Parce qu'elle n'avait aucune prise sur les événements qui ont eu un impact sur sa carrière d'arbitre en 2021, Hollie Davidson a appris à gérer la frustration et à rester optimiste.

L'ambitieuse arbitre écossaise devait faire ses débuts en tant qu'arbitre vidéo (TMO) le week-end du 6-7 mars 2021. Mais le match de Pro 14 entre Édimbourg et Benetton a dû être reporté en raison d'un cas positif au Covid-19 dans le camp italien.

C'était le troisième rendez-vous manqué en un peu moins de deux mois pour Davidson, qui était aussi prévue pour arbitrer ses premiers matchs à la fois en European Challenge Cup et en PRO14, si la pandémie n'avait perturbé tous ses plans.

« Par les temps qui courent, on doit s'attendre à ce genre de choses », admet Hollie lorsque World Rugby lui pose la question. « J'attendais vraiment avec impatience le match Newcastle-Castres qui devait se tenir en janvier. Et puis les médias sortent des infos à propos de cas positifs en laissant entendre que les équipes ne pourraient pas jouer et vous ne pouvez pas vous empêcher de penser que le match peut être annulé.

« Lorsque j'ai été convoquée pour le match Glasgow-Trévise, j'ai fait toute ma préparation, mais jusqu'à ce que j'arrive à Scotstoun ce jour-là, tout pouvait arriver. Donc, il s'agit de ne pas trop s'impliquer émotionnellement et de ne pas être trop frustrée non plus parce qu'au final, il n'y a que vous qui êtes déçue. »

Perdurer la tradition écossaise

Hollie Davidson admet que la convocation pour arbitrer Newcastle contre Castres en Challenge Cup « est venue un peu à l'improviste, je ne m'y attendais probablement pas aussi vite ».

Mais, elle espère qu'une autre opportunité se présentera à elle. Et si tel est le cas, elle tient à bâtir sur les bases posées par ses collègues officiels écossais Mike Adamson et Joy Neville qui ont tous les deux été convoqués sur le Six Nations Hommes cette année.

« En ce qui me concerne, officier sur ces rencontres est fantastique. On espère y être convoqué et que d'autres femmes nous regardent, que d'autres arbitres nous observent et qu'ensuite on nous propose d'autres opportunités. D'autant qu'avec des personnes comme Mikey (Adamson) du point de vue écossais et Joy du point de vue arbitre féminin, ils ont montré qu'on avait toute notre place.

« Cela fait longtemps qu'un arbitre écossais masculin n'a pas été au sommet du rugby international. Et avec Mikey qui avance, vous voulez en quelque sorte poursuivre sur cette lancée favorable aux arbitres écossais, et puis faire perdurer cette réputation que Joy a commencé à construire pour les arbitres féminines. C'est pour toutes ces raisons qu'il faut continuer et s'accrocher, montrer juste qu'on est là, qu'on est performant, quel que soit notre genre. »

Joy Neville est devenue la première femme convoquée comme arbitre vidéo (TMO) sur un test masculin lors de la Coupe d'Automne des Nations en novembre 2020, et a rempli la même fonction sur le Six Nations.

Les deux filles ont travaillé ensemble sur le HSBC World Rugby Sevens Series en 2017, et Joy a apporté un soutien précieux à Hollie dans sa carrière d'arbitre.

« Elle est un modèle pour moi », assure Hollie Davidson. « Je lui téléphone probablement chaque semaine, nous discutons de choses et d'autres. Nous avons une vision très similaire sur notre façon d'arbitrer.

« Elle a juste un peu plus d'expérience que moi. Elle a été dans des situations bien plus différentes que moi, donc elle peut transmettre ses connaissances. Elle a été fantastique tout au long de ma carrière, depuis le moment où je l'ai rencontrée sur le Sevens jusqu'à ce qu'on travaille ensemble sur le XV. C'est génial. »

Avec un objectif : les JO

Le parcours d'Hollie Davidson vers le rugby d'élite a commencé à l'école de l'Aberdeenshire, lorsque son professeur de menuiserie, supporter de Bath, a formé une équipe de rugby pour filles.

L'équipe s'est un jour qualifiée pour une finale des moins de 18 à Murrayfield à une époque où Hollie portait le maillot numéro neuf ou 10. « Je me souviens que ça m'ennuyait beaucoup d'arbitrer », confie-t-elle.

« Beaucoup de joueuses qui passent ensuite à l’arbitrage prétendent qu'elles connaissent les règles et j'étais exactement pareil !

« Mais, comme vous êtes toujours autour du ballon et que vous êtes très attentive au jeu, vous êtes capable d'anticiper un peu plus et de comprendre d'où viennent les joueuses. Je pense que cela m'a vraiment aidé. »

Cela ne veut pas dire non plus que Hollie Davidson a trouvé facile de passer du jeu à l'arbitrage une fois que sa blessure l'a convaincue qu'il était temps de prendre le sifflet.

Elle se rappelle « avoir été critiquée plusieurs fois parce que je me retrouvais sur la ligne 9-10 » au début de sa carrière d'arbitre. Mais elle a su apprendre très vite. Elle a fait ses débuts sur le World Series à Las Vegas en mars 2017, à seulement 24 ans. Et moins de six mois plus tard, elle s'est retrouvée arbitre assistante sur la finale de la Coupe du Monde de Rugby 2017 à Belfast.

« Je ne m'y attendais absolument pas », dit-elle. « On avait joué les demi-finales et la finale à Belfast. L'ambiance au Kingspan Stadium était extraordinaire et jamais je n'avais connu quelque chose de tel. C'était absolument incroyable, et pouvoir vivre ça, être là sur le terrain, c'était à couper le souffle. »

Hollie Davidson aimerait vivre plus de moments comme ceux de Belfast, à commencer par les Jeux olympiques de Tokyo. « J'ai évidemment commencé en 2017 sur le circuit avec comme objectif de me rendre aux Jeux olympiques », sourit-elle. « Je pense que ce seront des Jeux olympiques différents. Et rien que pour ça ce sera une motivation supplémentaire d'y aller. Simplement y aller sera incroyable. »

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