SAINT-DENIS, le 7 octobre - Il n'y aura pas eu de surprise. Battue huit fois de suite par l'Irlande, l'Écosse comptait mettre un terme à cette série noire au meilleur moment, et ainsi valider son ticket pour les quarts de finale. Mais à l'image de ce qu'a subi l'Italie face à la France la veille, l'outsider n'a pas réussi à renverser la tendance (36-14).

Tout a mal commencé pour les hommes de Gregor Townsend. Non seulement la première action irlandaise faisait mouche (Lowe, 2e), mais ils perdaient rapidement deux cadres sur blessure. Blair Kinghorn, pour sa 50e sélection, quittait la pelouse dès la 8e minute, imité onze minutes plus tard par le capitaine Jamie Ritchie.

Peu perturbée par les aléas adverses, l'Irlande déroulait tranquillement son rugby. Elle creusait un écart déjà définitif sur la deuxième partie de la première mi-temps, avec trois essais à la clé : Keenan (26e et 39e) et Henderson (32e) offraient le bonus offensif aux numéros un mondiaux avant même de rentrer aux vestiaires (26-0).

Le début de seconde période n'offrait pas d'accalmie aux Écossais. Au contraire, Ollie Smith laissait ses coéquipiers durant dix minutes pour un croc-en-jambe sur Johnny Sexton (42e). Deux minutes plus tard, Dan Sheehan ajoutait un cinquième essai, puis Garry Ringrose un sixième, pour donner un air de correction à cette rencontre que les 80 000 spectateurs du Stade de France espéraient plus accrochée (36-0, 58e).

Dès lors, les Verts relâchaient l'étreinte et les Écossais respiraient un peu mieux. Ewan Ashman (64e) puis Ali Price (66e) sauvaient l'honneur. L'Irlande était bien trop forte et signe donc une 9e victoire consécutive sur ses voisins calédoniens (36-14) qui les amène tout droit vers la Nouvelle-Zélande, en quarts de finale, samedi 14 octobre.

 

Jamison Gibson-Park, joueur du match Mastercard

À propos de ce que cela fait de jouer pour cette équipe d'Irlande :

« J'ai de la chance, hein ? Les gars ont fait le boulot devant moi, c'est tellement agréable d'avoir un si bon pack et une telle troisième ligne. »

Sur le fait qu'il a terminé le match sur l'aile :

« Au début, ça m'a fait bizarre, mais on travaille beaucoup sur ces scénarios de changement de poste. Je me suis entraîné un peu sur l'aile, ce qui ne veut pas dire que je me suis senti à l'aise. C'est fantastique d'être là, l'ambiance est fantastique, merci à nos supporteurs d'être venus, c'est génial de vivre ça. »

Johnny Sexton, capitaine et demi d’ouverture

À propos de l’ambiance :

« Je pensais que ça ne pouvait pas être mieux que le match contre l’Afrique du Sud il y a quelques semaines, mais je dois reconnaître que j’ai eu tort. Ils continuent à se mettre en quatre pour nous, et c’est important qu’on en fasse de même pour eux. La semaine dernière, grâce à eux, on a passé la meilleure journée de notre vie, et on leur a offert je crois quelque chose d’assez similaire, si j’en juge par certains visages.

« On est ravis d’avoir terminé la poule en tête, on se retrouve là où on souhaitait être, avec les quarts de finale en ligne de mire et un adversaire le plus difficile qu’on pouvait rencontrer. Le tirage au sort a eu lieu il y a trois ans, et paraît un peu injuste aujourd’hui, mais c’est ainsi et on devra être prêts pour affronter la Nouvelle-Zélande la semaine prochaine. »

À propos de leur capacité à se concentrer :

« Je crois que l’encadrement nous fait confiance pour profiter de notre temps libre et revenir au travail ressourcés et motivés. Parfois, on se trouve à la limite, parfois on va trop loin. On a été critiqués pour avoir fêté la victoire sur l’Afrique du Sud. On avait l’autorisation de le faire, les supporters nous ont fait confiance. On s’entraîne dur et on se prépare du mieux possible. »

