Il n'y a pas grand-chose qu'Hollie Davidson n'ait pas réussi à accomplir en tant qu'officielle de match. Mais il reste une ligne qu'elle est déterminée à ajouter à son CV déjà impressionnant : une Coupe du Monde de Rugby masculine.
Rien qu'au cours des 12 derniers mois, Hollie a arbitré des finales lors des Jeux du Commonwealth, de la Coupe du Monde de Rugby à Sept et de la Coupe du Monde de Rugby 2021, tout en devenant un visage de plus en plus familier dans le rugby masculin.
Davidson, qui a régulièrement arbitré des matchs du United Rugby Championship (URC), a dirigé la première équipe d'officiels entièrement féminine lors d'un match européen lorsque les Scarlets ont accueilli les Cheetahs dans le cadre de la Challenge Cup en janvier.
Se remémorant l'année écoulée, elle reconnaît que celle-ci a été « un peu folle » et « parfois mouvementée », mais elle est, à juste titre, très fière de ce qu'elle a accompli.
« Quand je me suis engagée dans l'arbitrage, j'ai toujours voulu essayer de me dépasser pour devenir l'une des meilleures », raconte-t-elle à World Rugby. « Repousser les limites, repousser les perceptions et continuer à se remettre en question. »
L'Écossaise va aller encore plus loin et plus haut au cours des prochains mois, puisqu'elle entame une tournée de travail bien remplie en Afrique du Sud et en Europe.
Davidson sera en effet mobilisée comme arbitre assistante lors de trois matchs de préparation à la Coupe Monde de Rugby 2023 en août - à Bucarest, Lisbonne et Twickenham - mais avant cela, elle se rendra au Cap ce mois-ci pour devenir la première femme arbitre à officier lors du Championnat U20 de World Rugby.
Hollie Davidson sait à quel point ce tournoi mondial jeune peut être une étape importante alors qu'elle tente de cocher l'un de ses tout derniers objectifs et d'obtenir une sélection pour la Coupe du Monde de Rugby masculine.
« Le tournoi des moins de 20 ans est une excellente opportunité de passer à l'étape suivante des tests masculins de World Rugby », affirme-t-elle.
« Franchement, je pense que c'est peut-être la première étape de ce processus [vers une Coupe du Monde de Rugby]. Ce qui est probablement le plus important maintenant, c'est que oui, j’y aille, mais que je réalise des performances dont je serais fière et que ça me permettra d'aller encore plus loin.
« C'est bien que j'y aille, mais si je ne suis pas à la hauteur, je risque de vite revenir en arrière. Il faut donc que j'y aille, que je reste concentrée et que j'espère que j'irais encore plus loin après la Coupe du monde junior. »
L’IMPORTANCE DES RELATIONS DE TRAVAIL
La façon dont elle échangera avec ses collègues de l'équipe des officiels de match et les joueurs, qui pourraient bien devenir les stars des prochaines Coupes du Monde Rugby, fera partie intégrante de ce parcours potentiel.
Six des 26 officiels de match sélectionnés pour la Coupe du Monde Rugby 2023 - dont le Géorgien Nika Amashukeli - ont arbitré lors du dernier Championnat du Monde des moins de 20 ans, en Argentine en 2019, et Davidson pense que les liens qu'elle tissera au cours du mois à venir seront déterminantes.
« Tout le monde sait que les équipes les plus performantes sont celles qui parviennent à communiquer lorsqu'elles sont sur le terrain », explique-t-elle. « Pour moi, c'est la même chose avec les officiels de match.
« Si vous avez une bonne relation de travail et que vous êtes là pour vous entraider les uns les autres, selon moi, c'est comme ça que nous obtenons les meilleurs résultats sur le terrain. »
Davidson est impatiente de découvrir ce qui l'attend en Afrique du Sud. Ayant participé aux deux précédentes éditions du Tournoi des Six Nations U20, elle s'attend à des matchs rapides et décrit les joueurs de ce niveau comme des « boules d'énergie ».
