Le 25 juin 2006, l'équipe de France des moins de 21 ans battait l'Afrique du Sud 24-13 au Stade Marcel-Michelin à Clermont-Ferrand. Ce fut la première fois que l'équipe de France devenait championne du monde. Il faudra attendre 2018 puis 2019 pour que la France soit à nouveau sacrée, alors que le tournoi s’est limité aux moins de 20 ans depuis 2008.

Dans l’équipe de 2006, de futurs grands noms du rugby évoluaient sous la férule de Didier Retière et Emile Ntamack. Et parmi eux, le talonneur Guilhem Guirado, alors tout juste âgé de 20 ans (depuis le 17 juin). « Ça remonte quand même ! J’étais beaucoup plus jeune », rigole-t-il, 17 ans après.

« C’était un beau tournoi parce que c’était au moment où on lançait un peu notre carrière et où on avait tous espoir de jouer professionnel et surtout de se servir de ce tremplin pour aller chercher le rêve le plus fou, c’est-à-dire de jouer pour l’équipe de France, la plus grande.

« En gagnant cette édition, ça nous avait permis d’avoir un puits de lumière et de se rendre compte qu’on avait des joueurs de talent qui avaient réussi à gagner quelque chose. »

APRES CE TITRE, 74 SELECTIONS AVEC LE XV DE FRANCE

Ces joueurs de talent avaient pour nom Loïc Jacquet, Fulgence Ouedraogo, Damien Chouly, Sébastien Tillous-Borde, Lionel Beauxis, Maxime Médard… Et donc Guilhem Guirado qui arrêtera sa carrière de joueur au bout de 74 sélections, dont 33 en tant que capitaine.

Sa première sélection internationale interviendra moins de deux ans après avoir été sacré champion du monde (le 9 mars 2008). Sa dernière sera à l’issue de sa troisième Coupe du Monde de Rugby, le 20 octobre 2019.

« Sur tout l’effectif, 80 ou 90% ont réussi à faire carrière, ce qui est important », rappelle celui qui est passé par Perpignan puis Toulon. « Et au moins 40% ont connu les joies de l’équipe de France. Ce sont des moments forts qui nous ont liés à vie et à chaque fois qu’on se recroisait on savait qu’on avait partagé un bon moment. »

Au moment où les Bleuets quittent le territoire français en vue du Championnat du Monde des Moins de 20 ans qui se jouera en Afrique du Sud du 24 juin au 15 juillet, l’ancien homme fort du XV de France tient à faire passer un message.

« D’une part, qu’ils profitent de l’évènement, mais aussi – même si c’est compliqué quand on est dans une compétition – de ce pays, l’Afrique du Sud. J’ai eu la chance de faire les moins de 19 ans là-bas, à Durban. C’est un pays fantastique. Il faut qu’ils se rendent compte que c’est un territoire fabuleux.

« Et ensuite concernant la compétition, juste de se lancer. C’est toujours des moments gravés à vie. Même si certains ont déjà commencé à entrevoir le chemin du rugby professionnel, jouer pour son pays, il n’y a rien de plus beau et c’est complètement différent que de jouer pour son club… »

UN PASSEPORT POUR LA SUITE

Mais un avenir dans le rugby pro aujourd’hui passe-t-il obligatoirement par la réussite au Championnat du Monde ?

« Non, mais vous voyez très bien que la génération qui a gagné deux fois le titre de champions du monde de moins de 20 ans, cette génération a été très bien épaulée et elle a réussi à confirmer rapidement au haut niveau », insiste Guilhem Guirado.

« Ça leur a permis d’avoir une certaine crédibilité, une certaine prestance. Forcément, quand vous n’avez pas de bons résultats, vous passez à travers les gouttes.

« Le double titre a fait beaucoup de bruit et c’était normal. Je pense que cette double génération, ça les a propulsés au plus haut niveau. Il faut quand même se rendre compte qu’un titre aussi important pour eux va les aider en termes de crédibilité pour le haut niveau et le monde professionnel. »

Preuve en est que, un an après le premier titre de 2018, un certain nombre de Bleuets champions du monde partaient au Japon avec le XV de France de Jacques Brunel disputer la grande Coupe du Monde de Rugby à l’automne 2019. Parmi eux : Demba Bamba, Romain Ntamack et Pierre-Louis Barassi (arrivé sur le tard).

« On les a un peu chambrés quand ils sont arrivés, c’était normal », sourit aujourd’hui Guilhem Guirado qui était alors leur capitaine. « On leur disait qu’ici ils n’étaient pas avec des catégories jeunes et que cette étoile de champion du monde, il fallait qu’ils la rangent parce que c’était du passé. C’était plus gentil et bienveillant qu’autre chose. »

L’apprentissage a été difficile – défaite 20-19 en quart de finale contre le Pays de Galles. « Ils s’aperçoivent que le gap est énorme entre le niveau des catégories jeunes et la grande équipe de France. Les chambrer, c’était bienveillant pour qu’ils se remettent en question pour performer et être encore meilleurs.

« Je pense à un garçon comme Romain Ntamack, ça lui a énormément servi. Il recherche la perfection. C’est le genre de personne qui n’est jamais content et qui n’en a jamais assez. »

A l’inverse, un Antoine Dupont, pas retenu pour le championnat du monde par l’entraîneur Fabien Pelous pour l’édition 2015 où la France terminera 4e, le sera par son successeur Thomas Lièvremont l’année suivante où les Bleuets termineront… à la 9e place. Ce qui n’empêchera pas Antoine Dupont d’être sacré meilleur joueur du monde en 2021…