Parce qu’elle était convaincue qu’une meilleure connaissance des règles du rugby ferait d'elle une meilleure joueuse, Nerea Livoni a suivi un cours d'arbitrage en 2014.
En tant que demie d’ouverture du Chancay Rugby Club à San Luis, sa ville natale en Argentine, Nerea s'est rendue compte que la maîtrise des rudiments du jeu lui donnerait des avantages stratégiques sur le terrain.
« Ce qui m'a motivée à apprendre les règles, c'est de réaliser qu'elles me permettraient de devenir une meilleure joueuse. Ceux qui ne les connaissent pas bien ne jouent pas vraiment à 100 %», explique Nerea Livoni, qui est devenue l'une des leaders de l'arbitrage en Amérique du Sud. « Ceux qui jouent en respectant les règles jouent mieux. »
Ses premiers matchs en tant qu'arbitre étaient d’ailleurs très prometteurs. Et en tant que joueuse, elle s'est beaucoup amusée à jouer au rugby au niveau provincial et régional.
« Je voulais que le rugby m’apporte plus et j'ai réalisé que l'arbitrage pouvait m’aider », dit-elle. « C’est donc passé avant ma carrière de joueuse. J’ai eu des opportunités et j’en ai profité. »
Nerea, aujourd'hui âgée de 28 ans, a réussi à arbitrer sur les niveaux national, régional et international. Son ascension était sur une courbe ascendante avant l'arrivée du Covid-19.
Un moment de pure joie
Le premier moment de pure joie de Nerea Livoni, lorsqu'elle se sentait épanouie en tant qu'arbitre, a eu lieu sur le Seven de la República 2018 lorsqu’elle a appris qu’elle avait été retenu pour le tournoi de qualification pour les Jeux Olympiques au Pérou en 2019.
Livoni la joueuse a rapidement cédé la place à Livoni l'arbitre au cours d'une année consacrée au développement, terminant sa saison au Dubai Sevens Invitational.
Alors qu'elle se préparait à se rendre à Stellenbosch en mars 2020, la pandémie de Covid-19 a mis un frein à ses projets.
Nerea a rapidement été intégrée dans le premier groupe d’arbitres féminines d'Amérique du Sud, même si cela impliquait de travailler en distanciel, alors que son pays entrait dans un confinement de près de sept mois.
« J’ai réussi à rester motivée sur le plan psychologique et j'ai regardé autant de rugby que possible à la télévision. L'année dernière, nous avons travaillé avec le panel UAR (Unión Argentina de Rugby) et nous nous sommes entraînés avec Joaquín Montes (Sudamerica Rugby) et Alhambra Nievas de World Rugby », raconte-t-elle.
En 2020, Nerea Livoni a arbitré la finale du seul tournoi féminin d'Amérique du Sud, la Valentín Martínez, ce qui lui a permis de continuer à s’améliorer.
« Nous avons réussi à travailler sur les détails avec l'aide de Joaquín, et nous espérons continuer à développer des trucs techniques, comme mon positionnement », espère-t-elle alors qu’elle rêve de la reprise, en croisant les doigts pour que des opportunités internationales s’ouvrent à elles.
Joaquín Montes, responsable des arbitres de Sudamerica Rugby, souligne la « bonne concentration de Livoni sur le jeu ; elle comprend et a de l'empathie avec les joueurs, ce qui est crucial pour continuer à grandir.
« Nerea a un avenir international. En 2020, on allait lui proposer un certain nombre d'opportunités ; elle est la femme arbitre la plus expérimentée de la région. »
Baliser un sentier pour les autres
Demeurant à San Luis, au pied des Andes, le petit ami de Nerea, Gonzalo, est un coureur de trail et d'ultra-trail. Il l’a incitée à rejoindre son club pour rester en forme et s’extraire du confinement dès que les entraînements le permettaient.
« L'activité physique m'a permis de m'oxygéner la tête » reconnaît-elle. « Le rugby me manque à 120 %. La préparation d'un tournoi, être sur le terrain, l’après tournoi. Vous vivez, travaillez et aidez les joueurs à être à leur meilleur pendant les matchs, et ensuite je débriefe avec mon n+1. Je suis très attachée à l'arbitrage et je prépare la prochaine étape de ma carrière. J’espère que je vais bientôt recevoir des coups de fil ou des e-mails pour me projeter sur de nouveaux tournois. »
Le rugby féminin en Argentine et dans la région écrit chaque jour sa propre histoire en mettant en valeur les modèles à suivre. Nerea en fait partie.
« Nous devons nous assurer que les gens comprennent que les arbitres s'amusent aussi », dit-elle. « Nous aidons tous le rugby féminin à se développer. C’est notre objectif numéro un. »
Pour cette raison, elle est ravie de la nouvelle campagne Team Powered de World Rugby, qui vise à inciter davantage de femmes et de filles à jouer et à regarder le rugby féminin, le sport d'équipe ultime, sur et en dehors du terrain.
« Cette campagne nous permet de rêver, de rendre le rugby féminin plus visible à mesure que nous augmentons le nombre de joueuses. »
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