SAINT-DENIS, le 20 octobre - Battue lors du match inaugural de cette Coupe du Monde de Rugby par la France (27-13), la Nouvelle-Zélande sera une nouvelle fois au rendez-vous de la finale mondiale, pour la troisième fois sur les quatre dernières éditions et la cinquième fois au total, un record.
Les All Blacks, dans la lignée du quart de finale titanesque fourni face à l'Irlande, ont réussi une prestation complète qui les a mis sur le chemin d'un quatrième sacre planétaire, aidés par les fautes argentines et le manque de variété dans le jeu des Pumas (score final 44-6).
Si l'Argentine a défloré le tableau d'affichage (0-3, 5e), la Nouvelle-Zélande n'a pas tardé à répliquer. À peine passée la dixième minute de jeu, les hommes d'Ian Foster étaient déjà passés devant grâce au 6e essai de Will Jordan dans cette RWC 2023 (7-3, 11e). Et à la mi-temps, l'écart paraissait déjà rédhibitoire : 20-6 grâce aux essais de Jordie Barrett et Shannon Fritzell.
La deuxième période ressembla à un long cavalier seul des hommes en noir. Quatre essais supplémentaires, dont les deuxième et troisième personnels de Will Jordan. L'ailier portait ainsi son total à huit sur la compétition, rejoignant deux glorieux anciens au rang des meilleurs marqueurs d'essais sur une édition de RWC : Jonah Lomu et Bryan Habana (8 chacun).
Très maigre consolation, les Pumas évitaient de peu la défaite la plus lourde en demi-finale de Coupe du Monde de Rugby (toujours la 'propriété' du pays de Galles, battu 49-6 par... la Nouvelle-Zélande en 1987).
Quant aux Néo-Zélandais, ils ont montré qu'ils étaient bien là malgré les difficultés rencontrées cette année, et feront figure de sérieux prétendant au Trophée Webb Ellis, quelle que soit l'équipe en face, samedi 28 octobre au Stade de France pour la grande finale de cette Coupe du Monde de Rugby 2023.
BORD DE TERRAIN
Jordie Barrett, trois-quarts centre de la Nouvelle-Zélande, Joueur du Match Mastercard
Sur la qualification en finale de Coupe du Monde de Rugby :
« C’est super. C’est encore une nouvelle étape pour ce groupe. On a manqué la dernière marche il y a quatre ans. Je suis fier de cette équipe. Rien n’est fait encore. On aura un gros match à jouer, peu importe l’adversaire. On a encore une semaine à vivre ici, c’est génial. »
Sur l’impact de leur défense :
« Les conditions nous ont un peu aidés. On a pu se mettre dans l’avancée et les mettre sous pression. Ils n’ont pas trop pu jouer avec ce ballon glissant. Notre mêlée a été à la base de notre jeu ce soir. On a gratté plusieurs pénalités sur mêlées et sur mauls, ça leur a un peu coupé les jambes. Gros match du pack. »
Sur la préparation de la finale :
« C’est nouveau pour beaucoup d’entre nous, mais on a aussi des mecs qui ont gagné la Coupe du Monde dans l’équipe, donc on va s’appuyer sur leur expérience. On va profiter de cette semaine au maximum. Ces moments-là sont uniques. »
Ian Foster, sélectionneur de la Nouvelle-Zélande
Sur ce que représente cette qualification pour lui :
« C’est un tout. C’est notre objectif. Avant cette compétition, on visait la finale et on y est. Maintenant, on veut gagner. On s’est offert cette chance.
« Je suis vraiment fier de ce que les joueurs ont fait. C’était un match compliqué. On avait pas mal été embêtés par l’Argentine. On a gardé notre calme et on a bien fini, je suis content. »
Sur ce que l’équipe a bien fait d’après lui :
« Il y a beaucoup de pression en demi-finale. L’Argentine nous a mis la pression dès le début du match. J’avais la sensation qu’on restait bien dans le match. On était un peu en difficulté mais on a récupéré le ballon et on les a punis. Les trois ou quatre minutes avant la pause ont été très importantes. Ces huit points nous ont boostés. »
Sur le fait de jouer la finale avec les All Blacks :
« Je fais partie d’un groupe qui bosse dur pour ça. C’est très satisfaisant. Maintenant, la pression de la finale va venir. On va profiter un peu ce soir et se remettre au travail dès demain. »
Sam Cane, troisième ligne aile et capitaine de la Nouvelle-Zélande
À propos de ce que représente pour le groupe le fait d’atteindre la finale :
« Ça représente beaucoup pour nous. C’était un match difficile ce soir. Nos avants ont effectué un travail remarquable dans les phases statiques, dans les mauls, ils ont obtenu quelques pénalités et ils ont assis leur domination en maintenant la pression sur les Argentins. On savait que c’était une équipe qui se battrait sur tous les ballons et qui ne baisserait pas les bras. C’était donc vraiment bien de parvenir à marquer régulièrement comme ça.
