En exclusivité pour World Rugby, l'expert en rugby à 7 et ancien international français Jean-Baptiste Gobelet, apporte son regard sur le HSBC World Rugby Sevens Series et particulièrement la cinquième étape masculine à Los Angeles.

  • L'équipe du HSBC LA Sevens : l'Afrique du Sud

L'Afrique du Sud a fait un tournoi très solide avec une phase de poule maîtrisée. Ils avaient balayé leur phase de poule malgré leur match nul contre l'Irlande (19-19). Les play-offs ont été complexes. C'est passé très proche (12-10) contre les USA alors que la victoire contre la Nouvelle-Zélande a été très large (17-0). La finale a été incroyable face aux Fidji (victoire 29-24) où l'Afrique du Sud fait un come-back historique sur cette finale en extra-time après avoir été menés 19-0. C'est toute la qualité et l'expérience des Sud-Africains qui a fait la différence sur ce match-là. L'équipe fidjienne était aussi incroyable.

Mais dans le sillage de joueurs comme Stedman Gans – 14 plaquages, 19 ballons portés – et JC Pretorius, soit des jeunes joueurs qui ont vraiment émerveillé le stade de Los Angeles, c'est surtout des anciens – Chris Dry, Du Preez... - qui ont permis à l'équipe de pouvoir passer ce cap, d'avoir cette maîtrise incroyable en fin de match.

L'équipe a aussi été très réaliste dans les 22 mètres adverses avec 90% d'essais dans les 22.

  • L'action du HSBC LA Sevens : le coaching de Neil Powell en finale

A 60 secondes de la fin du match, il y a 24-12 avec une touche pour l'équipe d'Afrique du Sud. Chris Dry prend la touche et permet de reprendre la main sur le ballon à moins d'une minute de la fin en permettant à l'équipe de scorer. Il y a 24-17 et ils décident de ne pas taper la transformation, Powell change de buteur (Davids pour Du Preez) et il fait rentrer Makata. Il fait un pari très osé sur cette fin de match et ça se paie cash sur le coup d'envoi suivant.

Ils arrivent à mettre la main sur le ballon jusqu'à cet essai en bout de ligne et la transformation qui va permettre d'aller en extra-time. On voit de suite le coup sur la tête des Fidjiens qui se sont pris trois essais d'affilée face à des Sud-Africains qui remportent ce tournoi de Los Angeles.

Toute la détermination, le réalisme et l'expérience des Sud-Africains font la différence en cette fin de match malgré une équipe des Fidji qui était époustouflante sur ce tournoi.

  • La valeur sûre du HSBC LA Sevens : les Fidji

La phase de poule a été assez convaincante face à la Corée, à la France et à l'Argentine. On a vu des joueurs époustouflants avec Mocenacagi, Tuimaba et Bolaca qui ont été omniprésents en cassant des plaquages. Cette prestation leur permet de détrôner la France et de remonter sur le podium du World Series à la troisième place. L'équipe a vraiment poussé dans ses retranchements chaque équipe, à l'image de la finale contre l'Afrique du Sud ou du quart de finale 26-5 contre les Anglais.

Ils se sont fait surprendre en finale, mais les Fidji restent un grand favori pour le titre. Ils reviennent plus forts que jamais.

  • Le skill du HSBC LA Sevens : la passe de Mocenacagi

Le skill, le geste technique du LA Sevens est cette passe monumentale du Fidjien Mocenacagi, sans regarder, en chistera de 10 mètres qui permet l'essai contre l'Australie. Cette action résume la simplicité et la qualité des joueurs fidjiens. Ça fait tout leur charme.

  • La stat du HSBC LA Sevens : 200

La barre mythique des 200 essais sur le World Series a été passée par Carlin Isles et Perry Baker, chez eux, ensemble, comme un symbole, à Los Angeles. C'est vraiment l'image de cette équipe des États-Unis après le renouvellement entamé il y a déjà plus de cinq ans où des joueurs issus du football américain, des sprinters, arrivent sur le World Series et sont en train d'exploser tous les compteurs.

  • La star du HSBC LA Sevens : David Hasselhoff

Le World Series passe un cap en accueillant de plus en plus de stars. On l'a vu aussi à Hongkong, tandis que là il y avait David Hasselhoff et Anna Paquin. Le fait de les voir mettre l'ambiance apporte plus de crédibilité et de visibilité au rugby à 7 dans le monde.

C'est un show, un spectacle, une ambiance et tout le monde joue le jeu. Le fait que ce soit en plus à Los Angeles apporte une dimension de spectacle différente.

  • La révélation du HSBC LA Sevens : l'Espagne

La surprise, ce sont les équipes en courant alternatif comme l'Espagne qui a sorti l'Angleterre d'entrée 22-5, qui s'accroche à la Nouvelle-Zélande 7-21 et qui malgré tout tombe face au pays de Galles, une défaite étonnante 24-14. Mais ça montre tout le potentiel et toute la qualité de ces équipes de bas de tableau qui sont capables de belles prestations et de changer la donne.

Là, c'est passé pas loin sur ce tournoi. Le danger vient de partout.

  • La France au HSBC LA Sevens

Les Français sont dans la constance avec une quatrième qualification en Cup sur cinq tournois après une poule assez complexe avec l'Argentine (26-26), les Fidji (33-28) et la Corée (31-12). La France a fait un match très solide face aux Fidji où elle chute de peu dans les dernières secondes. Elle commence à inquiéter les grosses nations et le Top 3 du World Series.

Son jeu est assez efficace en attaque et sa défense est très solide. En revanche, on a vu sur ce tournoi des stats de plaquage un peu en-dessous des standards de l'équipe de France avec 58% de plaquages réussis au lieu des 70% en moyenne. C'est surtout dû à leur quart de finale contre la Nouvelle-Zélande (défaite 29-14) où la France n'a pas été aussi réaliste que d'habitude.

Ça reste de bon augure pour la suite. On attend avec impatience l'étape de Vancouver qui a été le point de départ du renouveau français il y a un an. Au bout d'un an, on s'aperçoit que ça n'a pas été un one shot, mais que les Français ont été réguliers. Ils ont réussi à maintenir le cap.