Pour bien comprendre comment les Fidji sont devenus les tout premiers champions olympiques de rugby à sept de l’histoire, il faut remonter à l'époque où Ben Ryan a été nommé entraîneur en 2013.

Ben Ryan, alors ancien entraîneur de l'équipe de rugby à sept d'Angleterre, a hérité d'un groupe de joueurs merveilleusement talentueux qui n'avaient pas encore exploité leur potentiel en tant qu’équipe.

Dans son livre à succès, « Sevens Heaven », Ryan décrit comment il a été soufflé par les compétences et le physique des joueurs qui possédaient « un jeu de mains d’illusionnistes sur un châssis de bulldozer ».

Mais leur discipline, leur défense et leur condition physique ont vite été identifiées par Ben Ryan comme des points à améliorer. Il s’est attelé à rendre ses joueurs plus rapides et plus en forme.

Il a également fait fi de l'opinion des autres pour choisir Osea Kolinisau comme capitaine dans ce qui s'est avéré être une décision inspirée.

La différence

« J'ai réalisé que ce serait de la folie d'essayer de changer leur façon de jouer », écrit-il. Mais j'ai aussi réalisé que si je pouvais ajouter un cadre, pour qu'ils soient brillants de manière constante plutôt qu'intermittente, et qu'ils soient plus en forme et plus rapides, que je mette en place des stratégies de sélection qui ne soient pas seulement basées sur qui vous connaissez et de quelle province vous venez comme on me le suggérait, alors je pourrais faire la différence. »

Et quelle différence il a fait ! Avec deux titres consécutifs de champions du World Rugby Sevens Series dans la poche en 2015 et 2016, les méthodes de Ben Ryan ont porté leurs fruits et les Fidji sont arrivés aux Jeux olympiques en tant que têtes de série.

Par conséquent, les Fidji et les deux autres favoris, l'Afrique du Sud et la Nouvelle-Zélande, se sont évités lors du tirage au sort des Jeux olympiques de 2016, et les hommes du Pacifique ont été placés dans la poule A avec trois équipes des Amériques - les États-Unis, l'Argentine et le Brésil, le pays hôte.

Les États-Unis et l'Argentine, qui avaient terminé respectivement à la 6e et 5e place du circuit mondial, étaient plus que capables de produire une belle surprise sur le tournoi. Mais c'est le Brésil qui a fourni aux Fidji leur première opposition.

Poule A

Fidji 40-12 Brésil

Le Brésil a ravi le public du Deodoro Stadium en marquant le premier et n'a pas perdu la main à la pause. Cependant, les Fidji ont changé de style en seconde période et Jasa Veremalua et Josua Tuisova ont marqué deux essais chacun.

Fidji 21-14 Argentine

Tuisova a doublé son score du premier match et Kitione Taliga a également marqué deux fois dans un match sur le fil du rasoir.

Le physique de l'Argentine a posé des problèmes aux Fidji et les Pumas Sevens menaient 14-7 à moins de quatre minutes de la fin. Mais le doublé de Taliga en fin de match - le deuxième essai marqué après une brillante passe de Tuisova - a permis aux Fidji de surmonter le plus difficile de ces deux premiers matchs.

Fidji 24-19 USA

Une fois de plus, les Fidji ont cédé en premier, Danny Barrett donnant à l'équipe de Mike Friday une avance de 7-0, mais des essais de Kolinisau et Vatemo Ravouvou ont permis aux Fidji de mener à la pause 12-7.

Les Américains ont profité d'un carton sur Kolinisau pour prendre l'avantage pour la deuxième fois, mais Viliame Mata et Semi Kunatani ont répondu pour redonner l'avantage aux hommes du Pacifique.

Nate Ebner, vainqueur du Super Bowl, a chargé sur l'aile pour réduire le déficit à cinq points, mais les Fidji ont tenu bon pour obtenir le résultat dont ils avaient besoin.

Quart de finale

Fidji 12-7 Nouvelle-Zélande

Les deux poids lourds du rugby à sept se rencontraient pour la première fois sur la scène olympique et la capacité des Fidji à revenir de loin leur a encore servi.

Malgré les conditions humides, les Fidji sont restés fidèles à leur philosophie d'attaque - ils ne connaissent pas d'autre moyen - et ça leur a parfois joué des tours.

Kolinisau a donné l'avantage à son équipe, mais Gillies Kaka a récupéré son propre lancé pour marquer un essai transformé qui donnait à la Nouvelle-Zélande une avance de 7-5 à la pause.

Les Fidji ont gagné la possession du ballon, mais le seul essai de la deuxième mi-temps a été marqué grâce à un jeu de jambes éblouissant de Jerry Tuwai.

Demi-finale

Fidji 20-5 Japon

Vainqueurs de la Nouvelle-Zélande lors de la phase de poule, les Japonais avaient déjà fait tomber un gros, mais pouvaient-ils en faire chuter un autre ?

Ravouvou a marqué après seulement 69 secondes de jeu pour donner l'avantage aux Fidji, avant d’être expulsé. Le Japon a profité de son avantage numérique pour égaliser à 5-5 grâce à Teruya Goto. Puis un plongeon acrobatique de la sensation Tuisova a permis aux Fidji de prendre l'avantage 10-5.

De sublimes offloads ont illuminé la deuxième période et des essais de Kunatani et Tuwai, ce dernier survenant alors que Lomano Lemeki était au frigo pour le Japon, leur ont assuré la victoire.

Match pour la médaille d'or

Fidji 43-7 Grande-Bretagne

Malgré l’importance de l'événement et l’enjeu, les Fidji ont joué à leur meilleur niveau et ont pu écarter l'équipe de Grande-Bretagne.

Les Fidji ont proposé une master-class de rugby à sept, marquant sept essais et faisant honneur à leur statut de favori du tournoi.

Le Premier ministre fidjien, Frank Bainimarama, était parmi les 10 000 personnes présentes pour assister à l'assaut du rugby offensif qui a commencé par une traversée du capitaine Kolinisau.

Tuwai, Veremalua, Leone Nakarawa, Ravouvou, Tuisova et Viliame Mata l'ont suivi derrière l’en-but sous les encouragements « Fidji, Fidji, Fidji » qui résonnaient dans le Deodoro Stadium.

Dan Norton a fait en sorte que l'équipe de Grande-Bretagne ne soit pas sans point, mais les Fidji ont pris le contrôle total du match du premier au dernier coup de sifflet.

Après avoir mis l'équipe britannique à genoux, les Fidji ont reçu humblement la médaille d'or - la toute première médaille olympique des Fidji - des mains de Son Altesse Royale, la Princesse Anne.

Quelle épopée !

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