Le rugby brésilien vient de rentrer dans une nouvelle ère. Mariana Miné vient en effet d'être retenue comme directrice générale de la fédération brésilienne de rugby. Elle remplace Jean-Luc Jadoul et entend poursuivre la montée en puissance du rugby brésilien au plus haut niveau, une mutation entamée il y a une dizaine d'années maintenant.
Autre changement à venir, Eduardo Mufarej va abandonner son fauteuil de président de la fédération le 1er janvier 2021. « Les défis qui se présentent à une nation émergente du rugby sont énormes et j'espère profondément que le rugby devienne encore plus accessible et dynamique dans l'avenir », a-t-il déclaré.
« Avoir une femme comme directrice générale est un bon message qui est envoyé », a confié pour sa part Mariana Miné à World Rugby, depuis São Paulo. « Il y a une opportunité énorme qui se présente pour l'équipe féminine qui a eu de bons résultats et qui participera aux Jeux Olympiques. Nous sommes importants et nous pouvons l'être encore plus. »
Mariana Miné se reconnecte aujourd'hui à un sport qu'elle a connu pour la première fois en 2003 en Australie. « C'était pour le match Argentine v Irlande à l'Adelaide Oval pour la Coupe du Monde de Rugby 2003 et c'était extraordinaire », se souvient-elle.
En Australie pendant près d'un an dans le cadre d'un programme AIESEC destiné aux étudiants universitaires destiné à former de jeunes leaders, elle a travaillé pour la Cour de justice en tant qu'officier de liaison pour la grande communauté vietnamienne d'Adélaïde. « Le but était de leur expliquer comment fonctionnait le système australien, à quel point ils étaient égaux avec tout le monde » explique-t-elle.
« C'est là-bas que j'ai découvert le rugby et ce que ça représentait. Aller dans les pubs et discuter des passionnés, c'était juste génial. »
À son retour, elle a décroché un diplôme de l'une des meilleures universités de commerce du Brésil, l'Université Getulio Vargas, et mis le rugby de côté. Elle a ensuite travaillé dans le milieu des affaires pour AmBev et Unilever, à chaque fois en tant que cadre.
Après avoir travaillé pour une société de médias, Mariana Miné a fondé Simple Pet il y a six ans, une entreprise prospère spécialisée dans les aliments déshydratés pour animaux au Brésil. C'est là qu'elle a été repérée et qu'on lui a proposé le poste.
« C'était complètement fou. Juste après ma première entrevue, j'ai commencé à me documenter sur le rugby, à parler à des gens, à surfer sur Internet. Au Brésil, le rugby c'est quelque chose d'énorme », assure-t-elle. « J'ai également lu James Kerr qui m'a ouvert les yeux et qui m'a montré que le rugby était bien plus qu'un sport. Le rugby est un mode de vie, plein de valeurs.
« Ce qui m'a attirée dans le rugby, c'est ce qu'il peut apporter à la société. Dans des réunions avant qu'on me propose le poste, j'ai demandé aux membres du Conseil consultatif ce que signifiait le rugby et ce qu'il leur apportait. Et entendre leur amour pour le rugby m'a donné envie de m'investir à fond. »
A 38 ans, cette maman de deux bambins (Tom, 3 ans et Olivia, 1 an) arrive motivée pour relever de multiples défis. Tout en reconnaissant qu'il lui reste encore beaucoup à apprendre et à comprendre, elle prévoit de rencontrer autant de personnes que possible aux différents niveaux du rugby. Elle reconnaît que « nous devons nous concentrer sur la construction d'un récit plus fort sur ce qu'est le rugby, de sorte que lorsque nous nous asseyons avec des sponsors potentiels, nous pouvons présenter le rugby de la meilleure des manières ».
Cela fait quelques années que le Brésil s'est imposé sur la carte du rugby mondial. En 2021, les équipes brésiliennes seront encore présentes. Les Yaras iront aux JO et les garçons tenteront de décrocher leurs billets pour Tokyo en participant au tournoi de repêchage à Monaco.
Dans le même temps débutera pour eux la route pour la Coupe du Monde de Rugby 2023 et ils disputeront la deuxième saison de la Superliga Americana de Rugby.
« On doit avoir un but unique pour le rugby et que le programme de haut niveau et les clubs soient étroitement liés », assure Mariana Miné. « Nous avons besoin d'une communauté plus forte, de clubs, de fans, de personnes intéressées - cela nous donnera notre capacité à grandir à long terme. Ce faisant, je prévois de consacrer mon temps à rencontrer et à écouter les clubs et la communauté. »
Mariana est la troisième femme directrice générale de la région après Sol Iglesias (Argentine) et Sisy Quiroz (Pérou). « Je suis très heureuse, très enthousiaste de cette opportunité. Je pense que ces derniers jours ont été très intenses. Je veux laisser une empreinte personnelle pour développer quelque chose de significatif pour la société.
« D'après ce que j'ai entendu de la part de plusieurs membres du conseil d'administration, si le Brésil était un pays de rugby et non de football, notre pays s'en sortirait tellement mieux ! »
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