Les huit meilleures équipes de rugby fauteuil sont réunies à Paris et, signe supplémentaire que la ville est actuellement la capitale du rugby mondial, elles se disputent la Coupe Internationale de Rugby Fauteuil.

Ce tournoi historique, qui a débuté mercredi 18 octobre à une Halle Carpentier pleine à craquer, marque la première collaboration entre World Rugby et World Wheelchair Rugby pour l'organisation simultanée de leur compétition majeure.

« J'ai toujours partagé avec d'autres la vision de ce que pourrait être cet événement. Comment ces deux événements de rugby pourraient être organisés dans le même pays et dans la même ville ? », interroge Richard Allcroft, président de World Wheelchair Rugby, avant la cérémonie d'ouverture haute en couleur.

« Pour le sport, cela a le potentiel transformateur. Nous sommes pleinement conscients qu'il s'agit d'un événement mondial et que les yeux du monde entier sont braqués sur Paris, et nous sommes très enthousiastes à l'idée d'en faire partie. Notre partenariat avec World Rugby est vraiment solide. On est partenaires depuis 15 ans et ce qui est formidable, c'est qu'il s'est développé d'année en année. »

Plus de 100 joueurs et joueuses entreront sur le terrain pour 20 matchs répartis sur cinq jours jusqu'au 22 octobre. Les matchs de la phase de poule et le premier tour des éliminatoires se dérouleront à la Halle Carpentier puis, lors de la dernière journée, à l'Accor Arena, d'une capacité de 8 000 places.

Il s'agit du seul handisport de contact intégral avec quatre joueurs de chaque côté qui s'affrontent pour marquer des essais en passant la ligne de l'adversaire tout en étant en possession du ballon. Pour se qualifier, les athlètes doivent avoir un handicap qui affecte leurs bras et leurs jambes. Chaque membre de l'équipe reçoit un numéro de classification allant de 0,0, qui indique le moins d'engagement physique, à 3,5, qui indique le plus d'engagement physique.

Le rugby fauteuil fait partie du programme paralympique depuis les Jeux de Sydney en 2000 et la chance de participer au plus grand spectacle du sport au sens large est un rêve devenu réalité.

« Ça représente beaucoup de choses, ça représente qu’on ne dissocie pas la famille du rugby. Jusqu’à maintenant, c’était surtout une affaire de mots, mais là, ça existe pour de vrai », estime Ryadh Sallem, joueur de l’équipe de France.

« World Rugby crée l’opportunité que le rugby fauteuil soit présent sur une Coupe du Monde, c’est juste extraordinaire. Ça laisse augurer de beaux présages pour l’avenir, car la majorité des clubs de rugby fauteuil en France sont souvent portés par les clubs traditionnels du XV de France, car un ou une camarade a été blessé. Il y a vraiment cet esprit-là, mais il fallait qu’il soit incarné à d’autres niveaux. »

Dans le cadre d'un partenariat sans précédent, le comité d'organisation France 2023, apporte également son soutien au tournoi.

« Le rugby, c’est la fraternité, c’est l’ouverture, tous les profils sont les bienvenus. Le rugby est le sport inclusif par définition, le sport qui intègre des gens différents », ajoute Jacques Rivoal, président de France 2023.

« Il faut démontrer aux personnes en situation de handicap que le sport ne leur est pas interdit, ils peuvent avoir accès au sport, au sport de compétition comme le rugby fauteuil. C’est un sport très spectaculaire, avec de véritables athlètes et on va avoir une compétition très intéressante. »

Le fait que Paris 2024 se déroulant dans moins d'un an ajoute sans aucun doute un attrait à la Coupe internationale, Allcroft espérant que l’engouement sera de retour dans un an lorsque le titre paralympique sera en jeu dans un lieu emblématique à côté de la Tour Eiffel.

Les États-Unis, classés numéro un mondial, partent favoris et ont pris un bon départ en éliminant la France lors de leur premier match. Mais, signe qu'il y a très peu d'écart entre les huit premiers mondiaux, le Canada a éliminé l'Australie, championne paralympique de Rio 2016 et deuxième équipe mondiale, lors du premier match du tournoi.

« J’espère qu’on va pouvoir remonter dans le classement mondial. Aujourd’hui on oscille entre la 5e et la 6e place. Si on peut grimper sur une des marches du podium, ce ne serait que du bonheur », espère Ryadh Sallem. « La France commence à arriver dans la cour des grands, avec les Anglo-Saxons et les Japonais. On est là et on va être là pour longtemps ; je pense qu’il va falloir compter sur la France pour faire les grands rendez-vous internationaux. »

Quoi qu'il arrive au cours des quatre prochains jours - des billets et des accréditations pour les médias sont encore disponibles - l'action sera spectaculaire et les histoires inspirantes.

« C’est ce que je leur (aux joueurs de l’équipe de France) ai dit : à vous d’être champions du monde maintenant que vos collègues du rugby à XV ne sont plus sur le pré. À vous de relever le défi sur le parquet », rappelle Jacques Rivoal.

« On a une grosse pression », sourit Sallem. « C’est vrai que ç’a été un triste moment bien que le match ait été formidable. Je pense que oui, on a une responsabilité, mais on n’est pas encore au niveau de l’équipe de France “bipède”. On va essayer de leur faire honneur, que le maillot soit au plus niveau, mais on ne sait pas ce que ça va donner. Je compte quand même sur le public pour venir nous encourager, car je sais que nous les Français, quand on a le soutien du public, on est imbattables. »