C'est la fin d'une aventure en apothéose pour cette équipe de France des Moins de 20 ans. Quatre ans à jouer ensemble – « plus de 40 matches » dira plus tard le capitaine Arthur Coville – au plus haut niveau du rugby international pour ces minots qui ont grandi ensemble. Et une fin dont ils rêvaient depuis si longtemps !

« Après l'Afrique du Sud et la Nouvelle-Zélande, pourquoi pas les Anglais ! », confiait à World Rugby le massif Jordan Joseph. Et oui, les Anglais, adversaires victorieux qui leur avait chipé le Grand Chelem exactement cent jours auparavant en plein Tournoi des 6 Nations, ici même, à Béziers. « Même si on ne voulait pas se mettre beaucoup de pression avec ça, c'est vrai qu'individuellement on y pensait à cette revanche », admettait Arthur Coville.

La fin est belle et, comme dirait le staff, elle honore la formation française et l'étroit travail mené avec les clubs. Quant à la suite, ce sont aux jeunes de l'écrire et aux supporters de continuer à les pousser...

Finale : Angleterre 25 v 33 France

Dans un Stade de la Méditerrannée qui affichait plus que complet (17 700 spectateurs), l'équipe de France affrontait l'équipe d'Angleterre pour le match final de ce Championnat du Monde des Moins de 20 ans 2018. Une première historique pour les Bleuets, une habitude pour l'Angleterre.

La France a commencé à marquer les premiers points, sans trembler, par la botte précise de Louis Carbonel avant que l'Angleterre aussi ne passe une pénalité par Marcus Smith (une deuxième plus tard ne passera pas). A la 27e, c'est un essai en force du puissant Cameron Woki – validé par l'arbitre vidéo – qui met le stade en feu alors que la France mène 11-6. Mais Carbonel ne transforme pas. Juste avant la pause, les Anglais usent les Français en multipliant les temps de jeu avant de commencer à passer au large. Et au bout de 23 phases de jeu, Le travail d'usure des Anglais paie par un essai de Jordan Olowofela qui marque en coin et ramène son équipe à six points des Français (8-14). Marcus Smith manque la pénalité dans ce match à haut risque où chaque point devrait compter. Le match est très engagé et les deux équipes sont extrêmement déterminées au moment de revenir dans les vestiaires.

A la reprise, Adrien Seguret remplace Romain Ntamack, sorti sur blessure. La défense anglaise se met à la faute et Carbonel passe encore trois points, et encore trois, et encore trois pour mener 23 à 8 avant que les Anglais ne calment le jeu par le pied de Marcus Smith qui a enfin trouvé le chemin des perches à la 64e (11-23). Cinq minutes plus tard, nouvelle pénalité de Louis Carbonel (la 7e sur huit, soit 23 points au pied !). Mais les Anglais se remettent en route et vont maintenir la pression jusqu'à la fin. Un essai de Ciaran Knight à la 73e au pied des perches (18-26) leur redonne de l'espoir. Seguret le nouveau venu marque à trois minutes de la fin, mais Olowofela inscrit son deuxième essai (25-33). L'Angleterre n'est plus qu'à un essai transformé de remporter le match et donc d'être sacrée championne du monde. Côté français, on se recentre, on ne veut pas se faire voler cette victoire. Le ballon perdu par les Anglais est une délivrance et met le feu au Stade de la Méditerrannée. Pour la première fois de l'histoire des U20, la France est championne du monde.

Match pour la 3e place : Afrique du Sud 40 v 30 Nouvelle-Zélande

Une fois la Nouvelle-Zélande a terminé à la 5e place. Et la dernière fois que les Baby Blacks ont fini à la 4e place, c'était en 2016. Un mauvais souvenir gommé par l'obtention du titre l'année suivante. Les montagnes russes, ils connaissent. Et surtout face à l'Afrique du Sud que les Blacks ont battu quatre fois en cinq rencontres.

