L'Italie, qu'on imaginait capable de bousculer la Nouvelle-Zélande et ainsi se faufiler en quart de finale pour la première de son histoire, est tombée de haut, ce vendredi soir à Lyon. Les Transalpins n'ont jamais été à la hauteur de l'événement, et ont offert une opposition bien trop tendre aux All Blacks.
À peine plus de vingt minutes s'étaient écoulées et les hommes d'Ardie Savea, auteur du 4e essai, tenaient déjà le bonus offensif. Jordan, sur une belle passe au pied de J. Barrett (7e), A. Smith derrière un joli ballon porté (17e), Telea à la conclusion d'une contre-attaque initiée par Savea (19e) et donc le capitaine Savea derrière une touche dans les 22 italiens (22e), avaient transformé l'en-but italien en annexe de leur camp de base.
Le demi de mêlée Aaron Smith y allait même de son triplé à cheval sur la demi-heure de jeu (27e, 34e), portant son compteur à 28 essais en 122 sélections, et le numéro 8 Savea de son doublé (40e+5) pour éteindre tout semblant de suspense avant la pause (49-3).
L'Italie donnait une meilleure image d'elle-même en début de deuxième période en amenant à dame une action bien lancée d'une touche, un secteur en grande souffrance côté italien ce vendredi soir. Capuozzo, décalé par Ioane, plongeait dans l'en-but (48e). Elle avait même le dernier mot, Ioane marquant son essai à la sirène (80e).
Mais entre temps, les Néo-Zélandais avaient déroulé au même rythme qu'en première période. Retallick (50e), Papali'i (56e), Coles (61e, 73e), McKenzie (67e), Jordan (70e), Lienert-Brown (76e) avaient participé à leur tour au galop d'entraînement des leurs.
Sept essais en première période, sept en deuxième, les All Blacks se sont montré consistants d'un bout à l'autre du match et ont montré qu'il faudrait bel et bien compter sur eux dans cette Coupe du Monde.
Quant à l'Italie, la déception est forte mais tout reste possible : il faut maintenant aux Transalpins battre la France, le 6 octobre à Lyon, pour entrevoir les quarts de finale pour la première fois de leur histoire.
RÉACTIONS
Ardie Savea, joueur du match Mastercard et capitaine
À propos de la performance :
« Je suis très satisfait. Nous avons beaucoup travaillé la semaine dernière et cette semaine, pas seulement moi, mais tous les garçons qui ont joué ce soir ont fait des efforts.
« Nous avons du talent dans tous les domaines. Ce soir nous avons joué un rugby libre et c'est comme ça que je veux que les gars jouent. Je suis très fier ce soir. Nous nous sommes beaucoup investis cette semaine et nous avons été récompensés. »
À propos de la démonstration de force :
« Nous voulions faire une démonstration. Nous voulions dominer en attaque. Nos avants ont pris l'initiative et les trois-quarts ont terminé le travail. C'était vraiment bien, mais nous avons un peu baissé la garde à la fin, si bien que nous ne sommes jamais satisfaits, jamais rassurés. Il y a toujours des détails à améliorer. »
Sur la gestion de la pression du match :
« C'était une finale pour nous, un match à la vie, à la mort. Nous devrions jouer comme ça tous les week-ends. »
Sur sa performance :
« Je l'ai mise sur le compte de ma foi. Je suis tellement reconnaissant d'avoir pu donner le sourire aux gens. »
Ian Foster, entraîneur principal
S'il est heureux ou soulagé de la performance :
« Pas soulagé. Je suis fier et heureux. Nous sommes venus ici en espérant bien jouer, grâce à une bonne préparation. Nous étions conscients de l'importance du match et de l'enjeu de la Coupe du monde. Nous avons livré une performance dont nous sommes très satisfaits. »
À propos de Sam Whitelock, qui a fait sa 149e apparition sous le maillot des All Blacks, ce qui constitue un record :
« À titre individuel, c'est une grande réussite. Le fait d'être le seul à avoir joué autant pour cette équipe est assez exceptionnel. Il le mérite. Il a été un guerrier pendant très longtemps et il continue à faire son boulot. Je suis très fier de lui et c'est une belle occasion pour lui de marquer le coup. »
Si l'expérience a joué un rôle important dans la victoire :
« Je pense que oui. Nous avions une équipe très expérimentée avec quatre joueurs qui revenaient de blessure, deux d'entre eux ont commencé et deux étaient sur le banc. Vous avez vu ce qu'ils ont apporté à l'équipe. Il s'agit de monter en puissance dans cette Coupe du monde et nous avons posé un jalon en ce sens. »
Ange Capuozzo, trois-quarts aile
À propos de la contre-performance de ce soir :
« Il y a de la déception. On s’attendait un très gros match, on n’est pas surpris de l’intensité que la Nouvelle-Zélande a mise ce soir. C’est dur d’analyser à chaud. Le score est très élevé. On a mis énormément de cœur dans la bataille ce soir, c’est pour ça que c’est difficile d’analyser. On a eu quelques bobos. On est un peu déçus après ce match. Le mondial n’est pas fini. On a toujours la tête haute. »
Comment se on se reconcentre pour la suite :
« Avec une bonne nuit. Ils nous ont pris au sérieux, c’est une forme de respect de leur part. Ils ont joué un jeu précis et clinique. On n’a pas à rougir de notre prestation. On tombe sur une grande équipe. J’ai entendu beaucoup de choses dans la semaine comme quoi la Nouvelle-Zélande était battable et qu’elle n’était pas dans sa meilleure période. J’invite tous ceux qui ont analysé cette équipe à venir sur le terrain et à jouer contre eux. C’est une équipe en place, sérieuse et qui a beaucoup d’atouts. »
À propos du huitième de finale qui se profile contre la France:
« On ne va pas s’arrêter à ce match-là. On a quelques points assez positifs quand on a réussi à tenir le ballon. On a sept jours pour se préparer pour le match contre la France. C’est l’objectif. »
Kieran Crowley, sélectionneur
Sur ce qui s’est mal passé :
« Ils nous ont détruit. Ç'a été un entraînement pour eux. On a gagné 33 % de nos mêlées et 50 % de nos touches.
