Frédéric, quel est le programme de l'équipe de France d'ici au début des épreuves ?
« Cette semaine est une semaine coupée en deux avec le voyage au milieu. Le début on va remettre un pic physique qui sera le dernier coup de marteau ; un coup qui est à la fois suffisamment proche et suffisamment loin de la compétition pour qu'on puisse à nouveau se remettre un petit pic. Avec l'arrivée à Rio, on va essayer de solder un peu le village et l'événement, pour qu'on puisse aborder la dernière partie très sereinement sans être dans l'émotion et sans être spectateur comme nous l'ont conseillé beaucoup d'athlètes qui sont passés par là avant nous. Ensuite il restera huit jours qui est notre phase d'affûtage que l'on a testé en début de saison, qui réduit la charge tout en conservant l'intensité. On se mettra dans notre bulle, comme on le fait lorsqu'on est en compétition à l'étranger. »
Comment sentez-vous vos joueurs à 10 jours du début des JO ? "Il vaut mieux avoir trop d'énergie et être capable de la canaliser plutôt que d'être un peu apathique. Maintenant on est tous impatients de partir et d'en découdre."
« On en a discuté avec le staff et chacun a son ressenti. Et comme toujours, je ne pense pas comme les autres (rires). Mes collègues les trouvent un peu euphoriques, énervés, pas trop centrés sur la tâche mais plutôt sur les à-côtés. Pour moi au contraire, j'ai trouvé les entraînements assez pulsés, concentrés ; j'ai bien aimé. Et comme il n'y a que le terrain qui m'intéresse vraiment, même si les à-côtés sont très importants et on va y faire très attention, j'ai vu du pétillant. Et quand je vois du pétillant, je suis content ! Il vaut mieux avoir trop d'énergie et d'être capable de la canaliser plutôt que d'être un peu apathique. Maintenant on est tous impatients de partir et d'en découdre. Après, il va falloir être raisonnable et ne pas laisser trop de jus sur les à-côtés. »
Est-ce que la participation aux tournois européens à Londres et Exeter, pendant la préparation, étaient suffisant en termes d'opposition ?
« Ce que je sais, c'est que j'avais discuté avec les Anglais et eux en avaient fait trois et c'est trop. Je suis plutôt satisfait. Exeter seul n'aurait peut-être pas suffit. Londres a servi à beaucoup de joueurs à se remettre dans le coup. Sincèrement, avec le recul, je pense que c'est bien ; on l'a plutôt bien placé. Le volume suffisait. Le petit bémol que je mettrais effectivement, c'est qu'on n'a eu qu'un match véritablement d'intensité forte qui ressemble à ce qu'on aura à Rio ; la finale Grande-Bretagne v France, même si on la perd. C'est vrai que c'était un peu léger, mais c'était difficile à prévoir. Nos amis britanniques étaient comme nous.
Je pense qu'il y a un petit pourcentage de moins dans la tête des joueurs qui sont sûrs de partir, de l'euphorie et de l'excitation sur d'autres qui ne sont pas sûrs et veulent absolument faire leurs preuves. Donc, c'est très difficile de gérer ces oppositions-là et ça donne des choses un peu décousues. Ceci explique qu'on n'ait pas eu de matches de grande qualité.
"A Londres et Exeter, tout le monde avait quelque chose à aller chercher, soit leur place dans le groupe, soit du rythme et de la compétition à retrouver."
On a l'impression que ces tournois étaient aussi une opportunité d'arrêter un choix définitif sur Sofiane Guitoune et Vincent Inigo, entre autres.
« Il y avait plusieurs objectifs à jouer Londres et Exeter. Et effectivement, ils étaient assez différents en fonction du statut des joueurs. Il y en avaient qu'on était sûrs d'emmener et ces tournois faisaient partie de leur plan de charge car il était inconcevable de faire huit semaines d'entraînement pour se préparer à la compétition sans à un moment être dans le schéma de la compétition ; c'est risqué. Ensuite il y avait un autre lot de joueurs pour qui la décision était encore en suspens ; ça concernait des joueurs qui avaient très peu joué dans la saison et on avait besoin d'avoir une photo à trois semaines des Jeux. Et effectivement ils n'étaient pas très nombreux dans ce lot.
Mais ça ne veut pas dire que Londres et Exeter n'étaient pas importants car tout le monde avait quelque chose à aller chercher là-bas, soit leur place dans le groupe, soit du rythme et de la compétition à retrouver. »
Est-ce que vous gardez Jean-Pascal Barraque et Arthur Retière au frais pour la saison prochaine du coup ?
« Jean-Pascal a signé avec nous, mais malheureusement je pense qu'il n'a pas réussi à s'exprimer à 100% de ses moyens, notamment lors de la compétition d'Exeter. On n'a pas pu voir tout ce qu'il était capable de faire. Mais à moyen terme je suis très content qu'il ait signé avec nous car c'est un joueur qui a de la patte, qui a du pied, qui a l'oeil, qui a de l'envie de jouer et qui va vraiment apporter quelque chose de sympa à l'équipe de France. On ne l'a pas choisi momentanément, mais on l'utilisera évidemment la saison prochaine.
Arthur a signé avec La Rochelle, donc ça va être un peu plus compliqué. C'est un excellent joueur et j'espère qu'il aura du temps de jeu car c'est ce dont il a besoin pour accumuler de l'expérience. J'aimerais aussi que dans le futur il s'investisse. Je pense que c'est un garçon qui pourra être un des leaders de la génération 2020. Il n'est déjà pas passé loin de venir avec nous. Il avait été excellent cet hiver mais malheureusement il n'a pas reproduit cette performance-là dans une concurrence au poste qui est assez relevée. Arthur n'a pu s'exprimer complètement. Pour moi il reste un joueur d'avenir pour l'équipe de France à 7, même s'il a plutôt le cœur quinziste en ce moment. J'espère qu'il réalisera des sommets dans les deux disciplines car aujourd'hui c'est possible ; Virimi (Vakatawa, ndlr) l'a montré. »