La soirée du dimanche 20 juin 2021 a été belle pour les joueuses, les joueurs et les staffs des équipes qui se sont qualifiées pour les Jeux olympiques. Une soirée particulièrement belle pour les équipes féminines de la France et de la Russie qui ont gagné les deux dernières places en jeu au tournoi de repêchage de Monaco.
Il fallait voir les joueuses russes exploser de joie sur la pelouse du Stade Louis II, pressées d’aller à Tokyo dans quelques semaines à tel point qu’elles ont littéralement mimé un vélo humain après leur victoire sur le Kazakhstan.
Cette victoire met fin à cinq longues années d’attente depuis leur immense déception subie contre l’Espagne au tournoi de repêchage de Dublin. Et c’est désormais pour elles le début d’une nouvelle aventure olympique.
« Ces filles ont travaillé tellement dur, à s’entraîner cinq fois par jours depuis le mois d’octobre dernier, sans jamais se plaindre », confiait à l’issue de la finale Graham Bentz, qui a travaillé comme entraîneur assistant avec l’équipe.
« J’ai travaillé avec des équipes masculines dans le monde entier, mais ces filles-là ont quelque chose de spécial et nous attendons beaucoup des Jeux olympiques. »
L’investissement a payé
Les Russes avaient en quelque sorte déjà pris leur revanche en éliminant l’Espagne de la course à la qualification en demi-finale du tournoi de Kazan en juillet 2019 ; tournoi qui comptait pour la qualification européenne.
Les Anglaises, qui avaient éliminé les Françaises en demi-finale, avaient ensuite battu la Russie en finale, remportant direct leur billet pour Tokyo, 19-0. France et Russie avaient néanmoins pu se consoler en se focalisant sur leur ultime chance de qualification avec le World Rugby Sevens Repechage de Monaco en cette fin juin.
La pandémie est passée par là et a non seulement repoussé les JO, mais le tournoi de qualification également tout en empêchant les filles de s’entraîner normalement. Mais avec Graham Bentz dans le staff, le groupe a pu travailler sur la vidéo, les analyses et la préparation physique pour garder ses bonnes dispositions.
Elena Zdrokova avait déjà admis que la défaite subie contre l’Espagne cinq ans avant avait été « l’une des défaites les plus douloureuses pour l’équipe ». Cinq ans plus tard, elle a été l’une des joueuses les plus en vue du week-end au Stade Louis II avec neuf essais marqués, juste derrière la tornade Séraphine Okemba.
La Russie avait déjà été impitoyable en poule en battant les Samoa (32-0), le Mexique (55-0) et l’Argentine (41-7) avant de finir en tête de la Poule A. La demi-finale avait été une fois de plus fatale aux Samoa, battues à nouveau 29-0, ce qui a conduit à une finale contre le Kazakhstan.
Même scénario que précédemment avec une pluie d’essais (six au total) dont le premier fut inscrit par la capitaine Alena Tiron ; 38-0 en victoire finale.
« La clé de cette victoire a été la préparation, de pouvoir compter sur un bon système, une régularité dans le management, dans l’équipe et sur l’expérience aussi », expliquait Graham Bentz à World Rugby.
« Tout revient à l’investissement qui a été dédié aux joueuses. L’expérience a été cruciale sur ces gros moments parce que c’est justement sur ces moments-là qu’il faut réussir à se maîtriser. Vous devez réussir à les gérer et réussir une performance lorsque la pression est au maximum.
« Et la clé de la réussite c’est justement d’avoir cette expérience à ces moments cruciaux qui vous permette de rester calme et d’être paré à toute éventualité. »
La France n’oublie pas
La France avait terminé à une place seulement de la qualification directe sur le HSBC World Rugby Sevens Series 2019 et, tout comme la Russie, avait vu ses espoirs brisés par l’Angleterre au tournoi de Kazan.
Mais portée par les milliers de spectateurs au Stade Louis II de Monaco, les Bleues ont honoré leur statut de favoris du tournoi de repêchage. L’entraîneur David Courteix a pu faire tourner son effectif en phase de poule face à la Colombie, à Madagascar et Hongkong pour cumuler 151-0 en trois rencontres.
La foudre s’est abattue une fois de plus sur la Colombie en demi-finale puis sur Hongkong en finale. Dans ce match, Lina Guérin et Anne-Cécile Ciofani ont chacune marqué un triplé avant que Séraphine Okemba ne franchisse la ligne pour son 9e puis son 10e essai, portant le score final à 51-0. En cinq rencontres, la France n’a encaissé aucun point.
« C’est vrai qu’on est contente de vivre ces moments-là car l’année n’a pas été simple pour personne. On a quand même réussi à bien travailler. On n’oublie pas non plus le revers qu’on a eu à Kazan en 2019. Je pense qu’on a grandi de tout ça, on s’est nourri de tout ça. L’équipe a énormément travaillé pour arriver à ce niveau-là ce week-end et enfin ça fait vraiment plaisir de décrocher ces billets pour Tokyo », a confié Caroline Drouin à l’issue de la rencontre.
« Je n’ai pas de mots pour décrire, mais vraiment c’est fabuleux, c’est un rêve qui se concrétise, une marche de franchie ; il n’y a que la plus belle marche du podium à décrocher. On n’arrive pas avec la pression d’être favori, mais avec la pression de reproduire tout ce que l’on travaille depuis un petit moment, de ne pas tomber au niveau un peu plus faible des équipes qu’il y avait en face. Ça, c’est tout aussi dur que l’investissement qu’il faut y mettre », a ajouté Anne-Cécile Ciofani.