« Ils ont joué extrêmement bien. On leur a donné quelques essais. Il faut jeter ce match à la poubelle et penser à la semaine prochaine. »
Sur ce qu’ils doivent améliorer :
« On doit être meilleurs en conquête, en touche. Dès qu’on avait la balle, on rendait le ballon ou on concédait une pénalité à cause de la pression qu’ils nous mettaient. C’est possible qu’on ne re-visionne même pas ce match, on verra. »
Michele Lamaro, capitaine
Sa réaction suite à la défaite :
« C’est dur d’avoir les mots. On a pris une vraie leçon. On doit rester soudés. On a une autre occasion (face à la France lors de leur dernier match de poule) et on doit bien se préparer. Parfois, ce n’est pas notre jour. On doit rester soudés. »
À propos de ce qu’ils doivent travailler :
« Il faut se concentrer sur les bases. Aujourd’hui, le pack est passé au travers en mêlée et en touche. On a perdu beaucoup de collisions. C’est une leçon, on doit avancer et rester solidaires »
CONFÉRENCE DE PRESSE
Kieran Crowley, sélectionneur
Sur ce que la Nouvelle-Zélande a mieux fait :
« Ils ont juste marqué plus de points. Ils nous ont mis sous pression et on a été pénalisés. Ils ont été meilleurs que nous dans les rucks. Ils ont été incroyables ce soir. On a laissé passer trois essais en cinq minutes, ça nous a mis dedans. »
Sur le fait que la Nouvelle-Zélande a fait exactement ce qu’il avait anticipé :
« C’est vrai, on s’attendait à ce genre de match. On a subi leur intensité physique, on n’a pas réussi à s’imposer, ils étaient trop forts. Ils ont marqué un grand coup et ont pris de la confiance pour la suite. »
Sur l’importance de la dimension psychologique :
« Je n’ai pas l’impression que cette Coupe du Monde arrive trop tôt. L’adversité sert à apprendre, l’équipe est en progrès et on a bien évolué par rapport à ce que l’on faisait il y a 10 mois. On continue de progresser. On vient d’affronter l’une des meilleures équipes du monde, c’est tout. »
Sur ce qu’il faut faire pour mieux se préparer face aux meilleures équipes :
« Il faut qu’on reste unis. On doit récupérer et ne pas se désunir. Un mauvais match ne fait pas de toi une mauvaise équipe. »
S’il faut apporter du changement au niveau institutionnel pour finir par réduire l’écart avec les grandes nations :
« Il faut changer des choses, c’est certain. Mais les joueurs se sont bien préparés et ont été battus par une excellente équipe qui était dos au mur. Pour le moment, on doit se concentrer sur ce qu’on peut faire et ce qu’on contrôle.
« Contre la France, la situation sera la même, pour nous comme pour l’adversaire. C’est la poule, elle est comme ça. Donc oui, il y a des choses à changer mais ce n’est pas encore le moment d’en parler. »
Michele Lamaro, capitaine
Sur ce qui a changé la donne :
« C’est difficile de répondre. En tant que joueurs, on est conscients qu’on est passés à côté. C’est difficile à digérer. C’est clair qu’on n’a pas respecté les bases de jeu, le combat, la mêlée, etc.
« On n’a pas réussi à les dominer au contact. Quand on commence à subir comme ça, c’est dur de réussir à rivaliser contre une telle équipe. On a essayé de les mettre sous pression. Mais il faut avouer qu’on n’a pas réussi à mettre en place ce qu’on a travaillé. »
S'il a senti que le match leur échappait :
« Oui, après le troisième essai, et une erreur que j’ai faite. »
« J’ai eu la sensation que l’équipe perdait le fil et qu’on n’a pas réussi à gagner les petits combats qui permettent de se lancer et faire tourner la dynamique du match.
« On a continué à être pénalisés. On aurait pu défendre un peu mieux sur certaines actions, et tous ces éléments mis bout à bout te font perdre le match. On n’a pas réussi à se mettre dans le match. Ils voulaient faire un gros début de match, ils l’ont fait. C’est à nous d’apprendre, même si là, c’est dur à encaisser. »
Sur l’impact des erreurs non provoquées par l’adversaire :
« Oui c’est clair que ces erreurs nous ont empêchés de monter en puissance. On doit travailler pour faire moins d’erreurs mais aujourd’hui, on n’a jamais réussi à bien faire les choses simples, que ce soit en touche ou en mêlée. »
« Malheureusement, on a pêché sur les fondamentaux. C’était un match compliqué de base, ils nous ont dominés physiquement. On le sait, le côté mental t’aide à dominer. C’est à ça que ça se résume. »