Lorsque Paul Willemse a été exclu de la rencontre avec un peu plus de 12 minutes restantes dans l’affrontement entre la France et le Pays de Galles dans le Six Nations, peu, il faut le reconnaître, auraient misé sur une victoire des Bleus.
Les hôtes étaient en retard de 10 points au Stade de France et avaient besoin d’une victoire pour empêcher le Pays de Galles de remporter le Grand Chelem tout en gardant l’espoir de gagner le Tournoi le vendredi suivant par une victoire contre l’Ecosse.
Ce qui s’est passé ensuite a été amplement commenté. Aidée par une certaine indiscipline des Gallois, la France a trouvé le moyen de marquer deux essais dans les cinq dernières minutes pour mettre un terme à une rencontre palpitante et briser le cœur des Gallois.
D’une équipe qui menait 27-0 à la mi-temps et qui a gagné, à la nation de l’hémisphère Nord qui n’a pas réussi à battre les All Blacks après avoir pourtant mené 19-0 en première période, rappel de quelques-unes des victoires les plus incroyables chez les hommes ou chez les femmes.
Fidji 41-38 Tonga, Pacific Nations Cup — 19 juin 2010
Les Tonga s’étaient déjà inclinés sur un score très serré contre les Samoa, hôtes de la Pacific Nations Cup, au moment de leur retour à Apia Park pour affronter les Fidji en juin 2010. Il n’a fallu que deux minutes aux Sea Eagles pour poser leur autorité dans le match lorsque Vungakoto Lilo a franchi la ligne d’en-but et que Kurt Morath a transformé. Lilo a marqué son deuxième essai 10 minutes plus tard, avant qu’Alipate Fatafehi et Sione Kalamafoni ne franchissent à leur tour la ligne. Morath a ajouté les points nécessaires pour donner une avance de 28-0 aux Tonga avec seulement 25 minutes à jouer.
Les Fidji ont commencé à remonter avec une pénalité de Taniela Rawaqa puis d’un essai de Malakai Bakaniceva que le premier a transformé. Mais une pénalité de Kurt Morath cinq minutes avant la pause donnait aux Tonga une avance de 31-10.
Les deux équipes ont échangé des essais transformés dans les 10 premières minutes de la deuxième période. Mais les Fidjiens ont repris le contrôle après une pénalité de Rawaqa à 25 minutes de la fin et avant que le deuxième-ligne des Tonga Akameta Fe’ao ne soit envoyé au frigo. Kelemedi Bola, Dominiko Waqaniburotu et Seko Kalou ont ensuite marqué des essais dans les vingt dernières minutes, Rawaqa transformant les trois pour donner à son équipe une victoire serrée 41-38.
Angleterre 26 – 13 France, Tournoi des Six Nations (4 février 2017)
Les matches entre l'Angleterre et la France sont traditionnellement les plus contestés. Depuis que le Crunch est Crunch, aucune équipe n'a dérogé à cette règle. Et c'est encore vrai en ce 4 février 2017 lors du premier week-end du Tournoi des Six Nations féminin de cette année-là.
La Coupe du Monde de Rugby arrive à grands pas. Dans six mois, tout le monde sera en Irlande. Mais pour l'instant, c'est à Twickenham que tout doit se jouer.
Très vite la France prend le lead et semble maîtriser son match dans les premières quarante minutes. On le sent dès la quatrième lorsque Shannon Izar marque le premier essai, même si celui-ci n'est pas transformé. Et alors qu'Emily Scarratt manque une pénalité, Christelle Le Duff, elle, rajoute trois points au tableau des Bleues. Avant la pause, la capitaine Gaëlle Mignot enfonce encore un peu plus le clou et donne à la France une avance confortable de 13 points avec aucun point encaissé. Mais en seconde période, le réveil des Anglaises sera terrible...
