Quatrième match du Tournoi des Six Nations féminin et quatrième victoire pour l’équipe de France. En battant le Pays de Galles 39-14 au Stade des Alpes de Grenoble le 23 avril, les Françaises ont confirmé qu’elles étaient sur le bon chemin de la reconstruction dans ce nouveau cycle en vue de la Coupe du Monde de Rugby 2025.

« Ce n’était pas le match idéal pour préparer le Crunch de samedi dans la mesure où c'est un adversaire qui, d'entrée de jeu, ne nous a pas posé de problèmes », constate néanmoins Laura Di Muzio, commentatrice du rugby féminin pour France Télévision.

« Je pense vraiment que les Galloises sont passées à côté de leur entame. Clairement, elles ont pris l'eau de toutes parts pendant 40 minutes. En revanche, les Françaises ont fait le job parce qu’on s’attendait à un match très serré jusqu'à l'heure de jeu, qui plus est contre des candidates sérieuses à la troisième place du Tournoi.

« Or, j'étais vraiment déçue de la première mi-temps des Galloises. Je les ai trouvées à côté et nous, au contraire, on a été libérés. On a joué sans se poser de questions. »

Pourtant, après une période de feu où la France a accumulé les essais pour mener 29-0 à la pause, les coéquipières de la capitaine Audrey Forlani ont subi les assauts des Galloises au début de la seconde période en encaissant deux essais transformés en cinq minutes. Un passage à vide dont les Françaises sont ressorties plus concentrées.

« Je pense que ce passage à vide est une accumulation de différents facteurs », analyse Laura Di Muzio. « Déjà, le fait d’avoir dès la première mi-temps engrangé le point de bonus offensif, ce qui fait qu’un des objectifs était déjà atteint. Ensuite, les conditions météo étaient vraiment catastrophiques. Je ne sais pas si on s’en rendait compte à la télévision, mais à un moment donné il y a eu une bourrasque terrible – et pourtant on était à l’abri au Stade des Alpes ! - et toutes nos feuilles et nos stylos se sont envolés.

« Sur le terrain, ça devait être très difficile de pouvoir mettre en place un jeu propre à l’équipe de France, c'est à dire un jeu ambitieux. Les Galloises, elles, en ont profité pour marquer des essais, certes, mais en procédant à du rugby à une passe. Elles étaient au ras, elles fermaient le jeu, elles ne cherchaient pas à ouvrir du tout, alors que les Françaises étaient plutôt sur cette recherche des espaces, une volonté d’envoyer du jeu.

« Et avec de telles conditions, on l'a vu par rapport à la première mi-temps : beaucoup plus d'imprécisions dans les transmissions, des ballons par terre… Je pense que le jeu français n'était pas forcément plus facile à mettre en place avec les conditions de la deuxième mi-temps. »

EN ATTENDANT LE CLASH CONTRE L’ANGLETERRE A TWICKENHAM

Mais avec ces quatre victoires de rang, le XV de France féminin s’est-il préparé au mieux pour le Crunch de samedi à Twickenham, finale de cette édition 2023 du Tournoi des Six Nations féminin ?

Après avoir battu avec un peu de difficulté l’Italie 22-12 en ouverture, s’être rassurées en Irlande 53-3, et avoir déroulé en recevant l’Ecosse à Vannes 55-0, le parcours de la France a été crescendo.

En face, même si l’Angleterre s’en est sortie avec de très larges victoires – 58-7 contre l’Ecosse, 68-5 contre l’Italie, 59-3 face au Pays de Galles et 48-0 contre l’Irlande – le Crunch du 29 avril devrait rebattre les cartes.

« J'ai hâte de voir ce match, d'autant plus que, au vu de ce qu'ont proposé les Françaises sur les quatre premiers week-ends, je pense qu'on aura une carte à jouer », assure la consultante en rugby féminin.

« Je pense que la France est plutôt sur une phase ascendante avec un démarrage un peu difficile en Italie et puis une prise de confiance au fur et à mesure de la compétition. Avec en plus la révélation de quelques filles qui ont confirmé et qui sont, elles aussi, en pleine confiance, contrairement à des Anglaises qui sont en fait selon moi sur une autre dynamique. Ce sera en plus le dernier match de (Simon) Middleton (l’entraîneur, ndlr).

« Pour l’Angleterre, ça a été un peu compliqué tout au long du Tournoi. Il y avait déjà des filles qui étaient blessées et là d’autres devraient être absentes ; je pense notamment à (Marlie) Packer que je ne vois pas rétablie à temps avec une entorse à la cheville (la pilier Hannah Botterman pourrait également être forfait, ndlr).

« En fait, j'ai l'impression que les dynamiques se sont inversées au cours du Tournoi et, moi-même, je ne m'y attendais pas forcément. La France est plutôt sur une dynamique ascendante et la prise de confiance, tandis que les Anglaises n’ont pas pleinement convaincu. Après, c'est difficile à dire quand tu as des scores avec des 50-0.

« Mais quand tu vois la première mi-temps qu'elles ont pu faire contre le Pays de Galles (les Red Roses ont été malmenées pendant les 25 premières minutes, ndlr), le passage à vide, elles aussi, contre l'Irlande avec zéro point marqué entre la 40ᵉ et la 75ᵉ, tu te dis qu’il y a moyen d'être le petit grain de sable qui va perturber l'engrenage anglais. »

Et ce petit grain de sable, ce pourrait être d’utiliser la même technique – mais en mieux pour éviter la défaite cette fois ! - lors de la Coupe du Monde de Rugby 2021 où les deux équipes s’étaient retrouvées en match de poule à Whangarei, Nouvelle-Zélande.

« On les avait pressées très fort, très haut, on ne les avaient pas laissées respirer et donc ça les avait obligées à se refermer. Elles n’avaient pas pu proposer leur jeu. Quand elles sont sous pression, elles paniquent un peu. Cette comme tout le monde : elles tentent moins, elles osent moins, elles mettent plus de ballons par terre….

« Là, en plus, elles n'ont pas leur tour de contrôle ou leurs joueuses références qui sont celles qui sont capables à certains moments de remettre tout le monde dans l'avancée. Je pense notamment à Sarah Hunter, Emily Scarratt ou à Marlie Packer. Vraiment, je pense que c'est le moment. Je pense qu’il y a plein de choses qui fait qu'on arrive à maturité pour pouvoir les prendre… »

Photo : France Rugby