FACE AUX SUPPORTERS
Suite à sa désignation en tant qu'arbitre assistante lors de la demi-finale de l'URC des Stormers contre le Connacht au Cap le mois dernier, elle espère que les supporters rempliront à nouveau les tribunes - comme ils l'ont fait lors de la dernière édition du tournoi en Afrique du Sud, en 2012.
« Les Sud-Africains adorent leur rugby », souligne Davidson. « Nous avons assisté à la demi-finale de l'URC et les 47 000 spectateurs du Cap ont été incroyables, et je ne doute pas qu'ils viendront aussi pour les U20.
« Je suis persuadée qu'ils viendront aussi pour les U20. Vivre cette expérience devant ce public et être dans un pays qui est absolument passionné par son rugby, c'est génial, c'est très excitant. »
Davidson s'habitue de plus en plus à fouler le sol de grands stades, mais elle admet avoir eu un peu le trac la semaine précédant la finale du Monde de Rugby 2021, surtout lorsque la nouvelle de l'affluence record à l'Eden Park a commencé à filtrer.
« Quand vous voyez tous les articles qui disent que c'est à guichets fermés ou qu'ils ont mis en vente plus de billets et qu'ils ouvrent une autre section du stade, je me suis dit "putain de merde" », rigole-t-elle aujourd'hui.
« J'ai ensuite éteint mon téléphone et à ce moment-là, je me suis dit : "Tu as été choisie pour une raison, Hollie" et j'ai essayé de me répéter ça dans ma tête pour ne pas me focaliser sur ce qui pouvait me stresser.
« Parce que je savais qu'en tant qu'arbitre, vous alliez entrer et que le public allait tenter de vous dicter la marche à suivre à certains moments. Je m'étais déjà préparée à ça dans ma tête.
« En fait, il s'agissait surtout de rentrer sur le terrain et d'essayer de profiter de la situation, de l'absorber, comme si ça n'allait arriver qu'une fois dans une vie.
« À un moment donné, je me souviens m'être retournée et avoir souri à mon assistante, Aimee Barrett-Theron, qui m'a répondu par un sourire : "Tu te rends compte de ce qui se passe aujourd'hui ?" ».
42 579 PAIRES D’YEUX BRAQUÉES SUR ELLE
Davidson devait prendre la décision la plus importante de sa carrière avec moins de 17 minutes à jouer à l'Eden Park.
Malgré les 42 579 paires d'yeux braqués sur elle dans le stade, et les millions de téléspectateurs du monde entier, elle s'est sentie très sereine lorsqu'elle a expulsé l'ailière de l'Angleterre Lydia Thompson pour un plaquage dangereux sur Portia Woodman-Wickliffe.
« Dans cette situation, parce que c'était rouge, je me suis sentie très calme et en total contrôle parce que ce n'était pas une décision à 50-50 », dit-elle.
« C'était très clair, ce qui rend les choses un peu plus faciles. Évidemment, pas pour la joueuse, mais dans ces cas-là, la décision est un peu plus facile à prendre. »
À l'issue du match, remporté par la Nouvelle-Zélande 34-31, Davidson a célébré avec sa partenaire et ses collègues dans le vestiaire, tandis que l'arbitre de la finale de la Coupe du Monde de Rugby 2017, Joy Neville, a prononcé un discours en son honneur.
« C'était juste un passage de témoin », raconte Davidson. « Nous sommes devenus un groupe d'officiels tellement soudé pendant cette période en Nouvelle-Zélande qu'il était très agréable de terminer en beauté.
« Il y avait du champagne, on a bu quelques verres dans les vestiaires après le match. Et puis j'ai allumé mon téléphone. Ma mère s'était levée à Dieu sait quelle heure du matin et elle était tellement fière. »
Compte tenu de la volonté de sa fille de devenir la meilleure arbitre possible, ce ne sera certainement pas le dernier message que Davidson recevra alors qu'elle voyage du Cap à Twickenham et au-delà.
« J'ai des gens autour de moi - et des gens qui occupent des postes importants - qui veulent voir le changement et qui veulent faire avancer l'arbitrage », poursuit-elle.
« Ca me permet de rester motivée, car c'est comme un élan collectif en faveur du changement, ce qui me permet de rester concentrée, et c'est très bien comme ça. »