Les Françaises se souviennent d'un 19-0 en Angleterre en 1999 et entrevoient déjà la possibilité de réitérer l'exploit. Mais dans le camp d'en face, on a fini de rire. Les épines des Red Roses vont vite se hérisser. Scarratt commence par passer une pénalité avant de transformer l'essai de Danielle Waterman. La même Scarratt ne manque plus rien des trois pénalités suivantes et parvient même à redonner l'avantage à son équipe 19-13. Elle va même jusqu'à transformer le dernier essai de la rencontre, celui d'Amy Wilson-Hardy, scellant le score 26-13. En 40 minutes, les Bleues ont été balayées. Six mois plus tard en Irlande, la France terminera troisième et l'Angleterre deuxième.
Irlande 22-24 Nouvelle-Zélande — 24 novembre 2013
L’Irlande n’avait jamais battu les All Blacks avant leur tournée à Dublin en novembre 2013. Les Irlandais n’avaient pas été loin à plusieurs occasions, mais jamais aussi près au score sans gagner que ce jour d’hiver à l’Aviva Stadium. Les hôtes disposaient d’une avance de 19-0 avec des essais de Conor Murray, Rory Best et Rob Kearney en 20 minutes – et la botte de Johnny Sexton pour transformer les deux premiers. La Nouvelle-Zélande a répondu avec un essai transformé de Julian Savea avant qu’une pénalité de Sexton ne donne à l’Irlande un avantage de 22-7 au moment du break.
L’Irlande semblait en bonne voie de décrocher une victoire historique, mais les All Blacks se sont repris en main en seconde période. Aaron Cruden a marqué une pénalité avant de transformer un essai de Ben Franks à la 64e minute pour réduire le déficit néo-zélandais à cinq points. Sexton a ensuite manqué une pénalité à six minutes de la fin, ce qui a alimenté l’espoir du côté des visiteurs.
Ryan Crotty a finalement eu le temps d’aplatir pour égaliser et donner à Cruden la chance de remporter le match avec une transformation. Sa première tentative est passée à côté, mais les joueurs irlandais étaient partis trop tôt. Si bien qu’à sa deuxième tentative, Cruden a méthodiquement orienté son tir entre les poteaux pour gagner.
Afrique du Sud 36-35 Australie, Emirates Airline Edinburgh Sevens — 29 mai 2011
Le World Rugby Sevens Series se déroule souvent sur un rythme frénétique et tout peut arriver. Mais peu de matchs ont basculé aussi fortement que lors de cette finale de l’Emirates Airline Edinburgh Sevens 2011. L’Australie semblait être sur le point de mettre la main sur le trophée après un doublé de Bernard Foley et l’essai de Jono Lance qui leur avait donné une avance de 21-7 à la mi-temps.
Lorsque Henry Vanderglas a aplati quelques secondes après la reprise, l’Australie a étendu son avantage à 28-7. Cependant, l’Afrique du Sud était déjà revenue au score pour décrocher la victoire en demi-finale sur le Pays de Galles et les Blitzboks étaient bien déterminés à faire de même en finale. Franke Horne et Bernado Botha ont marqué des essais pour réduire leur écart à neuf points, mais tous leurs efforts semblaient être vains quand Ed Jenkins a marqué pour l’Australie.
Toutefois, Steven Hunt, qui avait marqué le seul essai de l’Afrique du Sud en première période, a marqué deux fois de suite pour compléter son triplé et redonner de l’espoir à son équipe. L’Afrique du Sud avait besoin de gagner le coup d’envoi, ce qu’ils ont réussi à faire sur le gong. S’bura Sithole est parti comme une flèche à travers la défense australienne pour assurer la victoire à laquelle personne n’avait pourtant cru.
France 43 – 31 Nouvelle-Zélande, RWC 1999 (31 octobre 1999)
Pour cette quatrième Coupe du Monde de Rugby, c'est business as usual pour la Nouvelle-Zélande qui s'est qualifiée sans frémir pour les demi-finales en passant quatre essais aux Écossais en quart. Mais la demi-finale, c'est là où tout se joue et les All Blacks le savent très bien. En 1991, c'est là qu'ils avaient échoué contre l'Australie (16-6) future championne du monde. En 1995, ils avaient passé le cut mais s'étaient inclinés en finale contre l'Afrique du Sud (15-12).
