Gordon Tietjens, intronisé au World Rugby Hall of Fame, tenait ces propos il y a peu : « En termes de coaching, il s'agit toujours de vos compétences relationnelles et de votre capacité à communiquer, et aussi de votre empathie envers les personnes qui jouent pour vous. Il faut aussi réussir à établir, créer une culture, ce qui est très important au sein d'une équipe, et avoir confiance. »
Voilà qui résume en quelques mots les 22 ans de Tietjens en tant que patron du Sevens en Nouvelle-Zélande. La combinaison de son éthique de travail et de son management a été la formule gagnante pendant les plus grandes années. Entre 1994 et 2016, les All Blacks Sevens ont remporté 12 titres du HSBC World Rugby Sevens Series, deux Coupes du Monde de Rugby à 7 et quatre médailles d'or aux Jeux du Commonwealth.
« L'une des raisons pour lesquelles il a eu autant de victoires, c'est parce qu'il passait bien à tous les niveaux. Il pouvait très bien discuter avec des directeurs ou les principaux partenaires qu'avec des gens lambda avec la même conviction », se souvient l'ancien capitaine Karl Te Nana. « Même s'il vous faisait subir les plus durs entraînements en stage ou autre, les résultats se voyaient sur le terrain.
« Quand vous avez goûté à la victoire, que vous savez que vous avez la bonne formule et que vous réalisez qu'il fait ça avec passion, qu'il arrive à tirer le meilleur de vous et à vous faire atteindre un niveau auquel vous-même vous ne croyiez pas, et lorsque vous êtes récompensé pour ça, alors vous pouvez faire tout ce qu'il vous demande. »
Mais sans doute la chose la plus impressionnante est la capacité de Gordon à détecter des diamants bruts. A 64 ans aujourd'hui, c'est à lui que l'on doit par exemple la révélation Jonah Lomu. Tietjens l'a fait débuter au niveau international à 7 en 1994 et très vite il s'est révélé indispensable dans tous les domaines.
« Je n'aurais pas réussi à faire la moitié de ce que j'ai fait dans ma carrière si ça n'avait pas été pour lui », reconnaissait Jonah en 2014. « Son comportement, sa force mentale me poussaient à aller toujours plus loin. »
Conditionné pour gagner
Durant son expérience en Nouvelle-Zélande, Gordon Tietjens a travaillé avec près d'une cinquantaine de All Blacks, dont Eric Rush, Christian Cullen, Ben Smith, Julian Savea, Joe Rokocoko et Rieko Ioane.
A en croire Ben Smith, le secret du succès de son ancien coach réside dans l'intensité qu'il demande dans le travail de la part de ses joueurs. « Il fait toujours en sorte que vous souffriez et là il vous teste », souriait le All Blacks aux 84 sélections en 2016.
Tietjens lui-même a représenté la Nouvelle-Zélande en 1983 au Hong Kong Sevens et a ensuite travaillé en tant que manager dans une entreprise d'ingénieurs dans la Baie de l'Abondance avant d'être appelé pour entraîner l'équipe nationale. Il y a transféré son éthique de travail et les aptitudes qui faisaient de lui un excellent manager dans son nouveau poste.
« Les stages étaient très difficiles sur le plan psychologique car le mental, pour moi, c'est la clé », admet Gordon Tietjens. « Je n'arrive même pas à penser à un joueur qui, s'il est très, très en forme, qu'il est plus en forme qu'il ait jamais été, j'aurais du mal à nommer un joueur qui joue mal. J’ai vu des joueurs quitter mes stages d'entraînement à 7 et Jonah en faisait partie. Il a toujours très bien joué pour les All Blacks une fois qu'il a été libéré du Sevens parce qu'il était tellement en forme, tellement concentré. J’ai vu ça avec beaucoup de joueurs. »
Pendant son règne, Tietjens a été décoré à plusieurs reprises. En 2012, il a fait son entrée au World Rugby Hall of Fame. L'année suivante, il a été fait chevalier par la Reine Elizabeth II pour services rendus au rugby.
Au lendemain des JO de Rio 2016, Tietjens a mis fin à cette aventure pour passer trois ans avec l'équipe des Samoa qu'il a quitté en début de cette année.