Andy Farrell, sélectionneur

À propos de la performance :

« Je crois qu’on a fait un gros match car l’Écosse est arrivée avec beaucoup d’envie. Évidemment, le premier essai qu’on marque rapidement nous permet de réaliser un super départ, mais ils [les Écossais] ont vraiment joué tambour battant après ça. Ils ont tout donné, mais je crois que notre attitude, notre défense pour les empêcher de développer de longues séquences, ont été la clé. On a été assez calmes et précis quand on se retrouvait dans leur camp pour marquer quelques points au tableau d’affichage. On a fait une première mi-temps très rigoureuse, et c’était nécessaire car on faisait face à une grande équipe écossaise. Parvenir à la mi-temps en ayant marqué autant de points, c'était le signe d’une bonne performance de notre part. »

À propos de la Nouvelle-Zélande :

« Hé bien, c’est de ça que sont faits les rêves. Pour un quart de finale, on ne pouvait imaginer une opposition plus difficile. On a un énorme respect pour la Nouvelle-Zélande, et j’espère qu’eux aussi ont un peu de respect pour nous. On va d’abord récupérer comme il faut de ce match.

« On a été critiqués il y a quelques semaines car on avait pris le temps d’aller remercier nos supporteurs, mais quand ils nous encouragent par milliers, c’est bien le minimum que l’on peut faire. »

 

Jamie Ritchie, capitaine

Sur la façon de barrer la route à l’Irlande :

« Je ne sais pas, c’est une question difficile. Si je connaissais la réponse, le résultat aurait été différent. On essaie de jouer notre match. Malheureusement, ça n’a pas suffi ce soir et tout le mérite en revient à l’Irlande. Je crois que je ne les ai jamais vus évoluer à un tel niveau. »

À propos de ce qui fait la différence entre l’Irlande et l’Écosse :

« Ils sont tous investis à fond dans le projet de jeu, ils sont très précis, ils exécutent parfaitement les choses simples autour des zones plaqueur-plaqué, ils défendent parfaitement en bloc et ils sont très durs dans les rucks. »

À propos des aspects positifs de la campagne de l’Écosse à la Coupe du Monde de Rugby 2023 :

« Je suis très fier de notre cohésion. On a été dans le dur au premier match, je suis fier qu’on n’ait rien lâché dans le combat ce soir. Et puis on a montré qu’on était capables de mettre des points en fin de match. »

Gregor Townsend, sélectionneur

Sur ce qui a permis à l'Irlande de faire la différence :

« Ils ont été très pragmatiques, très précis. Et puis je trouve qu'ils ont été monumentaux en défense quand ils ont été un peu sous pression dans les 20 premières minutes. C'est une équipe extraordinaire et elle l'a montré ce soir. »

Si le fait de ne pas avoir pris les points au pied dans les 10 premières minutes faisait partie du plan de jeu :

« Oui, on leur a mis un peu de pression mais l'Irlande a su nous neutraliser et il faut les en féliciter. Face aux grosses équipes, il faut savoir concrétiser les occasions quand elles se présentent. On ne l'a pas fait dans le premier quart d'heure, qui a sûrement été notre temps fort dans ce match. Ensuite, quand le match était perdu, on a réussi à se remettre dedans. Il faut alimenter le score quand on en a l'occasion et l'Irlande a très bien su le faire ce soir. »

S'il est frustré par les deux essais inscrits par l'Écosse en fin de match :

« Non, je suis fier des efforts qu'on a déployés en deuxième mi-temps. Le match nous a échappé en première mi-temps donc on s'est attachés à retrouver le respect. La production des joueurs en seconde période, avec leurs deux essais, en dit long sur leur nature. On en tirera un peu de fierté mais mais on est très déçus par le résultat et par notre prestation en première mi-temps. Mais bravo à l'Irlande : elle a fait un très, très gros match. »