L’espoir que cultive l'Afrique du Sud est qu'un jour le pays puisse avoir une équipe nationale de rugby féminine tout aussi performante que celle des hommes. Actuellement, l'une est classée numéro un et l'autre n° 13 au classement mondial World Rugby.
Mais la nomination de l'ancienne capitaine de l'Irlande Lynne Cantwell est un signe encourageant montrant toute la détermination de la South African Rugby Union (SARU) à vouloir combler l'écart et à faire de l'Afrique du Sud une nation de rugby à craindre sur les deux fronts.
Lynne Cantwell, dont la carrière internationale de 12 ans s'est étendue sur quatre Coupes du Monde de Rugby à XV et une à 7, a commencé à travailler en tant que responsable de la haute performance de rugby féminin à la SARU en janvier, et elle jouera un rôle essentiel dans la préparation de l'équipe pour le défi qui l'attend à Coupe du Monde de Rugby 2021.
Mais l'ancienne centre de 39 ans a déclaré que son nouveau mandat ne se concentrera pas uniquement sur l'amélioration des résultats, mais aussi sur l'élargissement de la base de joueuses dans son ensemble, ainsi que leur progression.
Pour le moment, Lynne est basée à Londres, mais l'idée est de se rendre en Afrique du Sud en juillet - avec visa et sans Covid-19 - avec son mari et ses deux jeunes enfants.
Thanks everyone for such a gorgeous response to us joining the @Springboks team with @WomenBoks🇿🇦Looking forward to lots of positive work to grow the women’s game in SA&feeling proud this will help lead more women into prof roles in sport #TogetherMovingForward #StrongerTogether pic.twitter.com/fsS8sunJA7
— Lynne Cantwell (@cantwelll) February 20, 2021
Un gros défi
Bien qu’elle ne soit pas encore basée en Afrique du Sud, elle commence à prendre conscience des défis et opportunités uniques auxquels le rugby féminin est confronté.
« De toute évidence, je ne suis pas Sud-Africaine et je ne vais pas prétendre savoir ce que c'est que d'être une fille en Afrique du Sud qui passe par le système », dit-elle. « Je ne peux me baser que sur les conversations que j’ai eues avec elles et avec les gens sur le terrain. Mais je pense que ce qui m'attend est assez unique.
« La réalité est qu'il est difficile de participer à des compétitions internationales, en partie à cause du financement et des ressources que ça nécessite, mais aussi du fait de la géographie et des structures en place pour le rugby féminin.
« L'un des points positifs d'un point de vue sud-africain est le nombre de filles en Afrique du Sud qui sont là et qui veulent vraiment jouer au rugby. C'est absolument gigantesque et c'est en soi un défi - être capable de comprendre et de construire un système qui leur permette de se lancer dans le rugby. Plus nous pourrons en faire entrer dans le système plus cela contribuera évidemment à améliorer les performances.
« Il y a eu beaucoup de bon travail de fait et nous voulons bâtir sur cela. Mahlubi Puzi était l'ancien directeur du développement et il a mis au point le système que nous avons actuellement, où nous disposons de huit centres de formation pour les jeunes à travers le pays. Beaucoup de Springbok Women sont passées par là.
« Nous voulons simplement nous assurer que toute fille qui entre dans le système puisse s'exposer et pratiquer autant de rugby que possible. Les filles peuvent être tentées d'abandonner le sport à tout moment parce que les compétitions ne sont pas connectées entre elles ou qu'il n'y a pas beaucoup de compétitions pour améliorer leurs performances.
« Mais il y a des choses qui ne sont pas nécessairement uniques à l’Afrique du Sud, mais qui sont symptomatiques du sport féminin en général. Nous avons besoin d’un bon coaching pour apprendre techniquement et tactiquement et nous avons besoin d’heures sur le terrain pour mettre tout cela en pratique. Toutes ces choses que nous voulons examiner au cours des deux prochaines années. »
Un catalyseur pour la croissance
Par rapport au rugby masculin, chargé d’histoire, le rugby féminin en Afrique du Sud en est encore à ses balbutiements.
