L'entraîneur des Manusina Ramsey Tomokino estime que se qualifier pour la Coupe du Monde de Rugby 2021 sera très important pour l'avenir du rugby féminin aux Samoa.

Samedi 14 novembre 2020, les Samoa joueront les Tonga pour une place parmi les quatre équipes qui disputeront le tournoi final de qualification qui déterminera quelle sera la 12e et dernière équipe à participer à la RWC 2021 en Nouvelle-Zélande.

Cette rencontre devait initialement se dérouler à Apia au mois d'avril, mais avait été reportée pour cause de pandémie de Covid-19. C'est donc sur terrain neutre à la Trusts Arena d'Auckland que les deux équipes se feront face.

Auckland est l'une des villes d'accueil de la RWC 2021 et là où se déroulera le tirage au sort du 20 novembre. Les Samoa s'impatientent de revenir montrer leur talent à la diaspora de cette île du Nord ainsi qu'aux supporters restés au pays.

« Ça va être très important pour les Samoa. Car avec plus de matches à jouer et plus de diffusion dans les plus petits villages, les familles vont mieux comprendre pourquoi leurs filles et leurs nièces veulent jouer au rugby », estime Ramsey Tomokino, l'entraîneur.

« Si on veut attirer les filles, comme on l'a fait avec les garçons dans le monde entier, il faut montrer qu'elles bénéficient de la même exposition internationale que les autres équipes dans le monde. On veut être capable de jouer contre les Black Ferns et les Wallaroos et si on a dans nos rangs les meilleures joueuses, alors on y arrivera.

« Qu'est-ce que ce serait bien pour notre région si les Fijiana et les Manusina ou les Tonga étaient représentées ? Évidemment je préférerais que la représentante du Pacifique soit les Samoa, mais... »

Détecter de nouveaux talents

Dans l'impossibilité de faire venir des cadres bloqués aux Samoa, Tomokino a dû composer son groupe à partir d'une soixantaine de joueuses qui évoluent en Nouvelle-Zélande.

Et de ce point de vue, la dernière édition de la Farah Palmer Cup a été très utile, apportant du temps de jeu à qui pouvait prétendre à une sélection nationale. Mais ce championnat a eu un prix puisque la propre fille de Tomokino, Taylah Hodson-Tomokino, qui est un véritable moteur en touche, s'est blessée.

« Vu les circonstances, on a fait au mieux », confie le coach. « Ce qui va nous manquer le plus, ce sont les joueuses qu'on n'a pas pu faire venir en Nouvelle-Zélande. Il nous manque nos pépites qui sont aux Samoa, en Australie, aux USA et dans d'autres endroits d'Asie. Malgré tout, on va en profiter pour détecter de nouveaux talents ici. »

Grâce à l'investissement de World Rugby, la Samoa Rugby Union a pu envoyer les Manusina en stage de préparation à New Plymouth ainsi qu'à un match amical contre Taranaki Whio, la franchise de la Farah Palmer Cup Northern League.

« Nous remercions sincèrement l'équipe de Taranaki Whio et son entraîneur La Toya Mason pour nous avoir accueilli et nous avoir permis de jouer contre elles après une saison difficile. En échange, on espère bien permettre à nos joueuses d'intégrer le système des Taranaki et de proposer des opportunités à celles qui sont restées au pays », indique Tomokino.

Une étape importante pour les Tonga

La dernière expérience des Samoa en Coupe du Monde de Rugby remonte à 2014. Mais à ce niveau, les Tonga n'ont disputé que deux tests féminins, et les deux en 2006, dont une défaite 60-5 contre les Samoa.

« A côté de nos voisins, les Samoa et les Fidji, nous sommes les petits nouveaux puisque ça ne fait pas longtemps qu'on joue. C'est pour cela que c'est très important pour les Tonga. C'est une étape très importante », assure l'entraîneur-adjoint des Tonga Sione Pulu.

Les Tonga ont joué les Samoa une fois encore en 2018 et le résultat était quelque peu semblable avec un 62-26 pour les Manusina. « On aura sept joueuses qui ont disputé cette rencontre », dit Tomokino. « C'était la première fois qu'on rejouait en test depuis la RWC 2014. Je me souviens qu'on avait 23 joueuses débutantes sur un effectif de 26 !

« Pour être exact, on a eu 47 joueuses qui ont fait leur début en trois campagnes depuis 2018. C'est sûr que maintenant on souhaite travailler sur la régularité, mais vu les circonstances, on doit encore compter sur des nouvelles pour ce match-ci. »

Avec 31 tests disputés depuis leur arrivée sur la scène internationale en 2000, les Samoa ont plus d'expérience à ce niveau. Et Sione Pulu, qui n'oublie pas que son équipe a battu récemment la Papouasie-Nouvelle-Guinée, sait pertinemment que ses joueuses vont devoir se surpasser pour garder espoir de se qualifier à la RWC 2021.

« On s'attend à un gros match », souffle-t-il. « Ça fait bien plus longtemps que les Manusina jouent au rugby à ce niveau et on s'attend à une très grosse opposition de leur part. Pour nous, c'est comme un derby et on doit donner le meilleur de nous-mêmes. »

Une vieille rivalité

On est à deux semaines de l'anniversaire de la qualification des Fijiana à la RWC 2021 aux dépens des Samoa dans le Oceania Rugby Women’s Championship. Les Samoa n'ont plus eu l'occasion de jouer depuis et pour cette raison Tomokino ne voit pas nécessairement son équipe comme la favorite.

« On s'est relâché sur notre dernière campagne et on n'a pas obtenu le résultat qu'on espérait. Ça veut dire qu'on a du tout reprendre à zéro et ce n'est pas une si mauvaise chose au final car ça nous a appris à nous construire en équipe », explique le coach. « On a tous conscience de la menace que représentent les Tonga et on devra être prêts à relever le défi car ils ont de très bonnes joueuses.

« Elles sont également un peu chez elles à Auckland, ce qui est très bien pour leur cohésion car nos joueuses sont réparties un peu partout en Nouvelle-Zélande.

« A chaque fois que les Samoa et les Tonga se rencontrent, ce sont toujours de gros matches et une rivalité qui dure qui dure depuis très longtemps. On va travailler dur et mettre tout ce qu'on a dans cette rencontre pour avancer. »

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Photo: Oceania Rugby