Les Adelaide University Sharks sont la première équipe gay d'Australie méridionale et la cinquième du pays après les Sydney Convicts (Nouvelle-Galles-du-Sud), les Melbourne Chargers (Victoria), les Brisbane Hustlers (Queensland) et les Perth Rams (Australie occidentale). Soit quasiment un club par état ou territoire en Australie. Il n'y a bien que dans la capitale australienne, dans le Territoire du Nord et en Tasmanie que le rugby gay n'a pas encore trouvé de domicile.

C'est Peter Stephens qui a fondé l'année dernière les Sharks à Adelaide, un club de rugby à XV donnant aux membres de la communauté LGBTQ+ un espace où pratiquer leur sport préféré dans un environnement convivial et accueillant.

Le capitaine de l'équipe, Kane Van Diermen, a grandi dans un environnement sportif, entre un frère et un père qui jouaient au basket et au Aussie Rules. Il a rejoint les Sharks en début d'année après avoir joué pour les Convicts et les Chargers.

Son expérience et son engagement trahissent sa volonté farouche de défendre la diversité spécifiquement à Adelaide et de contribuer, à son niveau, au mouvement mondial du rugby gay.

« Dans tous les clubs on veut gagner, mais dans celui-ci, la plupart des joueurs n'ont jamais joué au rugby avant, ni même saisi un ballon ovale », explique Kane Van Diermen. « Tout le monde apprend et tout le monde est là pour s’amuser. Ensemble, nous avons créé une petite communauté. C’est un environnement propice où les gens peuvent apprendre à faire du sport et à être avec d’autres homosexuels, ce qu’Adelaide n’a probablement jamais vu auparavant. C’est vraiment formidable d’en faire partie. »

Le sport, ce « truc effrayant » pour un gay

Pour ce jeune homme de 33 ans, le sport a toujours semblé être « un truc effrayant » pour un gay. Mais il s'est tout de suite senti bien accueilli dans le rugby. « Je souhaite que nous vivions dans un monde où ce n'est pas un problème, mais je pense que la création de ces clubs un peu particuliers prouve bien qu'on n'y est pas encore. Mais il a le mérite de rassembler toute une population qui s'est désengagée de ce qui constitue un élément très important de notre société.

« Les sports le week-end sont l’une des pierres angulaires de notre culture, mais une partie importante de l’Australie ne pense pas qu’il s’agisse d’un espace inclusif. La création de ces clubs sportifs arc-en-ciel rend le sport accessible aux personnes qui n'ont peut-être pas eu accès au sport auparavant. »

Cameron Forster, joueur des Sharks, a déjà eu une expérience en Aussie Rules avant qu'il découvre le rugby. « J'en étais arrivé à un point où je pensais que j'avais vieilli et que, au final, ce n'était pas un endroit très ouvert et je m'y sentais pas à l'aise », admet-il. « Quand j'ai arrêté de jouer en AFL, je n'ai plus fait de sport d'équipe pendant des années, juste un peu de netball avec mes amis. »

C'est lorsqu'il a vécu à Londres que Cameron a entendu parler des Sharks et de l'ambition du club à Adelaide. Il intervient aujourd'hui à la mêlée, à la touche et dans d'autres secteurs du jeu qui étaient nouveaux pour celui qui est devenu deuxième-ligne.

 

« Quand j'ai entendu parler de cette équipe en train de se monter, j'ai tout de suite pensé que ça serait cool d'en faire partie, de jouer avec d'autres qui pensent comme moi, de travailler ensemble avec ce même but commun : gagner. »

Le premier joueur de première-ligne transgenre d'Australie

Elijah Bedson est devenu le premier joueur de première-ligne transgenre d'Australie ; un fait qui a rendu fière toute l'équipe. « Il a été le premier première-ligne trans à jouer en Australie », s'émerveille Cameron Forster. « Il a obtenu une dispense de genre pour pouvoir jouer à ce poste, ce qui était vraiment spécial pour les Sharks et un moment assez fort pour nous tous qui voulons célébrer la diversité et l'inclusion. Ça renforce l'équipe, ça la rend plus forte et c'est ce que nous voulons. »

L'entraîneur Dan McDowell se souvient de comment l'équipe a été très bien accueillie au début et se sent heureux de voir ses joueurs si épanouis sur et hors du terrain.

« Il y a un esprit de famille, c’est un jeu de gentlemen basé sur le respect. C’est ce que sont les principes fondamentaux du rugby : respecter les joueurs, respecter vos adversaires, respecter tout le monde. C’est la raison même de ce club », rappelle McDowell. « Les joueurs commencent à découvrir ce que le rugby apporte hors du terrain comme sur le terrain, cet esprit de camaraderie le samedi soir au pub où ils sont avec des types avec lesquels ils n'auraient sans doute jamais été. »

Après avoir disputé leur premier match il y a quelques semaines, les Sharks lorgnent maintenant sur la Purchas Cup, le tournoi australasien de rugby gay, et la Bingham Cup, l'équivalent de la Coupe du Monde de Rugby gay rassemblant près de 180 équipes du monde entier.

La prochaine étape devait avoir lieu à Ottawa, au Canada, avant la fin de cette année, mais la pandémie de Covid-19 a renvoyé à 2022 l’organisation de ce tournoi dans la même ville.