Au dernier décompte, il y a 83 000 joueurs en Afrique du Sud, soit 80 000 de plus que de joueuses. De plus, les Springbok ont remporté autant de Coupes du Monde de Rugby que les féminines Springbok en ont réellement participé.
Leur meilleure performance a été en 2010 lorsqu'elles ont battu le Pays de Galles dans les phases de poules avant de terminer 10e au classement général, une position qu'elles ont égalée lors de leur dernière participation au tournoi en 2014.
Lynne Cantwell arrive persuadée qu'une bonne performance en Nouvelle-Zélande – obtenue grâce aux bonnes structures - pourrait être le catalyseur de la croissance en Afrique du Sud.
« La Coupe du Monde de Rugby donne au sport une énorme visibilité », rappelle-t-elle. « Si les filles y voient une image ambitieuse et un parcours ambitieux, en plus de ce qui pourra être réalisé, elles seront intéressées pour s'impliquer dans le rugby. Nous souhaitons voir le nombre de joueuses de rugby augmenter considérablement au cours des deux prochaines années. »
Après avoir été tirée au sort dans la même poule que l'Angleterre, deux fois championne du monde, la France, puissance du Six Nations, et les Fidji, nouveaux arrivants en Coupe du Monde de Rugby, l'Afrique du Sud se rend en Nouvelle-Zélande comme l'un des outsiders.
💥Bok Women's prop Babalwa Latsha continues to make her mark in women's rugby in Africa
— Springbok Women (@WomenBoks) February 6, 2021
🌎The ⭐️ player to serve on @RugbyAfrique women's sub-committee for Player Welfare & Participation💪
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Plus fortes et plus rapides
Mais Lynne Cantwell assure néanmoins que le temps de préparation a été suffisant et que la prochaine IPL (Ligue interprovinciale) Premier, un tournoi à six équipes, offrira du temps de jeu nécessaire aux joueuses en lice pour une place dans l'équipe de Stanley Raubenheimer pour la Coupe du Monde de Rugby 2021.
« Les filles sont en stage de préparation depuis janvier ; jamais elles n'étaient restées si longtemps ensemble. Ensuite, elles auront une pause de trois mois et retourneront dans le championnat national », détaille Lynne Cantwell.
« La SARU est engagée dans la compétition interclubs parce qu'elle veut que les filles aient autant de temps de jeu que possible avant de se retrouver en juillet avant la Coupe du Monde. Elles deviennent plus fortes, plus en forme et plus rapides. Et je suis convaincue qu'au cours des prochains mois, les entraîneurs seront obligés d'adopter un plan de jeu différent pour la compétition.
« Elles joueront l’Angleterre et la France dans les matchs un et deux, qui vont être difficiles, puis les Fidji dans le dernier match de poule qui sera compétitif et que nous chercherons à cibler.
« J'espère qu'elles auront une excellente Coupe du Monde et qu'elles se feront remarquer dans le bon sens du terme, ce qui leur donnera une bonne base pour savoir où elles se situent sur la scène internationale. »
Actuellement classées 12 places derrière leurs homologues masculins, les Springboks Women ne peuvent que progresser. Lynne Cantwell estime d'ailleurs que si les Springbok Women peuvent commencer à faire de sérieux progrès, ce ne sera pas seulement bénéfique pour le rugby en Afrique du Sud, mais aussi pour le rugby féminin dans son ensemble.
« Les équipes féminines progressent à des rythmes différents, mais nous voulons vraiment que toutes les superpuissances du rugby aient une bonne équipe féminine. Je sais que le rugby mondial a hâte de voir l'Afrique du Sud émerger et rivaliser avec les meilleures équipes.
« Si chaque pays est en compétition et peut être le meilleur possible, cela ne fera qu’améliorer le niveau du rugby féminin dans le monde et le rendra plus attrayant à regarder, à jouer et pour séduire plus de supporters et de sponsors. »
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