout le match. »
À propos de la défense des Japonais :
« Ils ont bien défendu tout le match. Mais on y arrivait quand même. Je pense qu’on a eu la peur de gagner et qu’on a manqué de lucidité à la fin. On n’a pas réussi à mettre notre jeu en place dans les dernières minutes. On doit juste jouer avec le temps et finir tranquillement. »
S’il retient aussi les bons moments malgré la déception :
« On a vécu une super semaine. Vivre des moments comme ça, ce n’est pas habituel. On avait joué à Cardiff pour les Europe. Dans cette salle, c’était un super moment. On doit travailler pour disputer la finale aux Jeux Paralympiques. »
À propos de l’objectif de Paris 2024 :
« L’objectif, c’est de disputer toutes les finales des tournois que l’on va faire pour gagner de l’expérience, gagner en lucidité et arriver beaucoup plus sereins aux Jeux. C’est avec des matchs comme ça qu’on va réussir à décrocher la plus belle des médailles chez nous. »
Yukinobu Ike, capitaine de l'équipe du Japon
À propos du match :
« On savait qu’on devrait se battre tous ensemble et s’appuyer sur ce qui nous a permis d’être champions en 2018. On visait la médaille d’or, après l’avoir manquée aux Jeux de Tokyo. On aurait pu perdre, mais cette victoire reflète notre confiance en notre jeu et notre détermination. On se battra toujours jusqu’à la dernière seconde.
« Honnêtement, on n’a pas eu l’impression de maîtriser le match. On avait l’impression de craquer sous la pression adverse. On va devoir analyser ce qui n’a pas marché. »
À propos des axes d’amélioration :
« C'est évident qu'on doit améliorer nos performances individuelles. Mais on prépare chaque adversaire de manière différente, donc on doit veiller à bien faire les choses, même quand de nouveaux joueurs arrivent.
« De plus, même sous pression, on doit veiller à ce que l'adversaire ne profite pas de la situation, à ce qu'on puisse s'en sortir. Lorsque ça ne se passe pas comme on souhaite, il faut s'adapter sans cesse, rester soudés, ne pas lâcher et croire à la victoire jusqu'au bout. Je pense que c'est ça, la base. Quand on a gagné ce tournoi la première fois, on était convaincus qu’on pouvait gagner et c’est ce qu’on a fait aujourd’hui. »