Ce n’est pas que le HSBC Canada Sevens ne réussit pas aux Françaises. C’est qu’elles n’y ont jamais vraiment encore d’exploit. Le Canada a accueilli les Women's Series pour la première fois en 2014-2015 et depuis cette date-là, les Françaises n’ont jamais gagné plus de 14 points au classement général. Elles ont même perdu les quatre dernières finales de bronze au Canada, depuis 2017.

Est-ce que le changement de décor à Vancouver va leur être bénéfique ? Le BC Place devient en effet ce week-end le 23e site différent utilisé pour les HSBC World Rugby Women's Sevens Series après avoir déménagé de Langford qui accueillait ce tournoi populaire depuis six ans.

Cette fois, c’est la neige qui a attendu les filles. D’ailleurs, ce sera la première fois qu'un tournoi du circuit mondial féminin sera joué dans un lieu couvert. Mais revenons à des considérations plus sportives…

UNE FORTERESSE QUI SE RENFORCE

Lors de la dernière étape – Sydney, fin janvier - la France a remporté sa première médaille d'argent depuis Kitakyushu en 2018, et la cinquième, toutes confondues, depuis les Series 2016-2017 (où les filles avaient remporté trois médailles de bronze et deux d’argent).

Les Bleues, quatrièmes au classement général, n’ont remporté deux médailles consécutivement qu’une seule fois : le bronze, à Dubaï 2021.

Mais ce qui pose souci à cette équipe depuis le début de la saison – Vancouver est le cinquième tournoi d’une saison qui en compte deux autres – c’est l’indiscipline. Un gros travail a été fait et cette problématique semble se résorber.

Ainsi, alors que les filles de David Courteix concédaient en moyenne 3,8 pénalités par match, lors de la dernière étape à Sydney, leur nombre total de pénalités n'a atteint que 17, leur plus bas niveau dans un tournoi cette saison.

Autre point sensible d’amélioration, leur défense. A Sydney, elles ont obtenu le quatrième meilleur taux de plaquage de toutes les équipes avec 78 %. Pas facile de franchir la ligne dans ces conditions.

Par conséquent, la Nouvelle-Zélande a été la seule équipe à Sydney à marquer plus d'un essai contre la France, aussi bien dans les phases de poule (victoire 29-14) qu’en finale de Cup (victoire 35-0).

Mais face aux autres adversaires, les Françaises ont limité les occasions de marquer des points à sept points ou moins, même face à l’Australie. Elles ont empêché leurs adversaires de marquer en première période lors de quatre de leurs six matchs.

L'attaque française a la deuxième meilleure moyenne de ballons portés (25,1) par match de toutes les équipes cette saison, mais elle franchit la ligne défensive tous les 6,9 ballons portés, soit le quatrième ratio le plus bas de toutes les équipes.

La remise en jeu rapide a été leur principale source de points cette saison, avec 51% de leurs essais provenant de cette possession de balle, le plus grand nombre de toutes les équipes. Une technique qui pourrait profiter à Séraphine Okemba.

« Séra », la plus grande de l’équipe du haut de son mètre 78, a en effet besoin de marquer un seul essai supplémentaire pour devenir la sixième joueuse française à en marquer 50. Trois joueuses de ce club tricolore très fermé se trouvent justement à Vancouver ce week-end : Chloé Pelle (62), Camille Grassineau (82) et Jade Uutule (53).

Le coach David Courteix a emmené dans son trip en Amérique du Nord le même groupe que Sydney, complété donc par Jade Ulutule (dont ce sera le 22e tournoi) et Chloé Jacquet. Ces deux joueuses n’avaient plus joué sur le circuit depuis Toulouse 2022, même si Jade avait été capitaine des Bleues médaillées de bronze lors de la Coupe du Monde de Rugby à 7 au Cap en septembre.

DANS LA POULE B FACE A L’ESPAGNE, AU JAPON ET A L’AUSTRALIE

Dans la Poule B, la France aura fort à faire en affrontant pour commencer l’Espagne, une équipe contre laquelle elle a remporté les 17 derniers matchs et 21 de ses 22 matchs des Series féminins. Mais leur victoire 14-5 à Dubaï cette saison était leur plus petite marge de victoire depuis le début de la saison 2020.

Ce match opposera deux équipes qui conservent constamment la possession du ballon. L'Espagne a en moyenne le plus grand nombre de ballons portés par match (25,5), juste devant la France.

La deuxième rencontre du week-end en match de poule sera contre le Japon, là encore une équipe qui peut se révéler piège. La France a en effet subi la première défaite de son histoire dans les Series contre le Japon à Hamilton en janvier, mais elle a su rebondir une semaine plus tard en s'imposant 24-5 à Sydney. C’était la première fois en quatre rencontres cette saison qu'elle a tenu le Japon à un essai ou moins.

Pour rappel, leur victoire 41-5 à Langford la saison dernière a établi un nouveau record de victoire dans cette confrontation (toujours dans la Poule B d’ailleurs).

Enfin, la rencontre qui déterminera quelle équipe terminera en tête de la Poule B se jouera contre l’Australie. Certes deuxièmes au classement général, les championnes des Series sont passées un peu à côté de leur tournoi à domicile en terminant à la 5e place à Sydney fin janvier.

Si la France n'a remporté que trois matchs sur le circuit contre l'Australie dans son histoire en 33 occasions, deux d'entre eux l'ont été lors de leurs quatre dernières rencontres : en poule à Séville la saison dernière et en quarts de finale de Cup à Sydney.

La marge a été serrée lors de leurs 11 dernières rencontres depuis le début des Series 2020, avec sept matchs décidés par cinq points ou moins. Trois rencontres qui promettent d’être passionnantes à suivre.