On pense souvent au XV ou au 7 lorsqu'on parle de rugby. Mais le sport revêt d'autres formes comme le X, le rugby à toucher, le rugby foulard, le beach rugby, le rugby pour les sourds et les malentendants, le rugby pour malvoyants ou le rugby fauteuil aussi. Au Japon, ces formats commencent à connaître un fort engouement.

Parmi eux, le rugby foulard fait partie du programme d'éducation physique des écoles primaires du pays. Après la victoire du Japon au championnat du monde en 2018, le rugby fauteuil a attiré l'attention du public et a lui aussi gagné en popularité. Certes aucune de ces branches du rugby n'ont atteint le statut du XV, surtout après le succès de la Coupe du Monde de Rugby 2019.

« Ce sont aussi des formes de rugby qui n'ont aucun lien entre elles, chacune est indépendante », constate l’ancien capitaine du Japon, Toshiaki Hirose. « J'aimerais les rendre plus populaires auprès de la population. »

Toshiaki Hirose, 28 fois sélectionné par le Japon, a lancé un nouveau mouvement pour aider à connecter les différentes formes de rugby au Japon et à mieux les promouvoir auprès du public. Il parvient à arriver à ses fins grâce à son association, One Rugby.

Parce que les Brave Blossoms se sont qualifiés pour les quarts de finale de la Coupe du Monde de Rugby de l’année dernière, des centaines de milliers de fans ont supporté leur équipe nationale. Et en quelques mois, le rugby est devenu un phénomène sportif et social au Japon.

Une fois la RWC 2019 terminée, ces nouveaux fans se sont passionnés pour la Top League japonaise. Cependant, il subsiste encore un écart important entre la popularité du XV masculin et les autres formats du rugby, en particulier le rugby féminin.

Mais le rugby féminin, ainsi que le rugby à sept et le rugby fauteuil, vont profiter d'une certaine exposition en 2021 en raison de trois événements sportifs majeurs : la RWC 2021 en Nouvelle-Zélande et les Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo 2020.

Au rugby à 7, les garçons vont cette fois tenter de décrocher la médaille après avoir terminé quatrième il y a quatre ans. L'équipe japonaise de rugby fauteuil tentera pour sa part de remporter l’or à Tokyo après avoir remporté le bronze à Rio. Enfin, les Japonaises sont toujours en course pour se qualifier à la Coupe du Monde de Rugby 2021 en Nouvelle-Zélande.

« Beaucoup de gens ne connaissent pas grand-chose au rugby à 7, par exemple ; c'est pour ça qu'il faut plus en parler », insiste Tokiashi Hirose. « Nous avons de nombreux sportifs dans différents formats du rugby qui travaillent très dur et c'est pour ça que j'aimerais qu'ils soient davantage connus des gens. Si nous, One Rugby, pouvons les aider à attirer plus d'attention, ce serait bien.

« Il est de plus en plus courant d'avoir de la diversité dans les modes de vie individuels dans la société. Nous souhaitons contribuer à créer un environnement dans lequel chacun puisse s’amuser même s’il est aveugle ou a besoin d’un fauteuil roulant. C'est l'idée que nous souhaitons véhiculer à travers One Rugby. J'ai le sentiment que les fans du XV peuvent être intéressés par les autres formats du rugby aussi. »

Pour aider à atteindre cet objectif, One Rugby prévoit d'établir un calendrier unique qui couvre tous les rendez-vous des différents formats de rugby, donnant ainsi aux joueurs et aux fans la possibilité de voir où et quand le rugby dans son ensemble est joué.

« Nous prévoyons également d'organiser des événements à proposition multiple. Ainsi, lorsque les gens viennent voir un match de rugby, ils peuvent avoir en apprendre plus sur d'autres types de rugby. Ils peuvent se rendre sur un stand de rugby fauteuil quand ils viennent assister à un match de beach rugby, par exemple », détaille l'ancien international.

