SAINT-DENIS, le 14 octobre. La Nouvelle-Zélande a désormais remporté neuf de ses dix quarts de finale de la Coupe du Monde de Rugby (seule exception en 2007 contre la France), en battant l’Irlande 24-28 samedi 14 octobre au Stade de France à Saint-Denis.

Une immense déception pour l'Irlande, qui n’a jamais réussi à passer le stade des quarts de finale en Coupe du Monde de Rugby : cela fait désormais huit défaites à ce niveau de la compétition. Il y a quatre ans, la Nouvelle-Zélande avait déjà battu l’Irlande à Tokyo (46-14).

Mais cette année, le XV du Trèfle partait favori après être sorti invaincu de la phase de poule, tandis que la Nouvelle-Zélande avait mal débuté en s’inclinant face à la France dans le match d’ouverture.

Le combat a été à la hauteur des attentes. Dès le haka, le ton était donné. Inaudibles, les Néo-Zélandais ont subi à la fois le bruit assourdissant des supporters irlandais et la formation d’un huit par les joueurs irlandais, en hommage à Anthony Foley, ancien entraîneur du Munster, numéro 8 à l’époque où il était joueur (62 sélections entre 1995 et 2005), décédé à Paris il y a sept ans, à deux jours près.

Et s’il fallait résumer cette intensité par une autre action, ce seraient sans doute ces 37 phases de jeu courant dans les cinq dernières minutes qui se sont soldées par un ballon récupéré par les Néo-Zélandais.

Une action folle qui concluait un match immense qui avait commencé de la même manière : 30 phases de jeu autour de la ligne des cinq mètres pour une action qui ne s’est concrétisée que par un but de pénalité pour la Nouvelle-Zélande (7e).

Les vingt premières minutes ont été dominées par les All Blacks, passant un but de pénalité à 50 mètres (Jordie Barrett, 13e) et aplatissant en coin (Leicester Fainga'anuku, 20e) après une incroyable combinaison partie d’une chandelle de Beauden Barrett relayée par un échange entre les deux centres.

Pas en reste, l’Irlande a tenté de percer le mur noir à plusieurs reprises jusqu’à ce que l’inarrêtable Bundee Aki s’affale dans l’en-but. Après un essai d'Ardie Savea tout en plongeon (impérial aussi bien en attaque qu’en défense), le carton jaune infligé à Aaron Smith (36e) pour un en-avant volontaire conduira à l’essai de Jamison Gibson-Park (38e) après une touche bien négociée par Peter O'Mahony pour ramener l’Irlande à un point de la Nouvelle-Zélande (17-18).

Une stat pouvait laisser deviner la suite : la Nouvelle-Zélande avait toujours mené à la mi-temps en quarts de finale de Coupe du Monde de Rugby alors que ça n’a jamais été le cas pour l’Irlande.

Il faudra attendre la 54e minute pour que la Nouvelle-Zélande se donne un peu d’air avec un franchissement de Richie Mo’unga après une touche sur la ligne des 40 néo-zélandais. Une seule passe suffira à Will Jordan pour marquer son quatrième essai en autant de matchs, transformé de 49 mètres par Jordie Barrett ; une habitude pour le trois-quarts centre.

Alors que Sexton manquait de réduire l’écart de trois points avant l’heure de jeu, l’Irlande choisit quelques minutes plus tard la touche plutôt que les poteaux pour la troisième fois depuis le début de la rencontre. Un maul d’une puissance rare enfonça littéralement la défense des All Blacks. L’essai de pénalité accordé, agrémenté d'un carton jaune au talonneur Codie Taylor (64e), ramenait le XV du Trèfle à un point pour une fin de match suffocante.

Les All Blacks ont réussi à tenir à 14 contre 15, Barrett passant une nouvelle pénalité à 42 mètres (69e). Sans le savoir, il venait de sceller le score, 24-28, et la qualification de son équipe pour les demi-finales. La Nouvelle-Zélande y retrouvera l'Argentine.

Ardie Savea, Joueur du Match Mastercard

Sur le match :
 
« On a vécu une grosse semaine. C’était un vrai match de très haut niveau, un gros combat. Contre une Irlande aussi forte, il fallait tout donner. On a offert aux fans ce qu’ils voulaient. Bravo aux Irlandais, ils ont été très forts cette année. Je pense aussi à eux, mais je suis trop fier de l’équipe. »
 
Sur le fait d’avoir gagné malgré les deux cartons jaunes :
 
« Franchement, c’est comme s’il n’y avait rien eu. On a juste redoublé d’efforts et ça a payé. »

Sam Cane, troisième ligne et capitaine

Sur la qualification :
 
« On est trop heureux. C’était un match de dingue, un vrai combat pendant 83 ou 84 minutes. Les deux équipes ont tout donné. Félicitations à l’Irlande. Ils [les Irlandais] dominent le rugby mondial depuis plusieurs années, on savait que ce serait dur.
 
