Fatma El-kindiy raconte avoir pris contact avec la Tanzania Rugby Union (TRU) parce qu'elle « n'avait rien d'autre à faire » lorsqu'elle a déménagé dans le pays l'année dernière.
Elle était venue à l'origine en Tanzanie pour voir sa mère mais s'est installée définitivement en juin 2021 et souhaitait apporter sa contribution à la communauté du rugby comme elle l'avait fait au Botswana.
Après avoir découvert le rugby au Botswana en 2015, Fatma El-kindiy s'est faite l'avocate des avantages que le rugby pouvait apporter aux jeunes femmes et aux filles.
Avec l'aide de Gorata Kgathi, elle a conçu un programme, « A Try for Change (un essai pour changer) », pour encourager davantage de femmes et de jeunes filles du pays à jouer au rugby.
Le succès du programme a contribué à ce qu'El-kindiy devienne une « Inarrêtable » de Rugby Afrique en octobre 2020. Puis, lorsqu'elle a déménagé à Dar es Salaam l'année suivante, elle a souhaité avoir un impact similaire sur la participation des femmes en Tanzanie.
Elle a maintenant un nouvel objectif : former la première équipe nationale féminine de Tanzanie.
« Quand je suis arrivée en Tanzanie, j'ai tout de suite contacté la fédération », raconte Fatma El-kindiy à World Rugby.
« Je n'avais rien d'autre à faire, alors je les ai approchés et je leur ai expliqué ce que j'avais fait au Botswana, ce que je pouvais faire pour les aider en Tanzanie et c'est comme ça que tout a commencé. Ils étaient très heureux de m'avoir dans leur équipe.
« Notre ambition, pour les plus grandes, est d'avoir une équipe nationale, la première équipe nationale. J'espère pouvoir les orienter et les aider.
« Ce serait magnifique pour nous, ce serait magnifique pour la Tanzanie. Ce n'est pas un pays que l'on repère facilement sur la carte du rugby pour le moment, alors pour eux, participer à un match international serait extraordinaire. »
Un nouveau défi
Selon Fatma El-kindiy, la popularité du rugby est en plein essor en Tanzanie. Mais jusqu'à présent, cette hausse ne s'est manifestée que dans le nombre de joueurs masculins.
La TRU avait du mal à susciter l'intérêt pour la participation des femmes, aussi, lorsqu'ils ont reçu l'appel téléphonique de Fatma, ils n'ont été que trop heureux d'accepter sa proposition de collaboration.
Depuis, elle est devenue responsable du développement du rugby féminin et a entrepris d'accroître les possibilités et l'intérêt des femmes pour ce sport.
« C'était un défi d'attirer les filles jusqu'à ce que nous arrivions à un endroit appelé Ukonga », raconte Fatma.
À Ukonga, avec l'aide de l'entraîneur Denis Lipiki, elle a trouvé un groupe de femmes de plus en plus important, désireuses d'apprendre à jouer au rugby.
D'une équipe initiale de sept personnes, El-kindiy et Lipiki ont organisé des séances d'entraînement pour 25 jeunes femmes, jusqu'à trois fois par semaine.
La majorité de ces nouvelles recrues ont entre 18 et 20 ans, mais El-kindiy précise qu'il y a une joueuse « déterminée » qui n'a que 13 ans.
Fatma est actuellement en train d'organiser un tournoi de touch rugby pour les femmes et est persuadée d'attirer des joueuses de toute la Tanzanie en partant de cette initiative.
Un énorme potentiel
Des sollicitations ont été envoyées aux clubs masculins du pays dans l'espoir qu'ils continueront à proposer à ces femmes des occasions de jouer en dehors de ce tournoi.
Trouver de nouvelles joueuses originaires d'un plus grand nombre de régions de Tanzanie ne pourra qu'aider El-kindiy dans son objectif de mettre sur pied une équipe nationale féminine véritablement représentative.
« Nous avons déjà parlé à des personnes d'autres régions ; Moshi, Arusha, Tanga, Zanzibar », explique-t-elle.
« Ils ont des clubs là-bas, des clubs d'hommes, et nous leur avons demandé de nous aider à intégrer également les femmes.
« Ils ont d’abord commencé par voir ce que nous faisions à Ukonga et, lorsqu'ils ont compris que c'était la façon de faire jouer les femmes, ils ont commencé à faire jouer les femmes de toutes les autres régions, de sorte que nous ayons une seule équipe nationale venant de partout. »
De plus, Fatma prévoit également de déployer « A Try for Change » partout en Tanzanie et espère convaincre les écoles d'offrir aux filles la possibilité de jouer dans le cadre de leur programme scolaire.
El-kindiy espère également organiser des visites en Tanzanie pour les éducateurs, afin que ses nouvelles joueuses puissent être formées à l'entraînement, à l'arbitrage et aux premiers secours.
Avec le soutien approprié, elle estime que le potentiel du rugby féminin en Tanzanie est « énorme ».
« Quand on voit leur détermination… Dès 6 heures du matin, elles sont sur le terrain - elles préfèrent la séance de 6 heures - et quand les écoles sont fermées. Elles s’entraînent à ce rythme le jeudi, le vendredi et le samedi. Trois fois par semaine [et] les chiffres ne cessent d'augmenter », souligne El-kindiy.
« Pour elles, porter le drapeau national pour la première fois, ce serait quelque chose d’immense. Représenter la Tanzanie au plus haut niveau. »