L'international jamaïcain Matthew Wekpe a pris un congé sabbatique du rugby pour poursuivre un rêve olympique improbable à Pékin.
Wekpe, qui a représenté les Crocs en rugby à sept et à quinze sous le nom de sa mère, Wilson, fait partie de la première équipe jamaïcaine de bobsleigh à quatre à se qualifier pour les Jeux olympiques d'hiver depuis 1998.
La nation caribéenne a été la 24e et dernière équipe à quatre à se qualifier pour les Jeux de ce mois-ci. C'est un exploit remarquable pour une équipe qui a commencé à courir ensemble en septembre.
Matthew Wekpe, retenu comme freineur dans l’équipe, n'avait jamais mis les pieds sur la glace, et encore moins dans un bobsleigh, lorsqu'un SOS a été lancé aux rugbymen jamaïcains basés au Royaume-Uni, il y a moins de 17 mois.
Shanwayne Stephens, qui pilote les équipes à deux et à quatre, vit à Peterborough et n’a pas pu s'entraîner avec son freineur basé en Jamaïque en raison de la pandémie de Covid-19. Il a alors demandé au manager de l'équipe de rugby à sept des Crocs si l'un de ses joueurs serait prêt à aider.
Rugby's very own cool runner 🆒🇯🇲
— World Rugby Sevens (@WorldRugby7s) February 8, 2022
Best of luck to @Jamaica_Rugby's Matthew Wekpe, who is representing his country at bobsleigh in Beijing#WinterOlympics pic.twitter.com/IXFX61neYN
« J'ai répondu : "Hé, pourquoi pas ? Je vais essayer" », raconte Matthew Wekpe à World Rugby.
« Nous avons fait un petit essai où quelques-uns d'entre nous ont tenté et après ça, j'étais dans l'équipe. Et trois ou quatre semaines plus tard, je suis littéralement dans une course de Coupe du Monde. Vous savez, je n'avais jamais vu de bobsleigh avant ! »
Plus fort que Rasta Rockett
Matthew Wekpe concède que c'était « fou » de participer à une course de bobsleigh de Coupe du Monde pour la première fois, mais il a vite compris qu'il avait trouvé un sport qu'il adorait.
« La première fois que je suis descendu, ce n'était pas trop grave », ajoute-t-il.
« C'est la deuxième fois, [quand] je savais à quoi m'attendre. J'étais plus nerveux, mais je savais qu'après cette deuxième fois, la montée d'adrénaline, j'adorais ça.
« C'est une expérience incroyable, c'est un grand moment. »
Il semble également que son expérience du rugby ait aidé Wekpe à faire face aux exigences d'un sport aussi intense.
« Je suis assez rapide et je pense que le fait de prendre des coups et des chocs au rugby vous aide vraiment à être dans la luge, car dedans aussi vous prenez des coups et vous êtes écrasé même », dit-il.
« Vous savez, j'ai été victime de quelques accidents et ce n'est pas agréable. Mais je pense que le fait d'avoir le corps et la préparation physique nécessaires pour encaisser ces coups et être capable de se relever et de repartir m'a définitivement aidé. »
ÉCRIRE LEUR PROPRE HISTOIRE
La Jamaïque s'est rendue en Chine avec la plus grande équipe olympique de bobsleigh de son histoire, après s'être qualifiée pour le bob à deux et le bob féminin - dans lequel Jazmine Fenlator-Victorian a terminé 19e - ainsi que pour le bob à quatre.
Mais c'est leur retour dans le tournoi à quatre qui a retenu l'attention, car il rappelle leur participation aux Jeux olympiques d'hiver de Calgary en 1988, qui a inspiré le film « Rasta Rockett ».
Matthew Wekpe portera sur lui un œuf en plastique pendant les courses de la Jamaïque à Pékin, en clin d'œil au freineur fictif du film de Disney, Sanka Coffie.
Mais le freineur actuel et ses coéquipiers sont déterminés à écrire leur propre histoire lorsque le tournoi à quatre débutera mercredi 16 février.
Wekpe décrit l'équipe comme « une grande famille » et, lorsqu'on lui a demandé ce qui les unit, il a répondu : « Le fait que nous voulions tous cette victoire, que nous voulions tous cet objectif final, nous voulions écrire l'histoire.
« Nous voulions un héritage durable pour dire que nous ne sommes pas seulement 'Rasta Rockett', vous savez, nous ne sommes pas seulement ce film. Nous sommes une équipe qui est là pour concourir et nous sommes là pour être sérieux.
« On s'est tous retrouvés, on ne se connaissait pas très bien, mais on avait tous cet objectif final.
« Ça fait aussi partie de la culture. Nous n'avons pas beaucoup d'atouts en tant que nation, mais nous travaillons ensemble quand il le faut, et cela nous a certainement aidés. »
En ce qui concerne ses espoirs et ceux de l'équipe pour le tournoi olympique de cette semaine, Wekpe précise : « Aucune équipe ne met les bouchées doubles pour se rendre aux Jeux sans vouloir viser l'or. Et nous visons l'or, clairement.
« Mais si nous n'obtenons pas la médaille, au moins on aimerait être dans le top 10. Mais avant toute chose, ce que nous souhaitons, c'est laisser un héritage durable et la meilleure place que la Jamaïque n’ait jamais obtenue dans un tournoi à quatre est la 14e place.
Un retour au rugby à sept ?
En raison de ses engagements olympiques, Matthew Wekpe n'a pas fait partie de l'équipe jamaïcaine qui a participé aux HSBC World Rugby Sevens Series le mois dernier.
Il a toutefois pu assister à leurs matchs à Malaga et à Séville, et reste déterminé à regagner sa place pour les Jeux du Commonwealth 2022 et, éventuellement, pour la Coupe du Monde de Rugby à sept 2022.
« J'ai parlé aux entraîneurs et à d'autres joueurs et j'ai dit : "Aller aux Jeux olympiques a toujours été un rêve et c'est ce que j'allais faire, et c'est arrivé" », explique Wekpe.
« Je vais donc terminer les Jeux et prendre trois semaines de repos, mais je serai certainement présent aux Jeux du Commonwealth.
« Mon objectif est de faire partie de l'équipe et de représenter la Jamaïque cette année encore - et, si possible, de participer à une Coupe du Monde ! »
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