Les équipes de France de rugby à 7 ne sont pas encore qualifiées pour les Jeux olympiques de Tokyo. Si les filles ont échoué de peu à se qualifier via le HSBC World Rugby Sevens Series malgré une belle quatrième place la saison dernière (à dix points du Canada, qualifié), il n’en est pas de même pour les garçons qui, malgré une sixième place à seulement neuf points des Fidji, 3e, ont dû faire face à une forte concurrence.
Le World Rugby Sevens Repechage de Monaco sera donc leur ultime chance de se qualifier. Si France 7 féminines ne se rendait pas nécessairement au tournoi de Burton-on-Trent à St George’s Park en Angleterre du 15 au 17 mai, le fait d’avoir remporté ce tournoi de préparation un mois avant le TQO envoie quand même un bon signal.
« C’est toujours bien de gagner et c’est agréable pour tout le monde, surtout lorsqu’on est devant une opposition très relevée comme c’était le cas. On a eu de très bonnes équipes qui nous ont posé énormément de défis et de difficultés », reconnaît l’entraîneur de France 7 féminines David Courteix, au bilan positif de quatre victoires en six rencontres.
« Mais le contenu nous importait plus, le fait d’offrir du temps de jeu à plus gens, d’essayer de construire des complicités différentes entre des filles qui ont moins l’habitude de jouer ensemble, de secouer un peu les habitudes en allant challenger des joueuses à des postes sur lesquels elles jouent peu. C’était quand même l’objectif principal du week-end.
« Ce qui m’intéressait avant tout, c’était l’expérience en elle-même. On avait bien chargé à l’entraînement, on était fatigué, et malgré tout, l’idée était de faire de la performance avec ça, de rester concentré, maîtres de nos nerfs, de s’engager pleinement, de rester complice, de rester sur des comportements collectifs. On aura plein de leçons à tirer de ce week-end.
« Vous savez, le rugby est un sport d’adaptation avant tout. Gagner des matchs était bien, mais le défi d’adaptation était énorme aussi. On a parfois réussi et on s’est parfois fait secouer. Je trouve que se faire secouer est important car c’est l’occasion d’apprendre plein de choses, de progresser et d’être encore plus capable de s’adapter à l’avenir. »
La France a renforcé son statut de favorite
Cette victoire au tournoi de Burton-on-Trent renforce néanmoins le statut de favori des Françaises à Monaco qui auront deux chances de se qualifier pour les Jeux olympiques, deux places restant encore à prendre pour le tournoi olympique féminin de Tokyo et la Russie, entre autres, lorgne dessus aussi.
Pour autant, en vieux loup du Sevens qu’il est, David Courteix sait trop ce que coûte une confiance trop importante. « On ira à Monaco pour faire une performance et celle-ci nous permettra, je l’espère, de nous qualifier pour les Jeux. Mais tout le monde le voudra aussi ! », prévient le coach. « Personne ne pense chez nous que ce sera une qualification acquise. »
La première difficulté de l’équipe de France sera les équipes qu’elle jouera dans sa poule. Car à part Hongkong, les Françaises n’ont encore jamais joué ni la Colombie, ni Madagascar. « Même si on n’a pas d’images sur elles, on sait l’essentiel : elles viendront très motivées avec l’envie de faire tomber l’équipe qui s’affiche comme la tête de série et la favorite et c’est normal », admet-il.
« Leur envie d’aller aux Jeux sera identique à la nôtre. Derrière le rugby, et le 7 particulièrement, il y a une culture très forte et ces équipes en sont pleinement imprégné. Là aussi, il va falloir s’adapter. »
Garder son esprit de compétiteur
Pour les garçons aussi, le tournoi ne s’annonce pas plus simple, d’autant qu’il n’y aura qu’une place à décrocher pour les Jeux de Tokyo et que sur les rangs figurent de gros prétendants tels que l’Irlande, les Samoa, autres habitués du World Series, mais aussi l’Ouganda, la Jamaïque et le Tonga, entre autres.
Malheureusement pour France 7, la belle montée en puissance observée ces dernières années sous la férule de Jérôme Daret a été stoppée net par le Covid. Le dernier vrai tournoi remonte à Vancouver les 7 et 8 mars 2020 où la France avait fini 10e. « On avait les voyants au vert sur le World Series ; l’équipe de France progresse », assure Jérôme Daret.
Durant cette pandémie, son projet s’est inscrit dans celui du XV de France où le staff de Fabien Galthié a trouvé avec les septistes des sparing-partners de qualité pour bien s’entraîner. De plus, trois cadres de France 7 ont connu la compétition dans le Top 14 : Jean-Pascal Barraque et Tavite Vederamu à Clermont, Pierre Mignot à Bordeaux, ce qui leur a permis de conserver intact leur esprit de compétiteurs.
« Rien ne vaut la compétition pour faire progresser les joueurs ; ça a été une bouffée d’oxygène pour ces jeunes », insiste l’entraîneur. « On a eu la chance de travailler avec le XV de France, ce qui a gardé cette adrénaline de compétition. Ça a permis à une majorité de joueurs de continuer à s’entraîner avec une exigence de très haut niveau. »
La force de France 7 : son état d’esprit
Ce mental, France 7 en aura besoin à l’heure de retrouver la compétition. Après deux bons tournois à Dubaï début avril – ils ont fini deuxièmes à l’aller et troisièmes au retour – les Bleus ont annulé leur participation au Madrid Sevens pour cause de Covid, mais se préparent à fouler le terrain de Valladolid (Espagne) du 26 au 28 mai avant de partir en stage à Aix-en-Provence puis de mettre le cap sur Monaco.
Là, leur poule B sera compliquée à gérer face à Hongkong, au Chili, à l’Ouganda et à la Jamaïque. « L’avantage que l’on a, c’est que l’on connait toutes ces équipes pour les avoir déjà jouées ; on sait à quoi s’attendre », se souvient Jérôme Daret.
« Maintenant, il faudra être très vigilants, très précis sur ce que l’on voudra mettre en place et faire en sorte de monter en puissance. Mais faut pas se planter et ça voudra dire être très opportuniste et très optimiste aussi car si on remporte ce tournoi, on aura les voyants au vert pour aller challenger les équipes aux JO et on arrivera en pleine confiance avec une fringale énorme. Ce sera d’autant plus bénéfique qu’on aura joué une compétition de très haut niveau un mois avant, on aura eu la préparation qu’il faut pour pouvoir être prêts à Tokyo. »
Autant dire que Jérôme Daret ne doute pas de la capacité de son équipe à bouger des montagnes. L’enjeu est important et la symbolique est belle. Ces JO seront potentiellement la dernière apparition de Terry Bouhraoua, le serial marqueur de France 7, sur la planète Sevens et l’intéressé compte bien en faire une source de motivation supplémentaire. Même si ce ne sera pas la seule arme des Français.
« La première, c’est notre capacité à jouer en équipe et la deuxième notre projet de jeu dans lequel les joueurs se retrouvent. Mais la force la plus importante que peut avoir l’équipe de France aujourd’hui, c’est son état d’esprit », affirme Jérôme Daret.
En bon connaisseur du Sevens et de la gastronomie française, il prévient quand même : « on a beau y mettre tous les ingrédients, mais ce qui est important, c’est de faire la recette le jour J. »
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