Alana Thomas va avoir quatre ans d'avance sur l'objectif qu'elle s'était elle-même fixée, au moment d'intégrer le staff des Fidji en vue de la Coupe du Monde de Rugby 2021 en Nouvelle-Zélande.
L'ancienne demi d'ouverture des Wallaroos s'était en effet promis d'être entraîneure pour la RWC 2025 après être déjà passée de l'autre côté de la barrière avec les Melbourne Rebels et Australie A.
La nouvelle est tombée depuis : elle va pouvoir effectuer un stage d'entraîneure à la Coupe du Monde de Rugby 2021 grâce à un programme initié par World Rugby. Elle va ainsi intégrer le staff des Fijiana en tant qu'entraîneure-adjointe pour accompagner l'équipe à ses débuts sur le tournoi mondial. Elle travaillera au côté du nouveau sélectionneur Senirusi Seruvakula et sera plus particulièrement en charge de la défense et des skills.
« J'ai toujours dit que mon objectif, c'était 2025 pour faire une Coupe du Monde de Rugby en tant qu'entraîneure », rappelle Alana Thomas à World Rugby. « Mais que ça vienne maintenant, pour la Coupe du Monde 2021, être pleinement adjointe pendant le stage, franchement ça m'a surpris et un peu déboussolé au début.
« Je suis super heureuse, je l'ai dit à ma mère et elle-même l'a répété à tout son entourage. C'est vraiment très excitant d'autant qu'il y a un super groupe de joueuses qui arrive aux Fidji. J'ai tellement à apprendre de Seni car c'est un entraîneur très respecté. J'ai tellement hâte de travailler avec lui. »
L’œuf et la poule
Avant d'être acceptée dans ce stage, Alana a intégré la World Rugby Women’s High Performance Academy à Stellenbosch en 2019 et a également participé à sa déclinaison virtuelle en début d'année.
Elle a hâte maintenant de retourner sur les terrains et mettre en pratique tout ce qu'elle a appris à distance du fait de la pandémie de Covid-19.
Elle est d'ailleurs convaincue que de telles initiatives sont cruciales pour donner aux entraîneures la chance de gagner en expérience comme l'exigent les fiches de poste à ce niveau.
« La première chose qu'on vous demande lorsque vous allez à un entretien d'embauche, c'est si on a de l'expérience. Or, c'est un peu l’œuf et la poule. Comment voulez-vous avoir de l'expérience si on ne vous en donne pas ?
« C'est pour ça que je pense que ce stage est un boost massif pour les femmes dans le rugby et particulièrement les entraîneures. Et je pense aussi que d'autres sports feraient bien de s'en inspirer parce que impliquer une entraîneure sur une période de 12 mois en pleine Coupe du Monde, lui confier les rênes d'une équipe et d'apprendre des meilleurs va apporter une expérience considérable ! »
Alana est convaincue que de plus en plus de filles vont vouloir devenir entraîneures si on leur offre plus d'opportunités. Elle pense également que mettre en avant les entraîneures dans un environnement élite « apporte un regard différent, une diversité de pensée et un petit quelque chose en plus que ce qui se fait habituellement ».
Alana Thomas est persuadée que d'ici à deux cycles de Coupe du Monde il n'y aura plus besoin d'organiser de tels programmes de stages et que les femmes auront enfin leur place dans le haut niveau.
« On est en train de crever les plafonds avec ce programme », assure-t-elle. « Et avec un peu de chance, dans les dix prochaines années on n'aura plus besoin d'un tel programme parce que chaque équipe nationale aura sa propre entraîneure. Ça sera la norme. »
Faire des vagues
Alana a joué avec les Wallaroos lors de la Coupe du Monde de Rugby 2006 et a joué contre la France, les USA et l'Irlande lors de cette édition au Canada. Elle estime que l'édition 2021 en Nouvelle-Zélande sera « très différente », ne serait-ce parce qu'elle s'y rendra en tant que coach.
Bien que les restrictions de déplacement dues au Covid-19 vont l'empêcher de se rendre aux Fidji avant l'année prochaine, au mieux, Alana n'a pas attendu pour se mettre au travail, se plongeant dans les vidéos et étant en contact avec Seni Seruvakula.
« Il y a déjà un excellent travail de base réalisé par Simon (Raiwalui) et toute l'équipe de haute performance », dit-elle. « C'est tellement bien de travailler pour les Fidji, un pays qui est tellement fier de son rugby. Ils ont en plus d'excellentes personnes dans leur programme de haut niveau, ils ont Seni comme sélectionneur et ils ont déjà beaucoup fait dans le rugby féminin.
« Participer à leur première Coupe du Monde de Rugby, elles vont crever le plafond et elles vont faire des choses fantastiques. J'espère que je pourrais leur apporter un peu.
« La clé, c'est de préparer les filles au mieux et qu'elles jouent bien. Elles seront sans doute très excitées car ce sera leur première Coupe du Monde de Rugby, mais elles seront nerveuses aussi. Mais rappelez-vous ce que la capitaine disait il y a quelques mois : Nous ne voulons pas uniquement participer, mais faire des vagues et si possible gagner un match’. Et je pense que c'est la meilleure attitude à avoir. »
POUR ALLER PLUS LOIN >>> COUP D’ŒIL SUR LE TIRAGE DE LA RWC 2021 : LES FIDJI