MARSEILLE, le 15 octobre - Cette fois encore, les statistiques n’ont pas menti. Favorite de ce troisième quart de finale de la Coupe du Monde de Rugby 2023, l’Angleterre (6e au classement mondial) a largement dominé les Fidji (10e) pour l’emporter 30-24 au Stade de Marseille ce dimanche 15 octobre.
Vainqueurs surprises lors de la précédente rencontre entre les deux équipes, l’été dernier à Twickenham (30-22), les Fidji n’ont pu rééditer l’exploit, s’inclinant pour la huitième fois en neuf tests – et pour la troisième fois en autant de rencontres en Coupe du Monde de Rugby.
Pour la sixième fois de son histoire, l’Angleterre file en demi-finales, au terme d’un quart de finale électrique.
Malgré une entame à la fois physique et prometteuse, les Fidji ont vite pris la mauvaise habitude d’être pénalisés à portée de pied d’Owen Farrell, qui ne s’est pas privé de les punir lourdement par cinq pénalités (une manquée), contre une seul côté fidjien (trois échecs de Lomani).
Les deux seuls essais anglais ont été inscrits par la paire de centres, qui a exploité deux belles brèches en première période avec Manu Tuilagi roulant sur lui-même (14e) et Joe Marchant plongeant dans l’en-but (23e).
Malgré un carton jaune donné à l’ailier Vinaya Habosi après un contact tête contre tête avec Marcus Smith, les Flying Fijians ont été fidèles à leur réputation en sauvant une action bien mal engagée pour la couronner de succès grâce à une passe audacieuse entre les jambes de Vilimoni Botitu conduisant à l’essai du numéro 8 Viliame Mata (28e).
Menés 21-10 à la pause, les hommes de Simon Raiwalui ont construit patiemment pour tenter de renverser la tendance de leur premier quart de finale depuis 2007.
En face, les Anglais ont tenté en vain de percer les lignes fidjiennes à force de coups de pied pour gagner du terrain et tenter de contourner une défense très agressive, mais ce sont les Fidjiens et leur jeu à la main qui ont ravi les plus de 65 000 spectateurs du Stade de Marseille.
Menés de 14 points, ils ont réussi à créer le chaos dans la défense anglaise, grâce à deux actions décisives de Semi Radradra en moins de cinq minutes. Il cassait la ligne pour envoyer Peni Ravai (63e) à l'essai, avant de fixer deux défenseurs et de passer après contact pour créer le décalage exploité par Botitu (67e). Avec leur nouveau botteur, Kuruvoli, ils parvenaient à recoller au score à dix minutes de la fin (24-24).
Les Anglais n’ont dû leur salut qu'à un drop (71e) et à une ultime pénalité (77e) d'Owen Farrell. Les Fidji avaient même la dernière possession, mais l'ultime offensive avortait au bout de 15 temps de jeu sur un grattage de Lawes (30-24).
Owen Farrell, capitaine de l'Angleterre et Joueur Mastercard du Match
Sur le match :
« C’est à ce genre de match qu’on s’attendait. C’est une équipe vraiment forte, ils sont capables de renverser un match sur une action. On a bien entamé le match et on était bien en première mi-temps.
« On savait que les Fidji reviendraient fort et c’est ce qu’ils ont fait. Mais on a réussi à gagner et à passer en demi-finale et c’est énorme pour nous. Mais on sait qu’on doit encore bosser dur. »
Sur son drop, qui a permis à l’Angleterre de reprendre l’avantage :
« J’ai tenté ma chance et on a réussi à reprendre le score. C’est grâce au super travail des avants, ils m’ont servi sur un plateau, je n’avais plus qu’à ajuster. »
À propos de la performance de l’Angleterre :
« On a maîtrisé le match par moments, mais il y a plein de trucs qu’on peut améliorer. On peut faire encore mieux sur plein de secteurs.
