En ce qui concerne la parité, Fuimaono Beth Onesemo sait de quoi elle parle puisqu'elle a été directrice générale du Ministère des Femmes aux Samoa avant de se retirer en 2018. Le rugby a également joué un rôle important dans sa vie d'adulte. Avocate de profession, elle a rencontré son mari, Setu Tuilaepa, entraîneur de l'équipe des Samoa des Moins de 20 ans, au début des années 90 et, depuis, elle s'est beaucoup investie dans le rugby amateur local.
Elle a tout fait sur le terrain, de porteuse d'eau à manager de l'équipe, et est devenue depuis deux ans membre du conseil d'administration de la Samoa Rugby Union. A parcourir son CV, on pourrait dire que cette évolution est naturelle compte tenu que World Rugby a accompagné ce changement de gouvernance. Pourtant, son élection ne s'est pas faite sans obstacle.
« J'ai conscience des défis, surtout aux Samoa », confie Beth Onesemo à World Rugby. « Ça reste encore rare de voir une femme occuper ces fonctions et prendre part aux décisions dans un sport, le rugby, qui est traditionnellement tenu par des hommes.
« Mais la réforme de la gouvernance telle qu'imposée par World Rugby a apporté des changements nécessaires pour accueillir au minimum trois femmes au sein du conseil d'administration. Si bien qu'en ce moment, nous avons deux femmes sur huit membres, plus le président. Donc il y a encore du chemin avant qu'on arrive à la parité !
« Comme on peut le voir dans d'autres zones et dans d'autres pays, les attitudes et les états d'esprit envers les femmes ne changent pas du jour au lendemain. Ça a été compliqué même pour les membres de la Samoa Rugby Union.
« Les réseaux des anciens, les réunions après les réunions... tout ça continue encore et il y a ce sempiternel débat que tu n'est pas qualifiée pour parler rugby, parce que t'as jamais joué au rugby, t'es une femme, t'es nouvelle... Mais, honnêtement, on avance et on est en train d'en sortir. »
« Je dois parler plus fort »
Ce sont typiquement le genre d'attitudes et de remarques qui tendent à disparaître grâce au lancement du programme des bourses de leadership à destination des femmes dirigeantes mis en œuvre par World Rugby.
Beth Onesemo, 45 ans, fait partie, comme 11 autres femmes dirigeantes, de la promo 2020 sortie en mai dernier. Elle espère que cette opportunité va l'aider à promouvoir l'égalité des genres dans le rugby aux Samoa, que l'amélioration des structures au sein de la fédération entraîneront des changements visibles sur les terrains aussi.
« Il y a quand même des points positifs », assure-t-elle. « Nous sommes reconnues dans certains domaines en fonction des compétences que l'on peut apporter. C'est le cas par exemple dans le domaine de la gouvernance et la façon dont on a de s'appuyer sur le rugby pour faire naître les talents de demain et faire connaître nos valeurs. »
Beth Onesemo a toujours usé de la même méthode : apporter la contradiction argumentée autour de la table du conseil pour être entendue.
« Je devais me faire entendre et je n'ai rien trouvé de mieux que de parler plus fort que les autres », sourit-elle. « Aux Samoa, lorsqu'on discute, notre culture impose de donner la parole en premier au plus âgé de l'assemblée. Pour moi, la stratégie était donc d'aller aux réunions où je pouvais justement parler en premier et fixer tout de suite les termes du débat, comme ça, ça évitait de se disperser. »
Beth estime que d'avoir trouvé une place autour de la table avec Tuiloma Sina Retzlaff prouve que les habitudes commencent à changer aux Samoa.
« Les femmes ne se sont jamais autant investies dans le rugby qu'aujourd'hui », rappelle-t-elle. « Nous avons pas mal de jeunes filles qui arrivent en tant qu'officiels de match, voire même en tant qu'entraîneures.
« C'est aussi la première fois qu'il y a deux femmes au conseil d'administration de la fédération et la participation grandit un peu partout, on a de plus en plus de tournois, depuis l'école primaire jusqu'au niveau club. Et cette année on a intégré pour la première fois des équipes féminines à notre championnat national.
« Donc, comme on peut le voir, ça avance. Mais je pense qu'il faut que ce développement s'inscrive dans une stratégie plus large qui accompagne cette croissance de manière pertinente, qu'on apporte de la diversité et de l'inclusion pour les femmes, les personnes en situation de handicap ou qui ont d'autres orientations sexuelles. »
Pour atteindre cet objectif, la promotion pour le rugby féminin se fait au travers de Get Into Rugby et du programme GIR Plus
Mettre en place un système
Plus que jamais, Beth est une fervente défenseur du rugby, grâce à son mari qu'elle a accompagné dans sa carrière et six de leurs sept enfants qui jouent au rugby.
« Pour ma part, ma philosophie, c'est le rugby », affirme-t-elle. « C'est vraiment un moteur de développement, physique, mental, spirituel, social... C'est pour ça que je suis une frande fan des programmes GIR et GIR Plus de World Rugby car on utilise le rugby pour transmettre des valeurs d'intégrité, d'engagement et de respect auprès des plus jeunes. »
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