Cendrillon chez les All Blacks

Comment garder les pieds sur terre quand on vient de mettre 96 points à un adversaire présenté comme dangereux ? La réponse des Néo-Zélandais prend la forme de gants en caoutchouc et d’une brosse à récurer.

« C’est bien de ne pas avoir à faire de déplacement, mais pour mettre un peu de piquant dans notre semaine, on a ajouté quelques surprises », a confié le demi d’ouverture Richie Mo’unga.

« Par exemple, les joueurs ont une liste de choses à nettoyer au camp de base. On a des groupes qui nettoient la salle de vie de l’équipe et les baignoires où on prend les bains de glace, ou le sauna.

« C’est agréable de renouveler un peu les choses pour éviter la routine tout en contribuant à garder un environnement agréable. »

Du haut de ses 65 sélections, le trois-quarts centre Anton Lienert-Brown a été affecté à la machine à café, une tâche qu’il trouve « un peu pénible », mais il n’est sans doute pas fâché d’avoir laissé à d’autres celle de nettoyer le sauna après le passage de 32 de ses coéquipiers.

« On a l’impression d’être à la fac ou dans une sortie scolaire », a ajouté un Mo’unga dont le petit sourire en coin montre qu’il s’en amuse. En attendant que la citrouille se transforme à nouveau en carrosse.

Nick le survivant

Nick Tompkins, le centre du pays de Galles, est conscient de la chance qu’il a d’être ici aujourd’hui. En effet, l’auteur de l’un des essais qui a permis aux Gallois de se qualifier en quart de finale a survécu à une grave méningite à l’âge de sept ans.

Cet épisode l’a tellement marqué qu’il a pris la peine de trouver un créneau au cœur de son emploi du temps très chargé pour participer à la campagne de sensibilisation à propos de cette maladie mortelle.

Tompkins a passé du temps avec la famille de Noa-Rose, qui n’avait que trois ans quand on lui a diagnostiqué une méningite le 4 décembre dernier, 20 ans jour pour jour après que sa mère l’a conduit en urgence à l’hôpital.

« Je me souviens, j’étais à l’école et j’ai commencé à avoir froid. Mes lèvres sont devenues bleues et on m’a renvoyé chez moi. Ma mère s’est dit : ‘Je ne vais pas prendre de risques.’

« Elle m’a emmené à l’hôpital et la situation s’est emballée. Mes parents ont vécu des moments vraiment compliqués.

« Ils se disaient que j’aurais pu mourir. Le point positif, c’est qu’aujourd’hui, si c'est pris en charge rapidement, ça peut être évité. »

Après deux semaines en soins intensifs, Noa-Rose est de retour chez elle, au pays de Galles, où elle joue gentiment avec ses jouets en attendant de rencontrer Tompkins après la Coupe du Monde de Rugby. 

Barrett et ses filles

Une Coupe du Monde de Rugby, c’est long, surtout quand on est éloigné de sa famille. Certains joueurs contournent ce problème en faisant venir leurs proches.

Le Néo-Zélandais Beauden Barrett a ainsi vécu de belles retrouvailles avec sa femme Hannah et ses deux enfants après six semaines de séparation. Son épouse en a profité pour mettre en ligne une jolie vidéo immortalisant ce petit moment de bonheur.

La légende qu’elle a ajoutée sur Instagram dit tout : « Six semaines de séparation, deux vols long courrier, un voyage en train avant de pouvoir enfin retrouver Papa ».

Le Portugal a suivi l’ordonnance des docteurs (et des vétérinaires)

En 2007, Luís Pissarra a été l’une des figures de proue de la première participation du Portugal à la Coupe du Monde de Rugby. Le demi de mêlée, qui a accumulé 73 sélections avec son pays, était vice-capitaine et le baromètre d’une bande de joueurs amateurs aux yeux écarquillés qui ont affronté les légendaires All Blacks, l’Écosse et l'Italie, entre autres.

Seize ans plus tard, le voilà de retour en France et, une fois encore, à la tête des Lobos, bien que cette fois les choses se déroulent de manière bien différente.

« Quand on a disputé ce Mondial en 2007, notre équipe est entièrement composé d’amateurs. Moi, je suis vétérinaire par exemple. Il y en avait deux dans l’équipe, et deux docteurs. C’était totalement amateur », se rappelle Pissarra, désormais entraîneur adjoint du Portugal.

« Maintenant, la moitié de l’équipe joue au niveau professionnel. Et pas seulement les Portugais nés en France qui évoluent en France, mais la moitié des joueurs sont nés au Portugal, et sont allés en France pour jouer au niveau professionnel. »

Les résultats reflètent parfaitement ce bouleversement. En 2007, ils ont concédé 209 points et inscrit 38 points en quatre matchs. Désormais, ils tiennent tête à des équipes comme l’Australie, vainqueur 34-14, ou contiennent le pays de Galles, limité à un succès 28-8.

« On voit plus de gamins courir avec un ballon de rugby sous le bras », sourit Pissarra.