Si le Chili est prêt pour une tournée qui pourrait lui permettre de participer pour la première fois à une Coupe du Monde de Rugby, c'est bien maintenant.
Les Cóndores chiliens se frotteront aux USA Eagles à domicile et à l'extérieur au cours des deux prochains week-ends. Le vainqueur engrangeant le plus de points se qualifiera pour la poule D avec l'Angleterre, le Japon, les Pumas argentins et les Samoa.
L'Écosse s’est déplacée à Santiago dans ce qui était un match important pour l'équipe afin de finaliser sa préparation. La défaite 45-5 contre l'Écosse A a été une expérience enrichissante pour le Chili, qui en a tiré de nombreux enseignements positifs, selon le capitaine Martín Sigren.
Le troisième-ligne aile de 26 ans a assisté au match depuis les tribunes : « Ils étaient d'un niveau supérieur, ce qui nous a obligés à jouer à un rythme plus rapide ; pourtant, c'était une leçon magistrale qui nous a fait beaucoup de bien. »
Débordée en première période, l'équipe du Chili a su ensuite contenir la vague.
« Nous avons réussi à jouer pendant un certain temps à un rythme et une intensité que nous ne nous connaissions pas. C'est motivant de savoir que nous pouvons jouer à ce niveau », tout en reconnaissant que « tous leurs essais sont venus d'erreurs involontaires, donc une mise au point sera indispensable ».
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— ☆ CHILE RUGBY (@chilerugby) June 30, 2022
Dans les dernières minutes, l'Écosse s'imposait 33-5, l'essai du Chili étant inscrit par le troisième-ligne aile Santiago Edwards, qui a remplacé Sigren.
« La deuxième mi-temps est restée à 7-5 pendant 39 minutes. Ils ont ensuite marqué deux essais dans les dernières minutes. Le score n'a peut-être pas reflété le déroulement exact du match. »
Cette rencontre était destinée à servir d'échauffement pour le plus important défi que représentent les États-Unis et les qualifications pour la Coupe du Monde de Rugby.
En ce sens, il a été très utile et a permis à l'équipe de jouer devant un large public, les 10 000 billets mis en vente au stade Santa Laura ayant été rapidement écoulés.
« Nous avons apprécié le nouveau stade. Le public est très proche, il y a une bonne ambiance », ajoute le capitaine. « Espérons qu'il pourra être à pleine capacité la prochaine fois. »
Préparation
Le Chili ne prend pas cette tournée à la légère. Ils n'ont jamais été aussi proches de participer au plus grand tournoi de rugby au monde et ils le savent.
Le sélectionneur Pablo Lemoine a participé à la Coupe du Monde de Rugby en 1999 et 2003 et a emmené l'Uruguay en Angleterre en 2015. Le fait d'avoir vécu cette expérience lui a permis de bâtir des plans appropriés.
La plupart des joueurs de l'équipe sont des vice-champions de la Superliga Americana de Rugby avec Selknam.
« Perdre cette finale a été très dur », se souvient Sigren. « Pourtant, dans l'ensemble, c'était un bon tournoi que nous avons savouré. Nous avons appris nous détendre, à prendre du plaisir sur le terrain, à profiter du moment présent.
« Cela vient avec l'expérience et nous avons appris à contrôler et à gérer la pression. »
En début de saison, une visite du Cajón del Maipo, une gorge du centre du Chili, avait permis de resserrer les liens au sein de l'équipe. « Nous nous sommes ouverts à la fois de manière individuelle et collectivement, en apprenant à connaître nos rêves et objectifs individuels. Cela nous a énormément aidés. »
Après une poignée de jours de repos à l'issue du tournoi majeur d'Amérique du Sud, ils sont repartis désormais sous le maillot du Chili pour un stage de deux semaines, qui les a menés d'abord à Antofagasta, pour travailler dans la HP Academy nouvellement créée dans cette ville côtière du nord, puis à Calama, une ville minière située à 2 300 mètres d'altitude dans les Andes, dans le désert d'Atacama.
« Le match retour contre les États-Unis aura lieu à Denver, à 1 600 mètres d'altitude. S'entraîner là-bas sera extrêmement utile. »
À quelques jours du plus grand match de leur histoire, comment se porte l'équipe ?
« Nous sommes dans une bonne passe, nous travaillons sur les détails qui, selon nous, feront la différence. Nous avons maintenant beaucoup plus d'armes pour faire face à un match sous haute pression comme celui-ci. »
Avec son effectif au complet, le Chili tentera de rejoindre en France ses plus vieux adversaires, l'Argentine et l'Uruguay.
Affronter le Japon à Toulouse le 10 septembre, les Samoa à Bordeaux six jours plus tard, l'Angleterre à Lille le 23 et terminer le tournoi contre l'Argentine au Stade de la Beujoire, à Nantes, serait le début d'une révolution dans le sport chilien, sans parler du rugby en général.
Cette pression repose sur les épaules de l'équipe et de son jeune capitaine, qui ont appris à la gérer.
La balance penche du côté des USA Eagles, tout comme penchait aussi celle du Canada. Mais c'est pourtant le Chili qui a franchi le cap.
« Ce seront des matchs très difficiles ; nous sommes prêts et nous donnerons tout ce que nous avons », conclut Sigren.
Photo : Gaspafotos / SLAR