Le souvenir qui restera

Pour un petit pays comme l’Uruguay, qui tente de percer sur la scène du rugby international, affronter deux des meilleures équipes du monde pour la première fois en Coupe du Monde de Rugby constitue forcément un événement exceptionnel. Contre la France, le premier match des Teros se solde par une très honorable défaite 27-12 qui montre tout le potentiel de cette équipe au plus haut niveau. La défaite 73-0 subie aux mains des Néo-Zélandais est plus difficile à avaler, mais elle n’en constitue pas moins une expérience inestimable.

L’essai mémorable

Les deux essais inscrits contre la France illustrent l’étendue du savoir-faire technique des Uruguayens. Sur le premier, le demi d’ouverture Felipe Etcheverry délivre une merveille de coup de pied sur l’aile gauche que l’ailier Nicolás Freitas contrôle avec l’aisance d’un avant-centre avant de s’en emparer pour aller aplatir en coin. Le deuxième est inscrit au terme d’une série d’offensives. L’arrière Baltazar Amaya se joue de deux plaqueurs pour aller marquer dans le coin droit, dans une démonstration parfaite des talents qui lui permettent de briller également au sein de l’équipe d’Uruguay de rugby à sept qualifiée pour les Jeux Olympiques de Paris 2024.

La citation à retenir

« C’est admirable de voir comme ces joueurs donneraient leur vie pour leur maillot, pour le jeu, pour l’équipe. C’est ce que je retiendrai de cette Coupe du Monde : l’Uruguay a tout donné. »
Le sélectionneur Esteban Meneses après la défaite de son équipe contre la Nouvelle-Zélande lors du dernier match de l’Uruguay en poule.

Le joueur phare

Le renom de Santiago Arata n’est plus à faire dans le rugby français, où il brille avec le Castres Olympique. Pour cette Coupe du Monde de Rugby, le demi de mêlée Arata s’est montré sous son meilleur jour en signant notamment un essai magnifique lors de la victoire 36-26 sur la Namibie. À 27 ans, il a encore de belles années de rugby devant lui.

La révélation de l’équipe

L’essai qu’il a inscrit contre la France pourra servir de carte de visite à l’arrière Baltazar Amaya. Ce natif d’Argentine qui a grandi en Uruguay a gravi un à un tous les échelons du rugby national. Après avoir joué un rôle de premier plan lors des HSBC World Rugby Sevens Series, il a aidé les Teros à se qualifier pour Paris 2024. Auteur de trois essais en trois matchs, Amaya s’est parfaitement épanoui lors de cette Coupe du Monde de Rugby.

Petit côté

Asado. L’asado, c’est le barbecue uruguayen, mais c’est bien plus que ça dans la culture de l’Uruguay. Après sa victoire contre la Namibie, l’équipe a fêté l’événement en s’offrant un asado géant, organisé par l’ancien président de la Fédération uruguayenne de rugby et actuel vice-président de Sudamérica Rugby, Marcello « Chelo » Calandra. L’homme sait manier le tournebroche, qu’on en juge plutôt : il a nourri plus de 150 personnes (joueurs, proches et amis) en leur servant 110 kg de bœuf uruguayen de première qualité.

La stat qui impressionne

Le flanker Diego Ardao (en photo) s’est montré phénoménal à la récupération, au point d’être couronné empereur uruguayen des rucks. Impliqué dans 49 rucks défensifs, il a effectué 45 plaquages et récupéré sept ballons, sans oublier trois pénalités provoquées dans les regroupements. C’est bien simple, il a crevé l’écran, s’attirant l’admiration du public dans le monde entier. Cela suffira-t-il à lui ouvrir les portes d’un club intéressé ? Seul l’avenir nous le dira.

Le verdict

En 2019 au Japon, l’Uruguay avait adopté une devise choc : « éblouir le monde ». Une mission accomplie à l’époque en battant les Fidji à Kamaishi, pour une des plus grandes surprises de l’histoire de la Coupe du Monde de Rugby. En 2023, l’onde de choc n’a pas atteint la même ampleur, mais le monde du rugby n’a toutefois pas manqué de noter la remarquable performance des Teros face aux hôtes français, qu’ils ont su inquiéter jusqu’au bout lors de leur premier match. Pour cette édition de la RWC, l’objectif déclaré des Uruguayens était de battre l’Italie et la Namibie pour obtenir une qualification automatique pour l’édition 2027 en Australie. Face à l’Italie, ils y ont cru jusqu’à la mi-temps, atteinte avec un avantage non négligeable au score (17-7). La Squadra Azzurra a toutefois fait parler l’expérience en éteignant les Teros en deuxième période (victoire finale 38-17). Mais les aventures dans le Súper Rugby Américas du Peñarol Rugby, dont est issue une grande partie de la sélection, devraient permettre au rugby uruguayen de continuer à progresser. Pour ce petit pays de moins de quatre millions d’habitants, gageons que ces 45 jours en France auront compté double.