En ce 31 octobre 1999, les Blacks veulent redorer leur blason et remettre la main sur la Webb Ellis Cup qui leur échappe depuis le tournoi inaugural. Il est 15h à Twickenham lorsque l'arbitre écossais Fleming donne le coup d'envoi devant 70 000 spectateurs.
Les Néo-Zélandais déroulent leur jeu et gagnent en confiance en menant 17-10 à la pause. Même si Christophe Lamaison a ouvert le score avec une pénalité à la 2e minute, Andrew Mehrtens en passe quatre en tout et Jonah Lomu parvient à marquer un essai à la 24e. Dans ces quarante premières minutes, tous les points tricolores sont à mettre au crédit de Lamaison. Mais il reste encore quarante minutes.
Les Blacks reviennent du vestiaire toujours bourrés de confiance avec cet essai de Lomu, après cinq minutes de jeu, que transforme Mehrtens. Ils comptent alors 14 points d'avance. Mais la machine va se gripper.
Avec un sang-froid extraordinaire, Lamaison enquille les points en passant deux pénalités et deux drops en sept minutes. Au moment où Christophe Dominici passe la ligne, la France reprend l'avantage avec cinq points d'avance. A l'heure de jeu, Richard Dourthe y va de son essai, suivi un quart d'heure plus tard par Philippe Bernat-Salles. Aussi incroyable que cela puisse paraître, la France mène désormais de 19 points. Il reste encore cinq minutes à jouer. Impossible pour les Blacks de revenir.
Jeff Wilson sauvera timidement l'honneur en mettant un point finale à la rencontre à la 80e, mais le mal aura été fait. La Nouvelle-Zélande en prend un coup sur la tête. Quelques jours plus tard elle laissera filer la troisième place du mondial à l'Afrique du Sud (22-18) tandis que la France s'inclinera en finale face à l'Australie (35-12).
Irlande XV féminin 24-22 Japon — 3 juin 2017
L’Irlande avait commencé sa préparation pour sa Coupe du Monde de Rugby à domicile en juin 2017 avec le premier match contre le Japon. Et les hôtes ont entamé ce match à l’UCD Bowl avec style par des essais de Claire Molloy et Paula Fitzpatrick, ce dernier transformé par Nora Stapleton leur a donné une avance de 12-0.
Mais le Japon a vite appris en avançant et a marqué quatre dans chacune des deux périodes pour arriver à une avance de 22-12 avec seulement 10 minutes restantes. Mais il y avait encore du temps pour un autre revirement et les essais de Hannah Tyrrell et Molloy ont permis d’égaliser. Le deuxième essai puissant de Molloy a donné à Tyrrell l’occasion de décrocher la victoire pour l’Irlande, et de mettre un terme à un retour palpitant.
Pays de Galles 32-31 Angleterre, Cinq Nations — 11 avril 1999
En lice pour remporter le dernier Grand Chelem des Cinq Nations, lors du dernier match du Tournoi avant que l’Italie n’intègre le club un an plus tard, l’Angleterre a commencé brillamment à Wembley. Le célèbre stade de Londres a servi de maison au Pays de Galles pendant la construction du Millennium Stadium. L’Angleterre a marqué des essais en première période avec Dan Luger, Steve Hanley et Richard Hill, tandis que Johnny Wilkinson a ajouté trois pénalités. Mais la botte de Neil Jenkins a gardé le Pays de Galles dans la course à la pause, 25-18.
