L'entraîneur de l'équipe féminine d'Espagne, José Antonio Barrio, se souvient parfaitement du moment où les filles se sont qualifiées pour les Jeux Olympiques de Rio 2016. C'était au terme d'un éprouvant tournoi de repêchage à Dublin à la fin du mois de juin. L'Espagne menait alors 19-12 face à la Russie lorsque les Russes ont perdu le ballon et qu'une mêlée fut ordonnée.
« C'était un sentiment incroyable », se souvient José Antonio Barrio. « Une immense joie pour saluer l'énorme effort fait par les filles. Le rugby a ceci de particulier qu'il vous rend au centuple tous vos efforts. En ce sens, le rugby est fair et gagner ces repêchages pour Rio en est l'illustration. »
A ce moment, la capitaine Elisabet Martínez, qui venait d'être remplacée quelques minutes auparavant, a un souvenir un peu différent de celui du coach. « Je savais que nous allions remporter ce match contre la Russie et partir à Rio dès l'échauffement, juste avant la rencontre », dit-elle. « Je l'ai vu sur le visage de mes coéquipières, j'ai vu leur détermination, leur envie de gagner, leur regard. A cet instant je savais que c'était plié. »
PASSION: Find out what Olympic qualification means to Spain's Pablo Feijoo in this post-match interview! #RoadtoRiohttps://t.co/aFLEE0yrkI
— World Rugby Sevens (@WorldRugby7s) 29 juin 2016
Larmes de joie
« Après le match j'ai pleuré ; plus que Pablo Feijoo », reprend-elle en souriant en se rappelant les larmes des garçons une semaine auparavant au tournoi de repêchage de Monaco. « Après la victoire, j'ai embrassé chacune des filles, mes amis et ma famille qui sont venus nous soutenir à Dublin. »
Barrio pense que son équipe a atteint « son meilleur niveau au bon moment lorsque nous avons adapté notre préparation » juste après les HSBC World Rugby Women’s Sevens Series où l'Espagne a fini par deux fois en quart de finale de Cup à Langford et à Clermont-Ferrand avant de terminer à la 9e place du classement final.
« Mentalement, nous étions prêts tout au long de la semaine. Les filles ont vraiment très bien joué et même si nous étions concentrés sur la Russie et l'Irlande, nous savions que le dimanche un seul match raté pouvait ruiner tous nos espoirs », se souvient le coach. Il ne leur restait alors plus qu'un petit mois pour se préparer à l'échéance olympique.
Un aboutissement
« La semaine après le tournoi de Dublin, une semaine de repos en fait, était assez étrange avec tout un tas d'obigations médiatiques », se rappelle Martinez. « J'ai pu faire comprendre quel avait été le prix de tous nos efforts et montrer aux gens ce que nous faisions. Ca ne peut qu'aider à promouvoir le rugby. »
De retour au boulot, l'équipe a passé quelques jours à Madrid, puis à Getxo, dans le Pays basque. Avant de s'envoler pour Rio, elles devaient reconstituer les conditions climatiques humides et chaudes qu'elles trouveront aux Jeux.
Leur récente bonne performance les a mis en confiance et Barrio pense sincèrement que son équipe a de quoi se qualifier pour les quarts de finale, puis terminer, au moins, dans le Top 8. « Notre équipe sera difficile à battre », promet-il. « La France et la Nouvelle-Zélande seront deux équipes rugueuses et je suis sûr que le Kenya aura gagné en puissance après avoir joué à Clermont. »
Un tremplin pour le développement
Entraîneur et capitaine comprennent très bien tous les deux l'importance de représenter le 7 sur la scène olympique peut apporter dans la croissance du jeu en Espagne. « Ce sera un tournant pour le rugby en Espagne car tout le monde suit les Jeux Olympiques, tout le monde soutient et s'intéresse aux sports les moins connus », explique Barrio. « Nous sommes convaincus que le rugby sera l'un des sports les plus en vue des Jeux et que ce sera un superbe tremplin pour son développement en Espagne. »
Le tirage au sort a voulu que ce soit l'Espagne, contre son meilleur ennemi la France, qui dispute le tout premier match de l'histoire des JO au Deodoro Stadium le 6 août. « Ouvrir ainsi les Jeux est une chose incroyable, une entrée dans l'histoire », estime Martinez. « Avoir une telle opportunité est un honneur qui nous rend très heureuses et nous anime d'un destin supplémentaire. »
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Photo: INPHO/Dan Sheridan