SAINT-DENIS, le 21 octobre -  La finale de la Coupe du Monde de Rugby 2023 mettra donc aux prises la Nouvelle-Zélande, victorieuse de l'Argentine 44-6 vendredi soir, à l'Afrique du Sud, qui a fini par terrasser l'Angleterre samedi au Stade de France (16-15).

Il s'agira de la première finale entre les deux pays les plus titrés dans la compétition (trois titres chacun) depuis l'édition 1995.

Mais que ce fut compliqué pour les Sud-Africains ! Alors que pas grand monde ne misait sur l'Angleterre, le XV de la Rose a en effet mené au score durant 78 minutes. Était-ce dû à la pluie, qui a arrosé Saint-Denis toute la soirée, donnant un air typiquement british à cette demi-finale ?

Toujours est-il que les hommes de Steve Borthwick, moribonds tout au long de l'année 2023, ont pendant plus d'une heure admirablement mené leur barque face aux surpuissants Springboks. Grâce à un jeu efficace se basant sur trois principes : de l'agressivité sur le porteur de balle, du jeu au pied précis, des points pris dès que possible.

En ralentissant le tempo, en contestant les points de rencontre, le XV de la Rose a ainsi empêché les Boks de dérouler leur jeu. Preuve en est, la première (vague) occasion d'essai des Sud-Africains est intervenue à la 52e minute, mais le ballon poussé au pied par Le Roux est sorti du terrain avant qu'il ne s'en empare.

À ce moment-là, Jacques Nienaber avait déjà procédé à du coaching, encore plus précoce que d'habitude (Pollard dès la 32e, De Klerk, Snyman et Le Roux dès les premières minutes de la 2e période). Mais cette fois, le 'bomb squad' ne faisait pas exploser son adversaire.

Owen Farrell, dans la lignée de son 4/4 en première période, passait même un drop pour donner neuf longueurs d'avance aux siens (15-6, 53e).

Clairement dans le dur, l'Afrique du Sud parvenait toutefois à s'offrir le droit d'y croire. À 11 minutes du terme, RG Snyman terminait le travail de sape des siens à proximité de la ligne, pour revenir à deux points avec la transformation de Pollard (15-13, 69e).

Et l'occasion de prendre les devants apparaissait à moins de trois minutes du terme. Sur une mêlée tout près de la ligne médiane, le pack bok, dominateur depuis l'entrée d'Ox Nche notamment, bénéficiait d'une pénalité que Pollard ne se faisait pas prier pour passer entre les perches. L'Afrique du Sud passait devant pour la première fois du match (15-16, 78e).

L'Angleterre multipliait les temps de jeu pour récupérer une pénalité ou mettre Farrell en position de drop, ultime tentative avortée par un en-avant.

Les Springboks sont donc en lice pour réussir un passe de deux que seule la Nouvelle-Zélande a réussi dans l'histoire de la Coupe du Monde de Rugby (2011, 2015).

Handre Pollard, Joueur du Match Mastercard et demi d’ouverture

Sur ses émotions après la qualification :

« C’est incroyable. C’est un vrai soulagement. On était frustrés, on n’a pas été très bons ce soir, surtout en première mi-temps. On savait qu’il fallait qu’on soit forts. Bravo à l’Angleterre, ils [les Anglais] nous ont mis sous pression dans tous les secteurs. Mais on n’a rien lâché. C’est pour ça qu’on est là, en tant qu’équipe et en tant que nation. »

Sur le fait de n’avoir rien lâché :

« On a suivi notre plan de jeu. On a pris les actions les unes après les autres, minute par minute. Dans ces matchs, tu ne peux pas trop te projeter. Il nous a fallu un moment mais on a fini par y arriver. »

Sur la dernière pénalité :

« Déjà, il a fallu gagner la mêlée. Bravo aux avants, ils ont été incroyables. C’était un grand moment mais c’est pour ça qu’on joue au rugby. On fait tout pour vivre ce genre de moments. C’était génial. »

Siya Kolisi, capitaine

À propos de la qualification :

« Honnêtement, c’est tout le travail accompli qui a porté ses fruits. Aujourd’hui, c’était vraiment moche, mais il faut aussi en passer par là pour être champions.

« Les Anglais ont travaillé dur, bravo à eux. Avant la Coupe du Monde, personne ne misait sur eux. Steve [Borthwick, sélectionneur de l’Angleterre], Owen [Farrell] et l’équipe se sont ressaisis et ont montré qui ils étaient. Ce n’est pas une équipe à prendre à la légère, ils sont arrivés jusqu’en demi-finale, bravo à eux.

