Julie Paterson quittera la Welsh Rugby Union au mois de juin, après 32 ans de service, pour débuter sa nouvelle mission en tant que directrice du rugby au Six Nations Rugby.
Julie Paterson, qui n'avait que 19 ans lorsqu'elle a commencé à travailler à la WRU en 1989, ne cache pas que présenter sa démission a été « très difficile, très émouvant après plus de 30 ans » de relation.
« Il n'y a pas de femmes directrices de rugby », constate celle qui débutera sa mission en juillet. « Même pendant le processus de recrutement, j'ai soulevé à plusieurs reprises le fait qu'il fallait une certaine dose de courage au Six Nations de nommer une femme à ce poste.
« C’est très courageux de leur part, même si j’ai plus de 30 ans d’expérience derrière moi. C'est sûr que ça va en faire réagir plus d'un. Pour autant, j'ai le sentiment que pendant toute la durée de mon recrutement, on m'a jugée sur ce que j'avais fait et ce que je pouvais apporter plutôt que sur mon genre.
« Je ne pense pas qu'on m'ait choisie parce que je suis une femme et 'on verra bien comment elle va se débrouiller'. Je pense que mon expérience a joué beaucoup, mais aussi parce que j'ai siégé au Conseil de World Rugby ou au Comité de réglementation. Je pense que c'est tout ça qui a joué. »
Dans son nouveau rôle, Julie Paterson sera chargée de façonner la stratégie rugbystique du Tournoi, de permettre aux nations en compétition de partager leurs connaissances, leurs meilleures pratiques et d'engager des débats avec les parties prenantes tous ensemble
« Aux yeux du public, le Six Nations est un Tournoi principalement pour les équipes senior Hommes, mais les choses évoluent », relève-t-elle. « En fait, vu la façon dont la nouvelle structure est mise en place pour avancer, le directeur de rugby devra mettre en relation les six nations pour que toute l'expertise du rugby de chacune soit mise à profit des six. »
Accompagner les tourments
Lorsque Julie Paterson a postulé pour un poste de comptable avec la WRU en 1989, elle l'a fait en pensant à son grand-père fou de rugby. Et au cours des trois décennies qui ont suivi, elle a travaillé sans relâche et fait même bien plus qu'elle devait. Julie a en effet gravi les échelons de la fédération et a été nommée au conseil d'administration de la WRU en 2005.
Elle y a occupé plusieurs postes et jusqu'à récemment celui de directrice des opérations. Elle a aussi été présidente du conseil de direction du rugby de la WRU et membre du conseil du rugby professionnel.
Sur la scène internationale, Julie Paterson a représenté le Pays de Galles au Conseil de World Rugby, à son comité de réglementation, à l'European Rugby Board et au PRO14, où elle préside les comités de rugby et de réglementation.
On l'a également vu siéger au conseil d'administration de la Team GB et, en 2008, elle a travaillé comme directrice de tournoi lors du premier Championnat du Monde des Moins de 20 ans au Pays de Galles.
« En fait, tenir mon agenda ces dernières semaines avec cette transition vers mon nouveau job, ça n'a pas été facile », sourit-elle, alors qu'elle se remémore ses meilleurs moments en 32 ans au sein de la fédération.
« Je pense à ce propos que le passage du Cardiff Arms Park au Millennium Stadium tel qu'il était, a été notre plus gros défi », dit-elle. « C'était une décision éminemment politique à l'époque avec tellement de compromis à respecter. On a traversé une période financière très, très difficile après la construction du Millennium Stadium, ce qui n'est un secret pour personne.
« Mais… probablement l'une de mes plus belles réalisations a été de travailler avec Barclays, PWC, David Moffett dans ce contexte très compliqué et d'avoir permis à la fédération de s'en sortir. C'était probablement l'une des périodes les plus difficiles de la fédération, mais en fait nous en sommes tous ressortis encore plus forts. »
Elle a ouvert la voie à d'autres femmes
Depuis 2005, Amanda Blanc, Aileen Richards, Marianne Okland et Liza Burgess ont rejoint Julie Paterson dans la salle de conférence de la WRU. Liza Burgess est d'ailleurs devenue vice-présidente de la fédération.
« Ça, ça a été énorme », s'enthousiasme Julie. « Lorsque j'ai été nommée au conseil exécutif, il n'y avait aucune autre fédération qui comptait des femmes dans son conseil exécutif. Donc, même si on peut paraître un peu démodé, nous sommes un pays pour le coup très traditionnel. Je pense que les gens ne se rendent pas suffisant compte de la façon dont j'ai été mise en avant et reconnue par la fédération.
« Je pense que tout ce qu'il se passe en ce moment est de bon augure. Regardez comment Liza a pu faire sa place, elle a su s'imposer aux élections et convaincre les clubs.
« Ce n'est pas facile à faire, quel que soit la fédération à laquelle vous appartenez, de se battre pied à pied et de convaincre des clubs conservateurs de voter pour vous. Et si vous y parvenez, alors la récompense est d'autant plus belle.
« Il s'agit simplement de donner aux femmes la confiance nécessaire pour s'imposer et sortir du lot. C'est tout ce qui compte. Je ne crois pas à la discrimination positive en faveur des femmes, qu'elles devraient obligatoirement remplir tel ou tel rôle. Mais vous devez être capable de vous démarquer, d'aller de l'avant et de vous dire que vous pouvez échouer.
« Et si vous perdez parce que la meilleurs personne pour le job c'est un homme, alors qu'il en soit ainsi. Mais en attendant, vous aurez trouvé la confiance d'y aller et d'essayer. »
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