Le duo d’entraîneurs Gaëlle Mignot et David Ortiz voulaient se donner le temps de la réflexion. Après Gaëlle Hermet sur le précédent mandat avec en point d’orgue la Coupe du Monde de Rugby, puis Audrey Forlani sur le Tournoi des Six Nations 2023, qui allait reprendre le brassard de capitaine ?
L’info a été officialisée par un communiqué le dimanche 8 octobre : ce sera Manae Feleu. La surprise passée, celle-ci a éprouvé « beaucoup de fierté », comme elle l’a confié à World Rugby.
« Depuis, je me suis dit qu’il ne fallait pas que je change ce que je suis et ce que j’ai toujours été quand j’étais avec le groupe France et que maintenant j’allais essayer de donner le meilleur de moi-même pour honorer ce capitanat. »
Neuf sélections seulement
Un choix qui peut paraître étonnant pour celle qui ne compte que neuf sélections depuis ses débuts en novembre 2020, dont quatre seulement en tant que titulaire. Mais cette marque de confiance témoigne de sa croissance fulgurante au sein du groupe France.
La deuxième ou troisième-ligne de l’équipe de France – née d’une mère Saône-et-Loirienne et d’un père polynésien – a très vite quitté Mâcon, son lieu de naissance il y a 23 ans, pour se retrouver au milieu du Pacifique où elle a grandi avec sa famille et sa sœur Téani.
Après avoir découvert le rugby très jeune à Wallis et Futuna, les frangines ont poursuivi leur apprentissage en Nouvelle-Zélande avant de rejoindre la métropole, d’abord en Saône-et-Loire, puis à Grenoble où elles sont désormais deux des cadres des Amazones.
Développer le leadership
Dans ce club, les responsabilités sont partagées. « Il y a un groupe de leaders. On est 5 ou 6 à être un peu identifiées comme leaders », explique-t-elle. « C’est plus un groupe de leaders qu’une capitaine dans l’équipe. On peut s’épauler et on peut se partager la pression. Dans le groupe France en ce moment, je pense que c’est un peu ce que les coachs recherchent à développer : un groupe de leaders pour s’appuyer sur plusieurs et pas seulement sur une seule à un instant T. »
Le binôme Mignot-Ortiz ne s’en cache pas. Ils veulent trouver la bonne personne qui mènera l’équipe de France vers le succès à la Coupe du Monde de Rugby 2025 en Angleterre. Un paramètre que Manae a parfaitement intégré.
« Je pense que le staff est en construction de ce capitanat en fonction du groupe. Pour l’instant c’est du court-terme car ils veulent essayer plusieurs filles à ce poste pour développer du leadership sur tout le groupe en général. D’ici la Coupe du Monde, on sera plusieurs à être passées à ce poste pour développer ce leadership au niveau du groupe. Et au moment de la Coupe du Monde 2025, on devrait avoir la capitaine la plus appropriée au groupe », confirme-t-elle.
Leader naturel
Elle-même a été repérée pour ses qualités de leader naturel. « Quand il y a des choses à dire je parle et quand il n’y a rien à dire, je ne parle pas. Ça dépend des fois », admet-elle. Maîtriser sa parole, ne pas se disperser.
Elle a une idée très précise de ce doit être une capitaine, « quelqu’un qui apporte un peu de lien dans le groupe, qui rassemble les gens et qui est aussi capable, dans des moments critiques, de resserrer le groupe ».
Aussi s’est-elle sentie honorée qu’on lui propose le brassard, surtout que ce choix émanait, entre autres, de Gaëlle Mignot, jadis emblématique capitaine du XV de France féminin. « Ça met beaucoup de valeur parce que je sais qu’elle a beaucoup d’expérience à ce rôle-là. Elle a été une capitaine qui a beaucoup marqué le XV de France », dit-elle.
« J’ai aussi des filles qui sont déjà là et qui pourront m’épauler comme Gaëlle Hermet et Audrey Forlani. Elles ont été hyper bienveillantes avec moi en me disant que s’il y avait besoin, elles seraient là pour m’épauler. J’apprécie vraiment qu’elles m’aient dit ça. Je n’avais aucun doute sur le fait qu’elles seraient là pour moi et pour m’épauler dans le rôle. »
Néanmoins, Manae n’est pas du genre à chopper la grosse tête. « Ça n’a pas changé pour moi ma façon de comporter dans le groupe », assure-t-elle.
Se frotter aux meilleures nations
Arrivée en Nouvelle-Zélande pour le WXV 1, elle a dû laisser sa sœur derrière elle, à Grenoble. Aurait-il été bizarre d’en être sa capitaine ? « Je pense qu’elle m’aurait surtout chambrés parce que notre relation est un peu comme ça. Mais je ne pense pas que ça l’aurait dérangée », rigole-t-elle.
Arrivée à Wellington mardi 10 octobre, l’équipe de France a passé ses premiers jours à s’acclimater avant de se tourner vers le WXV 1, cette nouvelle compétition internationale annuelle de World Rugby censé tirer le rugby féminin vers le haut.
« C’est une compétition qui va nous permettre de jouer des nations que l’on ne joue pas souvent, que tous les quatre ans pendant les Coupes du Monde. »
La France jouera en effet successivement la Nouvelle-Zélande, championne du monde en titre (21 octobre), l’Australie (28 octobre) puis le Canada (4 novembre) que les Françaises avaient battu dans la finale de bronze à la Coupe du Monde de Rugby 2021, jouée en 2022. « C’est une compétition qui va nous permettre de matcher contre des nations leaders au niveau international. Ça ne peut que nous permettre de continuer à nous développer en tant que groupe », remarque Manae.
« On va jouer des nations qui sont physiquement assez denses. Ça peut être assez intéressant pour nous parce que les nations denses en général sont celles contre lesquelles on a un peu plus de mal. L’Angleterre présente un profil de nation un peu plus dense. Ça ne peut que nous donner de l’expérience pour être un peu plus habituées à jouer ce genre d’équipe. »
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