« Pour mon équipe aussi, c’était moche aujourd’hui, comme la semaine dernière, mais on est restés combatifs et on a trouvé le moyen de revenir dans le match. Bien joué, les gars. Je suis vraiment fier de la combativité dont on a fait preuve, et en particulier de tous ceux qui sont à nouveau entrés en cours de jeu. »

À propos des moments clés :

« L’Angleterre a été excellente dans le jeu au pied, elle nous a dominés dans ce domaine. On a terriblement manqué de discipline en première mi-temps, en particulier dans les zones clés où ils pouvaient prendre des points. Mais en deuxième mi-temps on a réussi à revenir à la force du poignet. On a montré qui on est et ce qu’on est capables de faire à 23. »

À propos de la finale :

« Ça va être un aussi gros match que ce soir. Les All Blacks ont très bien joué hier soir. On veut surtout remercier les supporters sud-africains qui sont venus jusqu’ici pour nous soutenir, ainsi que ceux qui sont restés à la maison. La semaine prochaine, ça va être difficile, ça va être un match spécial, alors on espère que nos supporters seront encore avec nous. On va essayer de défendre notre titre. »

Jacques Nienaber, sélectionneur

À propos du résultat :

« Je tiens tout d’abord à féliciter l’équipe d’Angleterre, que j’ai trouvée remarquable ce soir. Elle nous a mis sous pression et on a été obligés d’accomplir quelque chose de spécial pour faire sauter le verrou et aller marquer un essai qui nous a permis de revenir dans le match. »

À propos du banc :

« On avait besoin d’énergie, on a donc décidé de faire entrer les remplaçants. On a la chance d’avoir un groupe où il n’y a pas beaucoup de différence entre titulaires et remplaçants. On avait besoin d’énergie et ils nous l’ont apportée. »

À propos des moments clés :

« Comme lors de la précédente Coupe du Monde, il a fallu quelque chose de spécial pour débloquer les choses. On savait que ce serait serré. Ça s’est joué sur ces deux moments [la pénaltouche sur la mêlée et la pénalité réussie]. »

À propos de la finale contre la Nouvelle-Zélande :

« C’est une finale, ce sera forcément serré. Ils [les All Blacks] sont en grande forme. Quand on regarde leurs derniers matchs, on voit qu’il faut leur marquer 30 ou 35 points pour être dans le coup. »

Owen Farrell, capitaine
 
À propos de ce qu’il ressent après la défaite :

« Pour être honnête, pas grand-chose pour le moment. Je suis incroyablement fier de ce groupe. Le public a été incroyable aujourd’hui.

« Après une défaite difficile comme celle-ci, tout ce que je retiens, c’est ma fierté d’être anglais. »
 
À propos de ce qui a décidé du match :

« On peut toujours refaire le match, mais l’Afrique du Sud est une équipe de très haut niveau. Elle l’a démontré tout au long de la Coupe du Monde. 

« Je suis fier de ce que nous avons accompli ces deux dernières semaines, de ce que nous avons construit et de ce que cette équipe est capable de bâtir à partir de maintenant. »
 
 À propos de la suite pour l’Angleterre :

« C’est différent pour tout le monde. Ce sera la dernière Coupe du Monde pour certains, pour d’autres, nos chemins vont se séparer.

« Mais je suis incroyablement fier de ce groupe et de ce qu’on a réussi à faire au cours des cinq derniers mois. Quoi qu’il arrive à l’avenir, on va avoir une bonne équipe. »

Steve Borthwick, sélectionneur 

À propos de son ressenti :

« Tout d’abord, toutes nos félicitations à l’Afrique du Sud pour avoir su revenir et trouver la solution pour gagner. Il faut le reconnaître, c’est la meilleure équipe du monde. Ils ne sont pas champions du monde par hasard.

« Ensuite, je voudrais remercier nos incroyables supporters, ceux présents ici et ceux qui nous ont regardés par millions depuis chez eux et qui ont poussé derrière leur équipe.

« Et puis Owen [Farrell] a dirigé l’équipe de manière fantastique. Les joueurs ont montré ce que cela signifie pour eux de jouer pour l’Angleterre. Ils ont mis leurs tripes sur le terrain. »

Sur ce qui a provoqué leur défaite :

« Ce n’est pas le moment de disséquer le match. Ils ont trouvé un moyen de prendre le dessus en mêlée et grâce à cela, ils ont occupé le terrain et marqué des points. »

À propos de leur parcours jusqu’en demi-finale :

« Quand on regarde cette équipe, on se rend compte qu’il y beaucoup de très bons joueurs. Sept d’entre eux ont 25 ans ou moins aujourd’hui, personne ne fait mieux parmi les demi-finalistes. L’Afrique du Sud n’en comptait qu’un.

« Ce groupe a beaucoup de talent, compte des joueurs expérimentés, d’autres moins. Ils sont très déçus aujourd’hui, mais cela va nourrir notre réflexion, on va trouver ce qu’on doit améliorer et vendredi prochain, notre équipe sera meilleure. »

À propos de la finale de bronze face à l’Argentine :

« Je me pencherai là-dessus très bientôt, mais on a d’ores et déjà hâte d’y être. On aurait voulu jouer la finale samedi, mais maintenant on va jouer l’Argentine vendredi, ici au Stade de France, et on va se préparer consciencieusement. Cette semaine va nous permettre de faire un nouveau pas en avant. »