« Nous voilà en bonne position, en finale, exactement là où on voulait être. On a eu un soutien incroyable, il y avait beaucoup de maillots noirs dans le stade. Et puis je sais qu’il y aura énormément de monde au pays pour nous encourager. C’est une semaine passionnante qui s’annonce. »
À propos du fait que le match est resté serré en première mi-temps :
« Oui, c’était serré. On a réussi à marquer deux essais en début de match, mais ensuite, ç'a été un vrai bras de fer pendant un certain temps.
« Sur la pénalité en mêlée juste avant la mi-temps, on a choisi la pénaltouche. Il y a eu pas mal de temps de jeu, et ensuite Shannon Frizell a réussi à marquer juste avant la mi-temps. Il y a eu aussi l’essai d’Aaron Smith dans les deux minutes qui ont suivi la reprise. Ces moments-là ont vraiment été cruciaux. Je suis vraiment content. »
Julián Montoya, capitaine et talonneur de l’Argentine
À propos des raisons de la défaite :
« Dans les phases statiques, et en mêlée notamment, on a été complètement dominés. Il faut qu’on examine de près nos performances pour voir ce qu’il faut améliorer. Ils ont marqué sur chacune de leurs occasions. C’est une équipe fantastique, de loin la meilleure aujourd’hui.
« Aujourd’hui, on est loin du niveau qu’on voulait montrer. Je suis effondré, c’est une énorme déception. Notre rêve de jouer une finale s’est envolé, mais il nous reste encore du travail à faire. Bravo aux All Blacks, c’est une grande équipe, mais oui, on peut faire mieux que ça. Dans les phases statiques, on a fait trop d’erreurs, c’est dommage pour nous. »
À propos des supporters de l’équipe :
« Je tiens à remercier tous les Argentins qui étaient présents, ils ont fait beaucoup, beaucoup de bruit. Je sais que c’était difficile avec la distance, et tous ces gens ont fait malgré tout l’effort de nous soutenir. Merci beaucoup à eux, ainsi qu’à tous ceux qui nous ont suivis depuis l’Argentine. »
À propos de la finale de la bronze qui reste à jouer :
« Il reste encore une semaine pour aller chercher une médaille mais pour l’instant, je suis triste, ça fait mal. Il faut qu’on se recentre sur nous, qu’on accepte cette douleur, mais il nous reste encore une semaine. »
À propos des secteurs dans lesquels les All Blacks ont été supérieurs :
« Bravo à la Nouvelle-Zélande, c’est une équipe énorme. Elle a concrétisé chacune de ses occasions. En conquête, ils [les Néo-Zélandais] nous ont été largement supérieurs, surtout en mêlée et sur les mauls.
« On leur a donné des fautes et ils nous ont dominés territorialement. Chaque occasion de marquer, ils l’ont prise. On a réussi à enchaîner les phases de jeu mais contre eux, ça ne suffit pas, il faut défendre sur toute la durée du match. Quand on avait la bonne dynamique, on a réussi de belles actions mais ils ont été implacables en défense. »
À propos du message qui circulait au sein de l’équipe à mesure que l’écart au score gonflait :
« Il était question de se battre sur toutes les actions, tous les ballons. L’équipe n’a jamais rien lâché, malgré les fautes, elle a continué de se battre. La Nouvelle-Zélande nous a facilement neutralisés. Ça fait très mal mais ce groupe a encore une semaine à vivre devant lui. Il y aura probablement du changement. D’une Coupe du Monde à l’autre, les groupes changent, mais il nous reste encore quelque chose à aller chercher et chaque fois qu’on enfile ce maillot, on se bat. »
Michael Cheika, sélectionneur de l’Argentine
À propos de la différence entre les deux équipes :
« Oui, c’est une déception incroyable. On y a mis l’intensité nécessaire. Les joueurs ont tout donné et je pense que c’est dans les détails que ça se joue, les petits détails sur la transition dans les mêlées, les deux dernières minutes avant la mi-temps, les deux premières minutes après la mi-temps... Ce sont ces petites nuances que nous n’avons pas encore dans notre jeu.
« Mais on peut être fiers de beaucoup de choses. Je sais que le score est sévère, mais les joueurs ont beaucoup donné aujourd’hui, en défense et sur tout le terrain. Il se trouve qu’on n’avait pas la classe nécessaire pour rivaliser avec la Nouvelle-Zélande. »
À propos de la volonté de remporter le match pour la troisième place :
« Ce n’est pas encore fini. Ce n’est pas fini. On tient à rentrer à la maison avec une médaille. Le match de la semaine prochaine sera donc très important pour nous. Je ne suis pas certain que le troisième reçoit une médaille, mais en tout cas c’est l’idée. Il faudra bien qu’on se remette de cette soirée, parce qu’on pensait vraiment avoir ce qu’il fallait pour y arriver. Ça va être difficile, mais bon.... »
À propos de ses remerciements pour le soutien dont l’équipe a bénéficié pendant toute la compétition :
« Et je tiens à remercier nos supporters. On est désolés que ça n’ait pas été un peu plus serré ce soir. Nos supporters ont joué un rôle énorme pour nous et j’espère bien qu’on pourra encore les retrouver la semaine prochaine. »