Grandir, grâce au rugby

Toshiaki Hirose a trouvé cette idée à l'époque où il jouait. Il raconte avoir toujours été préoccupé par l’écart de connaissance qui existait en le XV masculin et les autres formats du rugby.

Lorsqu'il a pris sa retraite du rugby en 2016, l'ancien capitaine du Japon s'est rapidement tourné vers l'entrepreneuriat. Depuis, il s'est investi dans divers projets, principalement dans des domaines liés au sport, comme un programme de formation pour aider les sportifs à se reconvertir après leur carrière sportive.

Un autre projet s'est focalisé autour du chant, Scrum Unison, qui s'est inscrit dans le programme Japan 2019. Ce projet a permis aux fans du Japon d'apprendre les hymnes nationaux des équipes étrangères pendant la Coupe du Monde de Rugby 2019 et ainsi de les entonner dans les stades les jours de match. Cette initiative a contribué à donner à l'événement une ambiance si unique tout au long du tournoi.

En fait, tous les projets sur lesquels Hirose travaille ont tous la même mission fondamentale : connecter les gens entre eux et améliorer leurs compétences grâce au sport. Il explique qu'il a beaucoup appris lorsqu'il était capitaine de ses équipes au lycée ou à l'université, mais aussi dans la Top League Toshiba avec les Brave Lupus, puis avec les Brave Blossoms. C'est d'ailleurs Eddie Jones qui lui avait confié le brassard à l'époque.

« En tant que capitaine de toutes ces équipes, j'ai appris que les joueurs peuvent mieux montrer leurs capacités lorsqu'ils se sentent fiers de l'équipe. Une fois que j'ai remarqué cela, je me suis toujours soucié de ce que pensaient et ressentaient mes coéquipiers », dit-il. « Je pense que j'ai pris tellement de choses du rugby qu'il est naturel pour moi de lui redonner quelque chose. »

S'appuyer sur le succès des Brave Blossoms

Après avoir lancé One Rugby en février 2020, en partenariat avec Takashi Kikutani, un autre ancien capitaine du Japon, Tokaishi a du faire face à un autre défi de taille : la pandémie de Covid-19 qui a mis le monde à l'arrêt. Toutes les activités prévues ont du être suspendues.

Mais déterminés à ne pas laisser la situation gâcher cette opportunité, Hirose et One Rugby ont vite rebondi pour organiser une session en ligne, où ils ont présenté plusieurs formats de rugby et ont enseigné aux participants les spécificités de chaque sport, y compris les règles et les saisons de compétition. Les sessions ont également été dispensées en langue des signes.

Après la belle performance des Brave Blossoms à la Coupe du Monde de Rugby 2019, le Japon ne s'est pas arrêté en si bon chemin. Il était d'ailleurs question que l'équipe se mesure à l'Angleterre, à l'Irlande et à la France dans la toute nouvelle Coupe d'Automne des Nations, mais le projet a du être abandonné pour cause de pandémie. Néanmoins, une rencontre historique avec les British & Irish Lions est bien au calendrier pour 2021.

La Top League japonaise renforce elle aussi le statut du rugby au Japon avec l'arrivée de joueurs internationaux de premier plan tels que les champions du monde de rugby Makazole Mapimpi et Beauden Barrett, pour n'en nommer que quelques-uns. La ligue deviendra encore plus professionnelle en janvier 2022.

C'est tout ceci qui a permis à One Rugby de pouvoir se développer. « Le XV masculin est le symbole du rugby japonais. C'est un fait et son influence est énorme », observe-t-il. « C'est important que de plus en plus de personnes regardent les matches de rugby. Gagner est important, mais ce que vous pouvez offrir est plus important encore, même si vous ne gagnez pas. Il existe tellement de façons de jouer au rugby qui peuvent correspondre à tout le monde. C'est ça aussi l'esprit du rugby. »

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