Un essai de Shane Howarth et une excellente transformation depuis la ligne de touche de Jenkins ont égalisé à 25-25 en début de deuxième période. Cependant, à partir de là, c’est l’Angleterre qui domine. Deux autres pénalités de Wilkinson ont mené son équipe à une avance de six points et à portée du Grand Chelem. Mais, vers la fin de la rencontre, l’Angleterre a refusé de tenter l’essai, menant toujours de six points dans les arrêts de jeu, lorsque Jenkins été cherché la touche très loin dans le camp adverse. Le Pays de Galles n’a positionné que trois avants dans l’alignement, ce qui a permis de créer le nombre au milieu du terrain. Ce sur quoi Scott Quinnell a capitalisé avec une passe que le pilier Scott Gibbs a récupérée pour s’effondrer dans l’en-but adverse. Jenkins a fait preuve de sang-froid pour transformer et donner l’avantage aux Gallois. Si Mike Catt n’avait pas manqué une tentative de drop juste après, l’Angleterre aurait gagné.
Argentine 34-45 Australie, Rugby Championship — 6 octobre 2018
L’Argentine espérait compléter un doublé en Rugby Championship contre l’Australie lorsque les Wallabies sont arrivés à Salta pour le dernier match du tournoi 2018. Pendant au moins 40 minutes, il semblait que les Pumas s’en sortiraient. Pablo Matera et Emiliano Boffelli ont chacun marqué des essais transformés dans les cinq premières minutes, avant que Michael Hooper ne remette de l’ordre. Mais tout espoir d’un retour australien semblait encore très loin au moment où Matias Orlando et Santiago Gonzalez Iglesias ont passé la ligne.
Au début de la seconde période, les hôtes avaient une belle avance de 31-7. Toutefois, en l’espace de 13 minutes, les Wallabies ont marqué des essais transformés par Izack Rodda, Israel Folau et Dane Haylett-Petty pour revenir à seulement trois points. Iglesias a ajouté une deuxième pénalité pour garder une petite avance de six points, mais l’Australie était lancée. Dans les 16 dernières minutes du match, David Pocock et Haylett-Petty ont marqué les cinquième et sixième essais des Wallabies pour sceller la victoire. Bernard Foley, qui a transformé les six essais de l’Australie, a ajouté une pénalité tardive pour bien affirmer leur victoire.
Chili 34-35 Uruguay, South America Rugby Championship — 25 août 2007
Le Chili n’avait pas goûté à la victoire contre ses rivaux continentaux depuis cinq ans lorsque l’Uruguay a fait le déplacement au Prince of Wales Country Club à Santiago il y a 13 ans. Los Cóndores semblaient voler vers la victoire quand ils ont creusé une avance de 27-0 à la pause.
Cependant, l’Uruguay ne devait pas être sous-estimé et a marqué trois essais en seconde période, dont deux ont été transformés par Emiliano Caffera, qui a également passé trois pénalités. Le Chili, cependant, avait ajouté un essai transformé pour se donner un avantage de 34-28 avec moins d’une minute à jouer. Le chrono tournait pour Los Teros, mais ils ont eu le temps de lancer une belle contre-attaque à la toute fin du match pour marquer arracher la victoire. Aucune équipe à ce jour n’a réalisé une telle remontada de 27 points depuis cette fois-là.
USA 20-18 Canada, Women’s Rugby Super Series — 10 juillet 2019
Le Canada a entamé son match contre ses grands rivaux à San Diego à la suite d’une impressionnante victoire contre la France. Les États-Unis, en revanche, avaient ouvert le Women’s Rugby Super Series avec deux défaites consécutives contre l’Angleterre puis la Nouvelle-Zélande. Sur cette rencontre, le Canada a d’abord mené 15-3 en première période grâce à une paire d’essais d’Olivia DeMerchant et à la botte de Sophie De Goede.
Les Etats-Unis sont revenus dans le match grâce à un essai d’Emily Henrich, mais une autre pénalité de De Goede a donné l’avantage 18-8 aux visiteuses à la pause. Les hôtes sont demeurés à 10 points devant jusqu’au dernier quart du match, quand Alex Kelter a transformé son propre essai pour remettre les Américaines à trois points des Canadiennes. Et avec moins de neuf minutes à jouer au Centre d’entraînement Chula Vista, Kris Thomas a traversé la ligne pour donner aux États-Unis une victoire mémorable.