Joost van der Westhuizen est décédé en 2017, à l'âge de 45 ans mais, comme le dit le vieil adage, les légendes ne meurent jamais.

L'ancien demi de mêlée des Springboks a gagné le statut de légende lorsque l'Afrique du Sud a remporté la Coupe du Monde de Rugby 1995 puis, plus tard, par le courage dont il a fait preuve pour lutter contre la maladie de Charcot.

Intronisé au World Rugby Hall of Fame, il aurait eu 50 ans ce 20 février 2021 si la maladie n'avait pas cruellement écourté sa vie. Mais son héritage se perpétue grâce à la J9 Foundation, l'organisme de bienfaisance qu'il avait fondé en 2012 pour collecter des fonds et faire connaître cette maladie dégénérative.

En tant que joueur de rugby, Joost van der Westhuizen a laissé une marque indélébile sur le jeu. À une époque où le rugby avait la chance d'avoir de superbes demis de mêlée comme Justin Marshall et George Gregan, lui se démarquait, du haut de son mètre 85, et pas seulement physiquement.

Ses coups de sniper depuis la mêlée ont causé des maux de tête aux défenses adverses et sa capacité à multiplier les chip-and-chase lui a effectivement permis de marquer un des plus beaux essais contre l'Angleterre à Twickenham en novembre 1995.

La détermination de Van der Westhuizen à arrêter un Jonah Lomu déchaîné dans son élan, par tous les moyens possibles, a été un élément clé de la finale de la Coupe du Monde de Rugby 1995 et Nick Mallett, qui deviendra plus tard son entraîneur chez les Springboks, s'en souvient très bien.

« Il était tellement motivé par ses réalisations personnelles. Et dans ce contexte, je ne pense pas avoir rencontré un gars avec autant de courage que lui, même parmi les attaquants », se souvient Nick Mallett.

« C'était un défenseur incroyablement bon. Son plaquage sur Jonah Lomu, quand ils se sont rués sur lui depuis le fond de touche, a été probablement le plus beau plaquage de la Coupe du Monde. Joost y a mis sa tête, ses épaules, son cou, ses deux bras et l'a serré contre lui. Joost incarnait ce courage. »

Une charnière parfaite

Les Springboks ont remporté un record de 17 tests consécutifs sous Nick Mallett à la fin des années 90, alors que Van der Westhuizen était encore à son apogée.

« Cette charnière Joost et Henry Honiball était la meilleure au monde depuis le moment où j'ai entraîné en 1997 jusqu'à la retraite d'Henry en 1999, ils étaient absolument exceptionnels », rappelle Nick Mallett.

« Lorsqu'il était encore en activité, je ne pense pas qu’il y ait eu un autre demi de mêlée qui avait son rythme et sa capacité à battre les attaquants en bord de rucks ; il pouvait vraiment se replacer très rapidement.

« À chaque fois que vous jouiez contre Joost, en sortie de mêlée vous n'aviez pas le temps de mettre la pression sur le demi d'ouverture. Il fallait voir le ballon quitter ses mains. Ça donnait à Henry Honiball une demi-seconde à une seconde de plus pour prendre la bonne décision.

« Pour un type de sa taille, il courait très bas et il avait l'habitude de se soustraire aux plaquages ​​la plupart du temps. Mais je pense toujours que sa défense était d'un autre niveau que n'importe quel autre demi de mêlée au monde, c'était presque comme avoir un autre flanker, il avait la même ténacité.

« C'était juste un joueur merveilleux, merveilleux à entraîner. Vous n’aviez pas vraiment besoin de le coacher, vous aviez juste besoin de créer les conditions pour lui. »

Un modèle

Pour un jeune aux yeux écarquillés comme Thinus Delport, qui a joué aux côtés de Van der Westhuizen dans ses 18 sélections (à part deux), le demi de mêlée né à Pretoria était le modèle parfait.

« L'un de ses gros points forts était sa capacité à se concentrer intensément pendant un long moment - jusqu'à ce que l'entraînement soit terminé. Son approche était tellement professionnelle », raconte Thinus Delport.

La carrière de Delport chez les Springboks a pris fin quand il est entré en collision avec un autre grand joueur de rugby - Jerry Collins - en quart de finale de la Coupe du Monde de Rugby 2003 contre la Nouvelle-Zélande. Mais il a partagé un autre moment de rugby spécial avant le décès de Van der Westhuizen.

« J'ai eu la chance de jouer pour la J9 Team (World Legends) plus tard à Dubaï, et d'y être avec Joost et son frère, Pieter », révèle Thinus. « Ça nous a pris trois ans, mais nous avons remporté le 10s Masters à Dubaï, peu de temps avant son décès. C'était formidable de pouvoir lui offrir cette victoire et de faire la fête une dernière fois avec lui. Son esprit et sa vivacité étaient toujours là, mais c’était émouvant de voir les défis physiques auxquels il devait faire face. »

La vivacité d'esprit de Van der Westhuizen, ainsi que sa rapidité, étaient une qualité que son compatriote lui aussi vainqueur de la Coupe du Monde de Rugby, Japie Mulder, a immédiatement reconnue.

« Je ne dirais pas qu’il était le meilleur demi de mêlée avec lequel j’ai joué, mais il était certainement l’un des meilleurs joueurs de rugby avec lesquels j’ai jamais joué »confie le centre. « Joost avait toujours un mètre d'avance sur vous, lui et André Joubert. Ils pensaient toujours à ce petit plus. Juste un moment ou deux avant que vous tentiez de faire quelque chose, ils étaient déjà là. »

Japie Mulder se souvient de Van der Westhuizen non seulement pour son dévouement et son professionnalisme, mais aussi pour sa personnalité.

Un esprit combatif

« En dehors du terrain, Joost appréciait la vie. Il riait toujours et faisait des blagues. Nous étions tous jeunes à l'époque, 24/25 ans, donc on avait toujours du temps pour s'amuser, et j'ai aussi apprécié cette partie de Joost. Il était un brillant joueur de rugby et un bon ami. C'était un gars très positif et un atout pour le moral de l'équipe.

« Au cours des deux dernières années de sa vie, il a montré qui il était vraiment. C'était un combattant. J'ai adoré cet homme. Mais comme beaucoup de professionnels du sport à la retraite, Van der Westhuizen a eu du mal à s’adapter à la vie dans 'le monde réel' ».

Nick Mallett ajoute que son combat contre la maladie de Charcot lui a d'une certaine manière redonné le même niveau de concentration qu'il avait en tant que joueur.

« Il a traversé une période difficile lorsqu'il a dû se retirer du rugby professionnel. Comme il le disait, tout était fait pour lui - il savait exactement à quoi ressemblerait sa journée et il trouvait très difficile de revenir à une vie normale », dit-il.

« Pendant environ cinq ans, il a dérivé un peu, puis il a malheureusement été diagnostiqué avec la maladie de Charcot, et d'un certain côté, cela l'a en quelque sorte remis en place.

« Il a créé la J9 Foundation et je pense que les deux dernières années de sa vie, il s'est vraiment attaché à laisser un héritage non seulement en tant que joueur de rugby, mais aussi en tant que personne qui souffrait de cette maladie dégénérative horrible. Il était déterminé à aider les autres. »

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