Avant de parler du match, si on débriefait la nuit ?
On a passé le début de soirée tous ensemble, staff et joueurs. Ces derniers ont ensuite été très sages, ils étaient au pub, à 10 mètres de notre restaurant, où ils ont regardé le match Irlande-pays de Galles qui était rediffusé. Une soirée studieuse !
Après un début de compétition difficile, cela vous fait quoi d'être ici aujourd'hui ?
Je suis satisfait. (Aux journalistes anglo-saxons qui s'étonnent de la brièveté de la réponse). On m'a dit de faire court, c'est pour ça.
Après trois mois de préparation, n'avez-vous pas eu l'impression que la journée du match contre les Tonga a été la plus riche finalement ?
Elle a compté, c'est sûr. Je me souviens des mots que j'ai eus avant le match contre le All Blacks, j'avais dit qu'on était capables de les battre puis de faire un match dégueulasse contre les Tonga. Je ne me suis trompé qu'à moitié. Pour l'équipe de France, l'histoire se répète souvent entre performances et désillusions.
Justement, vous étiez de la demi-finale historique de 1999, suivie par une finale décevante. Quels sont les pièges à éviter ?
Il ne faut pas rester sur la satisfaction. Le risque, c'est de ne pas digérer son match. Le risque, c'est de passer sa semaine à recevoir des félicitations. De voir des agents qui vont vous promettre monts et merveilles. Des médias qu'il faut satisfaire. De se croire de super joueurs de rugby alors qu'hier, c'était les mêmes joueurs qu'à Wellington face aux Tonga, mais avec une grosse paire en plus !
On parlait de déficit de confiance pour cette équipe de France. Après le match d'hier soir, ce n'est plus un problème ?
Il ne faut pas passer d'un extrême à l'autre. Peut-être était-ce un déficit de confiance. Peut-être une mauvaise perception de l'événement. Derrière chaque match qu'elle a gagné aux forceps après qu'ont été actionnés les leviers de l'orgueil ou de la colère, l'équipe de France a échoué. Je l'ai dit, il reste à cette équipe à écrire sa propre histoire.
On a vu aussi que chaque fois qu'une équipe qui avait accompli un exploit était reconduite, cela s'avérait une erreur...
Je parlais de leviers, il est certain que ceux à actionner dans la semaine qui vient ne seront pas les mêmes qu'après les Tonga. Je vais peut-être changer tout l'équipe et faire jouer les frustrés (rires) !
Vous allez vous appuyer sur ce qui a fonctionné ou au contraire ce qui n'a pas été parfait ?
Je passe pour quelqu'un d'assez, voire trop, exigeant (sourires). J'ai plutôt tendance à montrer le pire à mes joueurs. Et pour en finir avec les fameux leviers, je pense qu'il y en aura deux principaux. D'abord les approximations de la deuxième mi-temps. Et puis les matches des Gallois, que je trouve excellents et en pleine forme. Ils jouent un rugby très complet. J'ai été impressionné par leur maîtrise des Irlandais, pourtant en forme eux aussi. Les Gallois pratiquent grosso modo le même rugby qu'il y a trois ans mais leurs avants sont plus mobiles et restent très courageux. Ils ont une très belle ligne de trois quarts avec le meilleur centre de la compétition, Jamie Roberts. J'aime leur troisième ligne et aussi leur grand deuxième ligne, Charteris. Ils sont pleins de confiance, ils sont sortis de la poule la plus dure et auraient mérité de battre l'Afrique du Sud.
Des Gallois qui partageront pour une nuit le même hôtel que vous !
Oui, on les a croisés. Pour des Gallois, ils avaient l'air assez frais au lendemain d'une victoire, je les ai trouvés pas trop mal (sourires). C'est plus sympa de se croiser ici qu'à l'aéroport pour le retour au pays !
Et sinon, vous allez garder la moustache ?
Je suis obligé ! Au petit jeu des paris débiles, j'en ai d'ailleurs fait un autre…
Ce sera quoi cette fois ?
Vous verrez en début de semaine. Mais je vous rassure : ni tatouage, ni piercing !
RNS okm/bd