« Je suis fier de ce qu’on a fait pendant la semaine. On a réussi à défendre sur plus de 30 phases à la fin, c’est énorme. Super ambiance, super match, super compétition. Je suis tellement heureux d’être là encore une semaine. »
 
Sur les deux cartons jaunes :
 
« Personne ne veut jouer à 14, nous, il a fallu qu’on le fasse deux fois. Mais les mecs sont allés encore plus loin dans l’effort et on a défendu comme des fous ce soir. On a réussi à les contenir sur de longues périodes, c’est ce qui nous a permis de gagner. Je suis trop content. Merci à tous nos supporters. Ils étaient nombreux ce soir ici, plus ceux qui sont restés au pays. J’ai hâte d’être au prochain match. »
 
Sur le match contre l’Argentine :
 
« C’est clair qu’il va falloir récupérer sur les prochains jours parce que ça a piqué. On va se remettre et on va se préparer. »

Ian Foster, sélectionneur

À propos de la performance de son équipe :

« Fantastique. Tout le monde savait que ce serait un match monstrueux, on en a parlé toute la semaine, et c’était vrai. Ç'a été un véritable bras de fer. L’Irlande est une équipe orgueilleuse, ils [les Irlandais] se sont accrochés jusqu’au bout. À plusieurs reprises, j’ai cru qu’on avait vraiment pris le dessus mais à chaque fois, ils sont revenus et le match est resté serré.

« Je suis très fier de la façon dont nous avons joué. Notre défense, en particulier sur toute la fin du match, a été exceptionnelle. »

À propos des dernières minutes :

« On a été très bons, je trouve. On est restés disciplinés, sans perdre notre calme. Sur le plan défensif, on a fait quelques ajustements qui nous ont permis de trouver comment neutraliser à leurs franchissements. Après ça, il fallait seulement faire preuve de patience, et on y est parvenus. »

Andy Farrell, sélectionneur

À propos de ses émotions :

« Je suis incroyablement fier de ce groupe, de tous ceux qui ont été impliqués ces deux dernières années. C’était un match incroyable, il fallait un perdant et malheureusement, c’était nous ce soir. »

À propos des secteurs où le match s’est joué :

« Quand deux bonnes équipes s’affrontent, ça se joue sur des détails, on le sait. Au début du match, on a concédé des tonnes de pénalités et ça leur a permis d’avoir la domination territoriale et de marquer six points. Je suis très fier de la façon dont on est revenus dans le match, en continuant à les attaquer sans relâche. On a réussi de belles choses, mais le sport est parfois cruel, et c’est sans doute pour ça qu’on l’aime. On a continué à se battre jusqu’au bout, et ça montre tout le caractère de cette équipe. »

À propos de Johnny Sexton :

« Je ne peux pas lui rendre justice en quelques mots. Avant tout, c’est un être humain exceptionnel. C’est probablement le meilleur joueur de l’histoire du rugby irlandais. Le voir jouer son meilleur rugby à 38 ans en dit long sur lui. »

Johnny Sexton, demi d’ouverture et capitaine

À propos des pensées qu’il a en tête :

« Je suis très fier des gars, du pays tout entier. On n’aurait pas pu faire mieux, ça se joue à trois fois rien. Ils ont frappé par surprise et ont marqué quelques essais comme ça, et c’est à ça qu’on reconnaît les grandes équipes. On savait qu’on faisait face à une excellente équipe et malheureusement, on a manqué de justesse. »

À propos de jouer au sein d’une équipe d’Irlande dominante :

« Ç’a été génial. Ces six semaines se sont déroulées comme dans un rêve. Ce groupe, ces fans, je suis tellement dégoûté de ne pas pouvoir leur offrir mieux. »

À propos de la présence de sa famille sur la pelouse à la fin du match :

« Il faut travailler dur pour que les contes de fée se réalisent. On a échoué, mais c’est la vie. On n’a rien négligé, on a coché toutes les cases, on s’est donné à 100 % et on a vraiment bien joué ce soir. Ça se joue à quelques décisions, un rebond… Félicitations aux All Blacks. »