S'exprimant avant leur première participation à la Coupe du Monde de Rugby contre l'Angleterre samedi 8 octobre, la capitaine des Fidji, Sereima Leweniqila, a déclaré que son équipe « n'avait rien à perdre ».

Elle aurait pu facilement ajouter « et tout à gagner ». Et en effet, en accédant pour la première fois à la Coupe du Monde de Rugby, les Fidji ont déjà beaucoup gagné, et en peu de temps.

Il faut se rappeler qu'il s'agit d'une équipe qui est restée 10 ans sans jouer, entre son deuxième test en 2006 et son troisième en 2016. Même dans leur propre pays, le rugby féminin, au mieux, n'était pas considéré comme une priorité, et au pire, une pratique à ne pas encourager. Les opportunités de jouer à tous les niveaux étaient rares.

Mais un changement d'état d'esprit autour de l'égalité des sexes, soutenu par un certain nombre d'initiatives de la Fédération fidjienne de rugby, d'Oceania Rugby et de World Rugby, ainsi que le travail réalisé par des cadres infatigables tels que la récipiendaire de la Bourse World Rugby Women's Executive Leadership, Vela Naucukidi, ont contribué à faire évoluer les mentalités et les filles et les femmes sont plus nombreuses que jamais à pratiquer ce sport.

Une équipe nationale performante est également un moteur important de la participation. Et désormais avec les Fijiana, celles qui sont de retour sur l'île ont des modèles auxquels elles peuvent se référer. De même, le rugby dans son ensemble ne pourrait rêver de meilleures ambassadrices que les Fidji, leur popularité faisant d'elles la deuxième équipe préférée de tous à la Coupe du Monde de Rugby 2021.

Au cours des six années qui ont suivi leur retour, les Fidji ont fait un bond dans le classement et sont maintenant sur le point d'entrer dans le top 20 mondial pour la première fois. Un bon résultat en Nouvelle-Zélande et ce sera certainement le cas.

On peut se demander à quel point l'équipe aurait pu progresser si elle n'avait pas perdu deux années de développement à cause du Covid-19. Après avoir conservé leur titre de championne d'Océanie de rugby féminin à la fin du mois de novembre 2019, par exemple, les Fidji n'ont pas pu rejouer avant mai 2022.

ENTRER DANS L'HISTOIRE

Mais entre-temps, l'équipe féminine de rugby à sept des Fidji a continué à faire parler d'elle en remportant la médaille de bronze aux Jeux olympiques de Tokyo.

Et puis, à la veille du retour des Fidji dans l'arène internationale, leur équipe de développement, les Drua, a remporté la prestigieuse compétition Super W dès sa première participation.

Les Fijiana Drua se sont emparées du tournoi féminin d'élite, terminant leur campagne sans défaite par une victoire 32-26 sur les Waratahs, quadruples tenantes du titre, en finale.

Ce moment et toutes les autres étapes de leur remarquable parcours jusqu'à la Coupe du Monde de Rugby 2021 ont été filmés dans le cadre d'un brillant documentaire sur les coulisses, « Let's Play ».

Dans l'épisode 1, « L'ascension des Fidji. Comment un pays qui boudait le rugby féminin a conquis le Super W et l'Océanie », les spectateurs découvrent ce qu'il leur a fallu pour passer de l'obscurité totale à l'équipe dont tout le monde parle.

L'épisode suivant reprend cette histoire des plus remarquables en vous faisant découvrir la préparation intense de l'équipe pour la Coupe du Monde de Rugby 2021 et la douleur que les joueuses ont éprouvée en labourant les dunes de sable historiques de Sigatoka.

Dans le troisième et dernier épisode, les spectateurs sont transportés à Suva, la capitale des Fidji, où les Fidji jouent leur dernier match avant le départ pour la Nouvelle-Zélande - une défaite 24-7 contre le Canada.

Si, sur le papier, ce résultat n'a rien d'exceptionnel, le fait de ne perdre que de 17 points contre une équipe classée 18 places devant, met en perspective le chemin parcouru. Et la mauvaise nouvelle pour leurs adversaires du monde entier est qu'elles n'ont pas encore fini de progresser.

« Cette aventure est à l'image de notre culture, nous croyons que rien n'est impossible, alors, oui, nous sommes prêtes à nous lancer », a déclaré Leweniqila.