Les événements se sont accélérés assez rapidement au cours du dernier mois depuis qu'Adriaan Ferris et Viliami Vaki ont reçu un appel en forme de SOS de l'entraîneur des Tonga Sevens, Tevita Tu'ifua.

Au cours des trois dernières années, Tevita Tu'ifua a supervisé une équipe de joueurs basés en Nouvelle-Zélande qui a représenté les Tonga sur le HSBC World Rugby Sevens Series et le Oceania Sevens.

Tevita prévoyait logiquement d'emmener cette équipe à Monaco pour le tournoi de qualification olympique en ce mois de juin, jusqu'à ce que les restrictions de Covid-19 ne bouleversent ses plans.

Fin avril, la Tonga Rugby Union a annoncé qu'en raison des règles strictes de quarantaine en Nouvelle-Zélande, elle sélectionnerait une équipe de joueurs basés plutôt en Europe pour tenter de décrocher la dernière place du tournoi masculin de rugby à sept à Tokyo 2020.

Adriaan Ferris, qui est basé en Californie, et l'ancien capitaine des Tonga Viliami Vaki, qui entraîne actuellement en Italie, ont répondu à l'appel de Tu'ifua et ont tous deux accepté de devenir respectivement entraîneur et manager de l'équipe.

« Aux Tonga, il y a un concept appelé ‘loto māfana’, qui se traduit essentiellement en anglais par ‘un cœur chaleureux’ et c'est l'esprit du peuple tongien », explique Adriaan Ferris à World Rugby.

« C'est la pierre angulaire de ce sur quoi nous voulons commencer à construire pour le rugby tongien et Pila (Vaki) et moi sommes très reconnaissants envers le conseil d'administration de la fédération de nous avoir offert cette opportunité car ils auraient pu travailler avec n'importe qui d’autre.

« C'est un immense honneur pour moi d'être sollicité par Tevita Tu'ifua et le conseil d'administration et je sais que c’est la même chose pour Viliami. Nous allons nous concentrer sur ce seul tournoi et, pour qui connaît le sept, on sait que tout peut arriver sur un bon jour.

« Nous allons faire tout ce qu’il est possible de faire sur la première journée car notre objectif est de bien nous positionner pour la seconde le lendemain. »

Construire une équipe en partant de zéro

Les dernières semaines ont surtout été consacrées à échanger avec les joueurs et avec leurs clubs en Europe tout en surveillant l’évolution de la pandémie. Tonga tente de constituer une équipe en partant de zéro pour tenter de battre les Samoa, l'Irlande, le Zimbabwe et le Mexique dans la poule A à Monaco.

Adriaan Ferris et Viliami Vaki rencontreront leurs joueurs pour la première fois mercredi 9 juin, bien que la composition exacte de l'équipe n'ait pas encore été officiellement confirmée. Les Tonga espéraient pouvoir recruter plusieurs joueurs de haut niveau pour Monaco.

« Nous avons un groupe de joueurs qui se démène pour venir ; ils ont bien conscience qu’il n’y a pas de plus grand honneur que de jouer pour son pays », assure Adriaan.

« C'est excitant parce qu’on va pouvoir compter sur des joueurs de haut niveau qui ont connu différentes Coupes du Monde et des compétitions professionnelles à travers le monde.

« Ceci dit, ils sortent de leur saison à XV, donc on ne sait pas vraiment dans quel état ils arriveront, d’autant que ce n’est pas facile de jouer au niveau international à sept. Mais tout le monde est super motivé pour jouer et surtout bien jouer. »

Tonga n’a rien à perdre

Ferris faisait partie du staff des Tonga mobilisé sur la Coupe du Monde de Rugby à Sept 2013 et a été assistant des Ikale Tahi en 2014. Il se veut confiant et optimiste avant le tournoi de repêchage de Monaco.

« Beaucoup de gens ne croient pas en nos chances de nous qualifier pour les Jeux olympiques, et c'est aussi bien comme ça », dit-il. « Nous sommes parfaitement conscients que la marche est haute. Mais vraiment, c'est du rugby et ces gars peuvent jouer au rugby.

« Alors, nous verrons bien comment ça va se passer. On aura peut-être des joueurs pas mal fatigués à la fin du week-end, mais je peux vous promettre que nous donnerons tout ce que nous pouvons et tout ce que nous avons, plus encore pour les supporters chez nous et pour la famille et les amis.

« Nous sommes dans une situation où on n’a rien à perdre, nous sommes dans une situation gagnant-gagnant. On se retrouve, on fait un peu de rugby, on s'amuse, on se reconnecte, on va caper une poignée de joueurs qui vont compter pour l'avenir du rugby des Tonga. Donc, dans l'ensemble, on a une vraie chance et on a vraiment hâte d’y être. »

Tevita Tu'ifua, quant à lui, regardera ce qui se passe à Monaco via un stream depuis son domicile d'Auckland, et il ne se fait aucune illusion sur la tâche colossale qui attend une équipe qui a été réunie en quelques semaines seulement.

« Je ne peux malheureusement rien faire pour changer les choses, nous devons juste être créatifs, faire face à la réalité et tout donner », insiste-t-il.

« La qualification serait vraiment énorme et non seulement pour les Tonga, mais aussi pour l'ensemble du programme lui-même et pour toutes les personnes impliquées. Obtenir quelque chose de positif en ces temps difficiles aurait un impact considérable sur tout le monde ! »

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