Le rugby a rempli une grande partie de la vie de Bella Milo depuis le jour où, à seulement quatre ans, elle a été initiée pour la première fois par son père, après avoir suivi son frère aîné à l'entraînement.

Le rugby lui a permis de réaliser ses rêves et de parcourir le monde, du berceau familial de Hamilton à Auckland et Hongkong en passant par les Coupes du Monde de Rugby au Canada, en France et en Irlande.

Bella Milo a déménagé à Hongkong après avoir représenté les Samoa à la RWC 2014 et depuis, elle s'est installée dans la ville, saisissant l'occasion de perfectionner ses compétences d'entraîneur tout en jouant.

C'est en tant qu'entraîneure adjointe que Bella s'est rendue en Irlande en 2017 avec Hongkong. Et maintenant, en tant qu'entraîneure de force et de conditionnement physique, elle se concentre sur l'aide qu'elle peut apporter pour leur permettre d'aller en Nouvelle-Zélande cette année.

« Ce serait énorme pour les filles d'ici », assure Bella Milo à World Rugby. « Si nous participons à une autre Coupe du Monde, nous allons avoir beaucoup plus de jeunes et de filles qui vont vouloir pratiquer le sport. »

Le chemin de Hongkong vers la RWC 2021 pourrait encore croiser celui des Samoa, si les filles se classent deuxième en Asie et retrouvent les Manusina dans le tournoi final de qualification. Même si la dernière apparition de Milo pour cette nation du Pacifique était contre les Fidji en novembre 2019, elle reste toujours disponible pour une éventuelle sélection.

Mais vers où son cœur balancerait si les deux équipes s'affrontent cette année ? « Dans ce cas, je préférerais jouer », assure-t-elle.

Pouvoir redonner au rugby

Le lien de Bella Milo avec les Samoa reste fort. Bien qu’elle ait grandi sur l’île du Nord de la Nouvelle-Zélande, elle est fière de son héritage et tient à utiliser son expertise pour aider le rugby féminin à s’épanouir sur cet îlot du Pacifique.

« Dans 10 ans, j'adorerais être de retour aux Samoa pour travailler ou entraîner dans le secteur du rugby, que ce soit au niveau local ou au niveau national », confie Bella.

« J'ai toujours voulu revenir chez moi et entraîner, mais je pense que financièrement, ce n'est pas le bon moment en ce moment. En revanche, si je le pouvais aujourd'hui, alors j'aimerais absolument retourner aux Samoa et redonner au sport ce qu'il m'a donné. »

Bella Milo a littéralement vécu de l'intérieur l'impact que le rugby pouvait avoir sur les communautés samoanes, lorsqu'elle s'y est rendue dans le cadre du programme TEINI TOA en 2018.

« Nous avons entraîné des écoliers et j'ai adoré ça », raconte-t-elle. « J'ai adoré voir les sourires sur leurs visages, à quel point ils voulaient jouer avec vous et apprendre.

« Quand ils apprennent quelque chose de différent, ils se disent simplement : 'Oh, je n'y avais pas pensé'. C'est juste ce petit truc en plus et cette satisfaction qui fait que, dans un premier temps, vous voulez les aider, les accompagner. Et dans un deuxième temps les emmener plus loin et leur faire découvrir d'autres choses. »

Le parcours d’entraîneure de Milo a commencé à Auckland Marist, quand on lui a demandé de prendre en charge l’équipe féminine alors qu’elle se remettait d’une grave blessure à l’épaule.

Ayant commencé comme demi de mêlée avant de passer numéro 10 en raison de sa taille, Milo raconte qu'elle avait pris l'habitude de penser au jeu comme un entraîneur et de mettre en œuvre des plans de match sur le terrain.

Elle reconnaît cependant que cette saison a été une « courbe d'apprentissage » dans le sens où elle a eu du mal à obtenir de ses coéquipières le niveau qu'elle réclamait.

L'expérience a cependant aidé Bella Milo à formuler sa propre philosophie d'entraînement, qui, selon elle, consiste à d'abord « bien maîtriser les bases » tout en créant un environnement dans lequel les joueuses n'ont pas peur de faire des erreurs.

« Vous ne pouvez pas pratiquer un rugby sophistiqué si vous n’avez pas les compétences de base », rappelle-t-elle. « Construire une culture hors du terrain, en dehors du rugby est important. Et, en retour, cela se traduit par le jeu où, si les choses ne vont pas trop bien, les filles peuvent en parler et sont également capables de résoudre des problèmes sur le terrain. »

entraîner À LA COUPE DU MONDE DE RUGBY

Son déménagement à Hongkong a donné à Bella Milo l'occasion d'affiner encore plus cette philosophie dans sa manière d'entraîner. Elle venait de rentrer de la RWC 2014 en France lorsque son cousin Wesley Feausi et sa femme, Sam, l'ont convaincue de déménager à Hongkong.

Wesley travaillait avec les Gai Wu Falcons à l’époque, mais c’est Sam, qui a depuis bénéficié de la Bourse de leadership pour les femmes octroyée par World Rugby, qui a fait les démarches en premier pour permettre à Bella de rejoindre Valley.

Mais ce qui était censé n'être qu'un séjour de six mois s'est transformé en un séjour beaucoup plus long. En 2016, Jo Hull a téléphoné à Bella Milo à Dublin, où elle participait au tournoi de repêchage olympique, pour lui demander si elle serait d'accord pour rejoindre le staff de l'équipe nationale féminine.

Et c'est ainsi que, quatorze mois plus tard, Milo est retournée dans la capitale irlandaise pour la RWC 2017 en tant qu'entraîneure adjointe. « C'était probablement les quatre semaines de travail les plus longues », sourit-elle.

« C'était juste une expérience que peu de gens ont la chance de vivre. Peu d'entraîneurs arrivent à entraîner lors d'une Coupe du Monde, de baigner dans cet environnement. Le simple fait de pouvoir apprendre est tout simplement énorme. »

Hongkong a certes perdu ses trois matches de poule - contre le Canada, la Nouvelle-Zélande et le Pays de Galles - mais le staff d’entraîneurs a mis au point un plan pour au contraire valoriser le travail des joueuses malgré ces défaites, comme le meilleur plaquage ou un beau ballon gratté.

« Nous avons cherché des choses vraiment, vraiment petites dont nos filles pourraient vraiment être fières pour ne pas sortir de là en étant complètement déprimées », raconte Bella. « Comme ça, elles pouvaient repartir avec quelque chose qu'elles avaient appris. Donc, à chaque fois, nous avons fait une petite fête après chaque match, ce qui était très cool, et les filles ont vraiment adhéré. »

Bella Milo jongle aujourd'hui entre une position de joueuse-entraîneure avec Valley et ses engagements avec l'équipe nationale de Hongkong.

Elle pense que le tournoi en Nouvelle-Zélande – qui serait sa quatrième Coupe du Monde de Rugby - pourrait avoir un impact énorme sur le rugby féminin dans les îles du Pacifique.

« Pour les gens là-bas, voir des femmes jouer en Nouvelle-Zélande sur la scène mondiale, c'est énorme », dit-elle. « Notre peuple est très fier de sa condition d'insulaire. Alors, que ce soit les Fidji, les Samoa ou autre, ils seront toujours fiers de soutenir une équipe des îles du Pacifique. »

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