Dès le couop d'envoi, les Baby Boks activent et Tyrone Green profite d'un lobe de Kaleb Trask sur Billy Proctor pour s'emparer de la balle et filer à l'essai (7-0). La réponse est du tac au tac avec le demi de mêlée Jay Renton qui aplatit après une remise en jeu (7-7). Après une pénalité de Plummer, l'Afrique du Sud est contrée. Un ballon qui coûte cher puisque le même Plummer file à l'essai dans le coin gauche. Trois minutes plus tard, les Boks se font plus dangereux sur la ligne noire et Sanzi Sandi, sous des couches de joueurs, parvient à passer le bras et poser le ballon sur la ligne (14-15). Trois points à 50 mètres de la part de Harry Plummer à la 24e s'ajoutent à un essai de Waimana Riedlinger-Kapa à la demi-heure de jeu, après une action collective ryhmée par Xavier Roe, tout juste rentré à la place de Renton (14-25). Alors que les Sud-Africains resserrent les rangs, les Blacks ont du mal à passer la ligne médiane et rentrent au vestiaire avec un avantage de 11 points. On en est à 50 plaquages de part et d'autre.

A la reprise, les Baby Boks gardent le ballon et, comme face aux Bleuets, la Nouvelle-Zélande n'a pas de munitions. Deux essais coup sur coup – un essai en force et une réalisation de Simelane – placent les Sud-Africains 33-25. Nouvel essai de Lombard à la 76e (40-25) avant une ultime action des Blacks dans les derniers instants : une superbe diagonale au pied de Trask dans les 22 mètres pour Clarke qui devance son défenseur pour capter le ballon et marquer, après la sirène, entre les perches. La transformation en drop de Plummer de 10 mètres face aux perches... ne passe pas. L'Afrique du Sud termine sur la troisième marche du podium (40-30).

Match pour la 5e place : Argentine 15 v 41 Australie

Avant le coup d'envoi de la rencontre, los Pumitas menaient deux victoires à une en Championnat du Monde des Moins de 20 ans contre l'Australie. Les deux équipes voulaient terminer au meilleur classement possible.

C'est l'Australie qui donne le go par le deuxième-ligne Harrison Hockings après 18 phases de jeu intensives où les Junior Wallabies auront gratté chaque centimètre chèrement défendus par les Argentins (0-7). A une possession de 80-20, l'Australie a clairement la main sur le ballon. Profitant d'une pénalité, De la Vega Mendia décide de la jouer très vite, tape à l'opposé du terrain où Mateo Carreras est à la réception. Surprise, la défense australienne n'a pas le temps de s'organiser et le laisse égaliser (7-7). Un essai de Efitusi Maafu au sortir d'un groupé-pénétrant puis une pénalité permettent à l'Australie de garder la main sur le match à la pause (7-17).

Malgré une pénalité et un essai du troisième-ligne Santiago Grondona, les Argentins ont du mal à revenir et subissent les coups des Junior Wallabies : un essai de Thomas Ross (56e), puis de Mackenzie Hansen (77e) et enfin sur le gong de Isaac Lucas scellent le score (15-41). Après 162 passes (contre 121), 556 mètres parcourus (contre 433), 20 offloads (contre 12) et 6 franchissements (contre 4), les Australiens terminent à la cinquième place.

Match pour la 7e place : Pays de Galles 34 v 17 Italie

Le score a été ouvert par les Gallois à la 3e minute du match par une pénalité de Cai Evans. Une première d'une longue série... Si Antonio Rizzi sauve un essai, le Gallois Ryan Conbeer réussit à aplatir à la 11e. Rhys Carre écope d'un carton jaune et Giovanni D'Onofrio, profitant d'un trou en défense, file marquer un essai. A la demi-heure de jeu, le Pays de Galles a clairement la domination sur la rencontre, ayant remporté le double de rucks que l'Italie (40). Dan Davis creuse l'écart quelques minutes plus tard avant que Lodovico Manni puis Michele Mancini n'écopent d'un carton jaune (17-7). L'Italie se fait pénaliser plus durement une dernière fois avant la pause sur sa mêlée, les Gallois gagnant un essai de pénalité (24-7).