« On a pu se rendre compte de la puissance de cette équipe fidjienne par moments. Même avec un joueur en moins, ils ont réussi à recoller à un point. Bravo à eux. Ç’a été un match très, très compliqué. »
À propos de la ligne de trois-quarts de l’Angleterre :
« Les gens commentent les changements et parlent des joueurs qui figurent parmi les titulaires. Ce n’est qu’un changement de rôle. Chaque joueur parmi les 33 a un rôle essentiel à jouer. C’est ce qui s’est passé jusqu’à maintenant, et ça va continuer comme ça. »
À propos des supporters :
« Génial. On les entend derrière nous. Ce stade est un endroit fantastique pour jouer au rugby. Le public nous a soutenus durant les deux matchs qu’on a fait ici, et j’espère qu’ils seront encore derrière nous la semaine prochaine. »
Steve Borthwick, sélectionneur de l'Angleterre
Sur le retour des Fidji :
« Bravo aux joueurs, qui ont bien tenu. Et bravo aux Fidji, pas que pour ce match mais pour l’ensemble de leur Coupe du Monde.
« C’est une immense équipe. Ils ont un super coach et des joueurs magnifiques. On savait que ce serait compliqué et c’était le cas.
« On contrôlé la plupart du match. Mais les Fidji ont marqué deux essais coup sur coup, deux essais qui sont typiques de leur rugby.
« Mais on a gardé notre calme et on a réussi à revenir. »
S’il préfère la France ou l’Afrique du Sud en demi-finale :
« Je n’ai aucun contrôle sur ça mais on va regarder le match avec attention ce soir.
« Beaucoup ne voyaient pas ces joueurs passer les poules, mais on est en demi-finale aujourd’hui.
« Ces joueurs ont une chance d’aller en finale à Paris. Encore une fois, personne ne misera sur nous, mais les joueurs seront au rendez-vous. »
Simon Raiwalui, sélectionneur des Fidji
Sur le fait qu’il s’agit juste du début de l’aventure des « nouveaux » Fidji :
« Cette équipe est singulière, c’est le début de quelque chose de spécial. Ils voulaient créer une nouvelle identité et je crois qu’ils ont réussi. On a commis quelques erreurs, on n’a pas su saisir toutes nos occasions et on l’a payé. Je ne pourrais pas être plus fier. »
Sur l’émotion d’être éliminé de cette manière :
« Je n’ai pas les mots. Je suis si fier de mes joueurs. Ils ont bossé dur depuis la première semaine. Aujourd’hui, ils ont montré qu’ils font partie de l’élite mondiale. Pour le groupe, les 33 joueurs, les 52 personnes en comptant le staff, c’est un moment très émouvant. »
Waisea Nayacalevu, capitaine et trois-quarts centre des Fidji
S’il est fier de son équipe :
« Je ne suis pas parfait, j’essaie de l’être et je suis très fier de l’équipe et de l’effort qu’on a fourni. Même si on échoue de peu, je suis très fier des joueurs, du staff, de la gestion, de notre pasteur. C’est un honneur pour nous d’être ici.
« Je suis dégoûté qu’on échoue si près »
Sur son message à son équipe lorsqu’ils sont revenus à égalité en fin de seconde mi-temps :
« J’ai dit aux mecs de se concentrer sur nos fondamentaux et de garder le ballon. Tant qu’on avait le ballon, on pouvait avoir une occasion. Malheureusement, certaines décisions n’ont pas été en notre faveur. C’est le rugby. Je suis fier des joueurs, on est ensemble depuis longtemps. Les émotions se mélangent quand je vois où on en est, ce qu’on a accompli. »
Son message aux supporters :
« Je veux remercier nos supporters ici dans les tribunes et nos supporters chez nous. Merci pour votre soutien tout au long de ce tournoi. Ce n'est pas facile pour nous, mais on continue à se battre, on se donne jusqu’à la fin. Je veux vous remercier de nous avoir soutenus, guidés et d’avoir prié pour nous. »
