On s’attendait à un week-end épique et il l’a été au-delà de toutes les espérances. Saint-Denis a ainsi accueilli deux des plus beaux matchs internationaux de l'histoire du rugby, les deux autres ayant eux aussi présenté une dramaturgie hors du commun.

Irlande - Nouvelle-Zélande et France - Afrique du Sud auront été tous les deux dignes d’une finale de Coupe du Monde de Rugby, sans le moindre doute possible. La barre est désormais placée très haut pour les quatre matchs restants dans la compétition.

Vendredi, l’Argentine affrontera la Nouvelle-Zélande dans la première demi-finale au Stade de France. Le lendemain au même endroit, l’Angleterre se mesurera à l’Afrique du Sud, championne en titre.

Voici le récit de la qualification des quatre demi-finalistes. 

Pays de Galles - Argentine

À la treizième minute, Dan Biggar inscrit le premier essai du match, puis passe une pénalité qui permet au pays de Galles de prendre le large (0-10, 20e min). Boffelli réduit l’écart dans un premier temps sur deux pénalités (6-10 à la mi-temps) puis récidive après la pause pour donner l’avantage aux Pumas (12-10, 47e), ce qui a le don d’enchanter les supporters argentins qui ont fait le déplacement jusqu’à Marseille.

Sans se démonter, les Gallois reprennent les devants par l’intermédiaire du demi de mêlée Tomos Williams (12-17, 56e). À peine sonnés, les Argentins envoient Joel Sclavi aplatir au près et repassent en tête (19-17, 67e). Les deux équipes se rendent coup pour coup.

À trois minutes du terme, le vétéran Nicolás Sánchez, entré en jeu à la 69e minute, surgit comme un diable de sa boîte pour intercepter une passe de Sam Costelow. Il file aplatir entre les poteaux au grand désarroi de Gallois, qui accusent le coup.

Après la transformation d’Emiliano Boffelli, Sánchez inscrit une ultime pénalité pour porter le score final à 29-17 en faveur des Pumas. Huit ans après avoir passé 23 points à l’Irlande pour atteindre les demi-finales de la RWC 2015, l’Argentin fête sa 102e sélection avec panache.

Irlande - Nouvelle-Zélande

Après deux pénalités réussies par les All Blacks (6-0, 13e), c’est l’ailier Leicester Fainga’anuku qui plante la première banderille (13-0, 18e), mais le centre Bundee Aki réplique sur un exploit individuel pour l’Irlande (13-10, 26e).

Ardie Savea, nommé Joueur du Match Mastercard, fait mouche en coin d’un superbe plongeon de treiziste (18-10, 32e), mais alors que le demi de mêlée Aaron Smith prend un carton jaune pour en-avant volontaire, son homologue irlandais d’origine néo-zélandaise Jamison Gibson-Park passe au ras sur un maul pour ramener l’Irlande à un point à la mi-temps (18-17, 38e).

Après la pause, Will Jordan inscrit au large son cinquième essai de la compétition (25-17, 52e), avant qu’un essai de pénalité ne ramène à nouveau l’Irlande à un point (25-24, 63e).

À dix minutes du terme, c’est le centre Jordie Barrett qui marque sur pénalité les derniers points du match (28-24) malgré un long baroud d’honneur des Irlandais pour tenter en vain d’éviter une huitième défaite en quarts de finale. 

C’est un autre monument du rugby, le deuxième ligne néo-zélandais Sam Whitelock, qui obtient à l’occasion de sa 151e sélection la pénalité décisive mettant un terme, au-delà du temps réglementaire, aux 37 phases de jeu subies sous la pression irlandaise, à la fin d’un match passionnant de bout en bout.

Les Irlandais pourtant tout près de l’exploit à deux reprises. Deux minutes après avoir passé son ultime pénalité, Barrett réussit dans l’en-but à empêcher Rónan Kelleher de marquer, après quoi les All Blacks manifestent une discipline remarquable qui leur permet de subir 37 interminables phases sans concéder de pénalité. Les Irlandais auront laissé passer leur chance, notamment après avoir passé vingt minutes en supériorité numérique.

Angleterre - Fidji

D’un quart de finale à l’autre, il n’y a pas loin, même quand ils se disputent à seize ans d’écart. Dimanche après-midi, cette équipe de Fidji a des airs de 2007.

Lors de ce quart de finale de 2007 disputé dans le même stade, les Flying Fijians avaient remonté un retard de 13-3 à la mi-temps contre l’Afrique du Sud pour égaliser à 20-20 à l’heure de jeu, avant que les futurs vainqueurs de la compétition ne s’imposent 27-20.

Contre l’Angleterre en 2023, c’est un écart de 21-10 à la pause qu’ils comblent pour égaliser à 24-24 à la 70e minute grâce à des essais de Peni Ravai et Vilimoni Botitu.

Mais le demi d’ouverture et capitaine de l’Angleterre Owen Farrell, qui finira le match avec 20 points au compteur, règle le problème en inscrivant un drop qui redonne l’avantage (27-24, 71e) aux champions du monde 2003. Il passe ensuite une ultime pénalité qui scelle le score (30-24, 77e) malgré, là aussi, une dernière charge des Fidjiens pour tenter de marquer un essai transformé qui les aurait qualifiés.

France - Afrique du Sud

Mais si ces trois premiers quarts de finale ont été marqués par une intensité rare, le meilleur était encore à venir. Après un Irlande - Nouvelle-Zélande épique, France - Afrique du Sud s’est avéré... titanesque ? monumental ? homérique ? Les qualificatifs ne manquent pas pour ce duel qui restera dans les esprits.

Dans les trente premières minutes, six essais également répartis donnent le ton.

Entrés en trombe dans la rencontre, les Bleus inscrivent un premier essai dès la troisième minute par l’intermédiaire du pilier Cyril Baille (0-7) et sont tout proches d’aplatir une deuxième fois avant que Kurt-Lee Arendse n’égalise à la 8e pour les Springboks (7-7).

Les Sud-Africains enchaînent avec un essai non transformé de Damian De Allende (12-7, 17e), et le talonneur français Peato Mauvaka réplique du tac au tac (12-12, 22e). Sur la tentative de transformation, un Cheslin Kolbe supersonique contre le ballon, avant d’aller inscrire quelques minutes plus tard un essai en bout de ligne (19-12).

La rencontre se dispute sur un rythme furieux et on sent les deux équipes capables de marquer à tout instant.

C’est ainsi que Cyril Baille égalise en inscrivant son deuxième essai personnel (19-19, 30e), avant que Ramos ne passe une pénalité qui permet à la France d’atteindre la pause en tête (19-22). À la 54e minute, il en réussit une deuxième pour accroître l’avance des Bleus (19-25).

Mais Eben Etzebeth, passé entre-temps par la case purgatoire sur un carton jaune pour plaquage dangereux, y va de son essai pour redonner l’avantage aux Springboks (24-25, 66e). Handré Pollard transforme l’essai (26-25), puis y ajoute une pénalité qui s’avérera décisive (29-25, 68e) : malgré un dernier coup de pied au but réussi de Ramos (29-28, 72e), les Bleus sont éliminés de leur Coupe du Monde de Rugby.