Le début de la seconde période est à l'image de la fin de la première. Au retour des vestiaires, c'est un troisième joueur italien, Danilo Fischetti, qui écope d'un carton, juste avant que Manni ne revienne sur le terrain. Après une pénalité de Cai Evans, Niccolo Taddia passe la ligne pour un essai italien qui n'est pas transformé. Max Llewellyn passera encore un essai à la 67e qui sera transformé par Cai Evans tandis que les Italiens n'iront pas plus loin après un troisième essai par Guido Romano à la 74e (34-17).

Match pour la 9e place : Ecosse 31 v 39 Géorgie

Dès l'entame de la rencontre, la Géorgie a fait ce qu'elle sait faire de mieux : un maul de titan, le camion lancé à pleine vitesse pour le pilier Japaridze (0-5). Du coup, les Ecossais répondent du même coup par les mêmes armes et cette fois c'est Smith qui aplatit (5-5). La tension est palpable et chaque campa veut montrer ses muscles... jusqu'à accepter l'expulsion. Suite à une pénalité, l'Ecosse relance et le balle atterrit très vite dans les mains de l'ailier Logan Trotter qui slalome gentiment avant de scorer (12-5). Là aussi la réponse géorgienne ne se fait pas attendre avec Marjanishvili qui profite d'une passe de Svanidze pour plonger en coin (12-12). Avant la pause, les Géorgiens héritent d'une pénalité à cinq mètres de la ligne écossaise. Ils décident de la jouer à la main, mais Trotter a senti le coup venir, intercepte la balle et court jusqu'à marquer (19-12).

Au retour, il suffit de deux minutes pour que les Géorgiens reviennent au score avec Tengiz Gigolashvili (19-19). Tout Baby Lelos qu'ils sont, ils n'en sont pas moins puissants à l'image du pilier remplaçant Gogichashvili qui perce la défense (19-29). Un doublé de Marjanishvili (19-36) ne suffit pas à doucher les espoirs de l'Ecosse qui marque à huit minutes du terme par Rowe (24-36). Quatre minutes plus tard, un nouvel essai du troisième-ligne Miller met les Ecossais à cinq points des Géorgiens (31-36) avant que l'ouvreur Abzhandadze ne passe une pénalité à 35 mètres et donne la victoire définitive à la Géorgie (31-39). Par ce résultat, la Géorgie termine 9e, le meilleur finish de son histoire en Championnat du Monde des Moins de 20 ans ; ils n'avaient alors jamais fait mieux que deux fois 10e.

Match pour la 11e place : Irlande 39 v 33 Japon

Les Irlandais voulaient éviter leur relégation sur ce match face à des Japonais qui jouaient le yoyo entre Trophy et Championnat du Monde ces dernières années. Très vite, l'Irlande a mis la pression et affichait trois essais à un à la pause (22-12). Mais surtout, des stats très contrastés comme les 498 mètres parcourus à comparer aux 62 des Baby Blossoms qui, du reste, ont dû nettement plus plaquer : 74 plaquages contre 18 seulement côté irlandais. Autant dire que le combat était là avec un jeu en faveur de l'Irlande. Au quart d'heure de jeu, les hommes de Noel McNamara menaient déjà de 12 points, mais Tsugayama a permis aux siens de revenir à hauteur à la 24e (12-12) avant que les Irlandais ne se détachent avant la pause.

Fortement pénalisés, les Blossoms ne peuvent qu'encaisser des pénalités (31-12 à la 50e). Visiblement fatigués, ils n'abdiquent pas pour autant et avant l'heure de jeu envoient leur ailier Fifita par deux fois derrière les perches (31-26). Les Japonais pillonnent et pensent avoir repris le cours du match. A six minutes de la fin, un point seulement sépare les deux équipes grâce à un essai de Vailea qui s'offre un doublé. Mais à moins de deux minutes du terme, les Irlandais seront plus réalistes par O'Brien qui aplatit en coin (39-33). Malgré les derniers 19 temps de jeu, les Japonais ne parviennent pas à reprendre le dessus. Alors que l'Irlande a sauvé sa peau, le Japon est relégué en Trophy.