Les 34 235 fans présents à l'Eden Park n'ont pas été les seuls à être subjugués par cette première journée exceptionnelle de la Coupe du Monde de Rugby 2021.

Sur le terrain samedi 8 octobre, la pilier de l'Angleterre Sarah Bern était déterminée à profiter de tout ce qui se passait sur le terrain contre les Fidji, des jets de flammes qui saluaient l'arrivée des équipes au boucan qui émanait des tribunes.

« Participer à la Coupe du Monde est incroyable en soi », explique Sarah Bern à World Rugby.

« Avoir un public aussi énorme, beaucoup de gens qui vous encouragent et entendre les réactions à chaque truc qui se passe sur le terrain, ça vous stimule encore un peu plus.

« Ça crée une ambiance vraiment bonne et excitante autour de vous, et ça vous aide dans les moments où [vous pensez] que ça traine un peu en longueur et que ça ne vous dérangerait pas que le ballon sorte pour pouvoir faire une pause… »

Sarah Bern n'est pas une joueuse qui a besoin d'une motivation supplémentaire pour réussir à la Coupe du Monde de Rugby 2021. Membre de l'équipe d'Angleterre, qui s'est inclinée en finale contre les Black Ferns à Belfast il y a cinq ans, la pilier a fait partie intégrante du parcours des Red Roses jusqu'au sommet du classement mondial féminin World Rugby présenté par Capgemini.

Si la Coupe du Monde de Rugby 2021 n'avait pas été reportée en raison de la pandémie de Covid-19, il est possible que l'avant des Bristol Bears aurait manqué sa deuxième Coupe du Monde de Rugby.

GARDER LE SOURIRE QUOI QU’IL ARRIVE

Une blessure à l'épaule l'a empêchée de participer au Tournoi des Six Nations féminin 2021 et l'a obligée à attendre pratiquement un an entre ses 36e et 37e sélection en équipe d'Angleterre.

« Je suis reconnaissante maintenant pour ces moments plus difficiles que j'ai eus parce que si jamais je stresse trop par rapport au rugby, j'ai juste besoin de cette petite voix qui me dise, hey, n'oublie pas que t'as bien failli ne pas être là », confie-t-elle.

« Tout peut arriver, alors il faut se sentir chanceuse d'être là et garder le sourire parce que c'est ce que j'aime.

« Donc, pour ma part, je me réjouis de ces moments. Je n'étais peut-être pas très sûre de moi avant que la Coupe du monde ne soit repoussée, mais maintenant, ça m'aide à rester positive. »

Bern a connu 51 minutes d'action sur la pelouse de l'Eden Park samedi 8 octobre, avec six ballons portés, cinq plaquages et une prise de possession en phase post-plaquage.

La joueuse de 25 ans a également contribué à renforcer une mêlée anglaise parfaite, un aspect du jeu sur lequel elle a travaillé sans relâche depuis la Coupe du Monde de Rugby 2017.

Sarah admet qu'il y a cinq ans, son objectif principal était de tenir son rang en première ligne, alors qu'elle était la plus jeune membre de l'équipe des Red Roses et qu'elle s'était depuis peu muée en pilier.

« C'était un peu la folie cette année-là pour moi », raconte Bern. « Apprendre à jouer à ce poste, risquer de ne pas aller à la Coupe du monde, puis finalsment y aller et y jouer.

« C'était complètement fou, et je n'ai sans doute pas profité comme je l'aurais voulu. J'étais tellement occupée à essayer de ne pas reculer dans la mêlée, en fait.

« Je pense que lorsque nous avons perdu en finale, ça a été très dur et c'était un moment important où je me suis dit : "Je ne veux plus ressentir ça".

« Donc, ces cinq dernières années, j'ai utilisé ça comme carburant et j'ai fait tout ce que je pouvais faire pour être dans la meilleure situation possible si cette opportunité se présentait à nouveau. »

LA REINE DE LA MELEE

Sarah Bern cite l'ancien entraîneur des avants des Red Roses, Matt Ferguson, ainsi que les anciens et actuels piliers masculins des Bristol Bears, Mark Irish et Kyle Sinckler, comme autant de références dans son parcours pour devenir une « geek de la mêlée ».

« Je pense qu'il faut être très forte, mentalement forte, pour jouer en première ligne de nos jours. Il faut être capable d'être rapide et dynamique mais aussi de tenir toute une mêlée », dit-elle.

« C'est un véritable défi. Il ne s'agit pas seulement de force brute, il faut aussi apprendre le métier. Il faut beaucoup réfléchir : "Que font-elles ? Comment puis-je les contrer ? Comment puis-je manœuvrer ? Comment pourrais-je arrêter ça ?

« C'est un jeu qui demande beaucoup plus de réflexion que les gens ne le pensent. C'est difficile et la seule façon de s'améliorer est d’en faire beaucoup.

« Il n'y a pas d'autre moyen, le poids ou le nombre n'entre plus uniquement en ligne de compte. Il s'agit littéralement d'être dans la mêlée, et de finir soulevée en l'air ou poussée au sol.

« C'est comme ça qu'on apprend et oui, c'est beaucoup de travail, beaucoup d'analyse, mais j'adore ça maintenant. »

Sa transformation n'est pas passée inaperçue auprès de ses coéquipières. Scaz [Emily Scarratt] dit toujours : « Mon Dieu, tu adores ça, pas vrai ? ».

INSPIRER LA PROCHAINE GÉNÉRATION

Bien qu'elle n'ait que 25 ans, Sarah Bern est désormais l'une des joueuses les plus expérimentées de l'équipe de Simon Middleton et, si elle est appelée pour le match de samedi contre la France, elle remportera sa 48e sélection.

Au cours des cinq dernières années, elle a été témoin de la montée en puissance du soutien autour de l'équipe et confie qu'avant la Coupe du Monde de Rugby 2021, elle a reçu des messages d'encouragement de « personnes qui n’en auraient pas envoyé » auparavant.

Sarah est maintenant déterminée à montrer l'exemple à celles qui regarderont l'équipe depuis chez elles, en commençant par le Crunch à Whangārei samedi.

« Si je peux aider à inspirer une petite fille ou un petit garçon à se lancer et à réaliser ce qu'ils veulent réaliser, ou à avoir plus confiance en eux ou à être plus heureux, ce sera pour moi une excellente raison de faire ce sport », affirme-t-elle.

« Même si j'aime ce sport, ils représentent la prochaine génération et je pense que pour les enfants, il est difficile, surtout dans la société dans laquelle nous vivons, de se comporter d'une certaine manière ou de faire certaines choses, alors qu'en fait, tout ce qui compte, c'est leur bonheur.

« Donc, si je peux aider un enfant et le pousser à réaliser ses rêves, alors j’aurais atteint mon objectif. Et j'espère que je pourrai continuer à le faire et que notre équipe pourra continuer à aider à inspirer la prochaine génération. »