Alena Abbott raconte que son admission au Capgemini Women in Rugby Leadership Programme, un programme de bourses d'études destinées aux dirigeantes, l'a quelque peu surprise.
Elle a été incitée à postuler par deux membres du conseil d'administration du Deutscher Rugby Verband (DRV), pour lequel elle travaille en tant que responsable des jeunes.
En raison de sa relative inexpérience à ce poste, qu'elle a rejoint en 2021, et des illustres anciennes participantes au programme à ce jour, elle ne s'attendait pas à ce que sa candidature soit retenue.
« Je ne m'y attendais pas », confirme Alena Abbott à World Rugby.
« Ça m'a surpris, c’était une bonne surprise et j'étais ravie. Aussi, j'avais ce sentiment comme quoi, ok, je suis encore jeune et en plein développement.
« Je suis encore au début de ma carrière et je suis surprise que World Rugby veuille investir en moi [mais] j'apprécie vraiment cette démarche. »
Une initiation au rugby
Le sport a occupé une place importante dans la vie d'Alena Abott puisqu’elle n'avait que 10 ans lorsqu'elle a commencé le kickboxing et a participé aux championnats nationaux en Allemagne.
C'est en pratiquant le kickboxing qu'elle a fait ses premiers pas d'entraîneure, avant de poursuivre ses études en sciences du sport à l'Institut de technologie de Karlsruhe.
Toutefois, ce n'est qu'à l'âge de 22 ans qu'elle a été en contact avec un ballon ovale. Alors qu'elle suivait un cours en vue d'obtenir une licence générale pour enseigner le sport aux enfants dans les écoles, elle a rencontré quelqu'un qui pratiquait le rugby.
« Ses yeux brillaient lorsqu'il parlait de rugby », se rappelle Alena.
Intriguée, elle a suivi un cours introductif d'une journée pour devenir entraîneur d'une forme de rugby sans contact. « C'était tellement amusant d'apprendre à connaître ce sport. »
L'histoire d'amour entre Alena et le rugby s'est véritablement concrétisée lors des Jeux olympiques de Rio 2016, où elle s'est portée volontaire en tant qu'assistante du Comité national olympique auprès du Deutscher Olympischer Sportbund.
Travailler dans le village des athlètes était « très, très particulier », dit-elle, mais c'est un déplacement au Deodoro Stadium pour assister au tournoi de rugby à sept qui a vraiment retenu son attention.
« J'ai acheté un billet pour le rugby et j'ai regardé les femmes, et j'ai pensé : "Wow, c'est vraiment intéressant" », explique Abbott.
« Puis je suis allée voir la finale masculine, et j'ai dit : 'C'est vraiment amusant à regarder. J'ai vraiment envie d'essayer".
« Et c'est comme ça que je me suis engagée dans le rugby et j'ai commencé à jouer, puis six mois ou un an plus tard, quelque chose comme ça, j'ai commencé à entraîner. »
Trouver une communauté à part
Après son voyage au Brésil, Alena Abbott a commencé à jouer au rugby à sept dans son club local de Karlsruhe et a rapidement entraîné l'équipe des moins de 10 ans.
Elle a continué à jouer et à entraîner dans sa ville natale jusqu'à l'année dernière, lorsqu'elle a déménagé à Heidelberg pour accepter le poste de responsable de la jeunesse à la DRV.
Elle gère désormais les équipes nationales U16, U18 et U20 et s'occupe de tout le travail administratif associé.
« J'aime vraiment ça parce que c'est tellement différent et qu'il y a toujours quelque chose de nouveau à apprendre, de nouveau à faire, et on ne s'ennuie jamais », dit-elle.
Bien que, de son propre aveu, elle ne soit pas aussi bonne au rugby qu'au kickboxing, Alena a trouvé un autre épanouissement dans ce sport.
« J'aime vraiment ce sport », ajoute-t-elle. « La communauté qui l'entoure est si spéciale. Je n'ai jamais, jamais vécu quelque chose comme ça dans le sport, même si j'ai étudié les sciences du sport. Pour moi, c'est totalement unique. »
Bien qu'elle soit entraîneure depuis son plus jeune âge, Alena Abbott affirme qu'elle n'avait jamais pensé « activement » à devenir dirigeante avant de postuler pour le programme.
Toutefois, son expérience antérieure lui a donné de bonnes bases à cet égard. « En tant qu'entraîneur, vous dirigez toujours parce que vous avez un groupe et que vous avez des objectifs », explique-t-elle.
« Vous dirigez un groupe, même s'il s'agit d'enfants ou de moins jeunes... vous êtes devant le groupe et tout ce que vous faites, ils peuvent le reproduire. »
Pour ce qui est de l'avenir, elle souhaite mettre à profit le temps passé dans le cadre du Capgemini Women in Rugby Leadership Programme pour contribuer à faire connaître le rugby en Allemagne tout en offrant une voie d'accès aux jeunes femmes qui souhaitent passer du jeu junior au jeu senior.
Elle affirme qu'il y a « beaucoup d'étapes à franchir », mais elle pense que la diffusion du rugby féminin à la télévision en Allemagne l'aiderait à atteindre ces objectifs.
« Je ne sais pas si c'est réaliste », admet-elle. « Mais surtout les plus petits impliqués dans le rugby, ils n'ont pas de héros dans le rugby en Allemagne parce qu'on ne le voit pas à la télévision... ou sur les réseaux sociaux. »
Alena réapprend le français dans le cadre de ce programme, qui vise à renforcer les liens entre le rugby en Allemagne, en France et en Suisse.
Mais son apprentissage ne s'arrêtera pas là, car elle veut se donner les moyens de tirer parti du potentiel que recèle, selon elle, le rugby féminin en Allemagne.
« J'ai l'impression d'être au début de mon parcours », affirme-t-elle. « Mais je veux vraiment me perfectionner et continuer à apprendre, tout en réfléchissant sur moi-même et mon rôle, et apprendre à savoir quelle dirigeante je suis et je veux être.
« C'est à un niveau personnel. En résumé, je souhaite développer le rugby et surtout le rugby féminin, car il y a tellement de potentiel dans ce domaine. »